
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
t maître : nous devons voir fi notre confrère Arnoulpeut
A n . f e pUrg er des crimes dont on le charge , particulièrement
de celui de le ze -m a je ilé , Car la honte de cette
trahifon retombe fur nous tous. Si les évêques, dit-on,
fe gouvernent par de juiles loix , & s’ils font fideles à
leur p r in ce , que ne p u n iifen t-ils , félon leurs loix , un
homme fi coupab leíOn vo it bien qu’ils veulent s’attri-
buer 1 impunité. Dieu nous garde, mes freres, de tels
fentimens, & de vouloir defendre ou condamner per-
fonne contre les lo ix . Ecoutons ceux qui fçavent comment
la chofe s’eit palfée, ou qui ont quelque plainte à
faire : puis aïant oiii les parties, nous jugerons félon les
canons.
». j. Alors Seguin archevêque de Sens,dit:Je ne fouffriraî
point que l'on examine la caufe d’un évêque accufé de
leze-majeilé,fi on ne promet de l ’exempter du fupplice
sup> i *xxvîi. n. en cas qu il foit convaincu. Sur quoi il fit lire le trente
&c unième canon du quatrième concile de Tolede , qui
defend aux eveques, fous peine dedépofition,de prendre
connoiiTance du crime de leze-majeilé , par ordre
du prince, s’il ne promet de faire grâce du fupplice,c’e il,
a-dire, de la vie. Dabert archeveque de Bourges appuïa
cet avis. M ais , dit Hervé évêque de Beauvais, prenez
garde de donner occafion aux feculiers, de ne pas attendre
les jugemens ecclefiailiques, & de nous traîner à
leurs tribunaux. Car ils ne fouffriront pas que les crimes
demeurent impunis,
xxii. Brunon eveque de Langres, dit : Perionne n’eilplus
intereiTé que moi en cette affaire. C ’eil-moi qui en re-
~ Çois plus de reproches. On dit que j’ai précipité A r -
noul dans ces m alheurs, parce que contre l ’avis de tous
les gens de bien je me fuis rendu fa c a u tio n , tant j’aT
L i v r é c i n q u a n t e - s e p t i e’m e . 1 63
vois d'obligation au roi Lothaire, tant j’étois touché de
la parenté. Et quoique je fçuife qu’Arnoul avoitfurpris
Laon , & étoit l’auteur de toute la faétion , j’eifaïai
de le ramener à fort d evoir,en lui procurant cette dignité,
c’eil-à -d ire ,l’archevêché de R eims. Mais yoïez comme
il m’a rendu le mal pour le bien. Par fa prifon feinte
il a fait véritablement p rifonniers,le comteGilbert mon
frere unique , le comte Guy mon coufin , & les autres
dont l ’amitié me faifoit honneur : il m’a laiifé en péril
de m or t, & a encore l ’impudence de nier ce qu’on ne
peut cacher. Il e il certain qu’il s’e il obligé par ferment
en prefence des év êques, du clergé Si du peuple , de
fervir les rois félon fon pouvoir contre Charles : de ne
donner aucun fecours à leurs ennemis, & de ne violer
ce ferment pour aucun ferment précèdent. Charlesn’é-
toit-il pas ennemi, lui quis’efforçoit d’envahir le roïau-
me ? Roger & Manaifés n’étoient-ils pas ennemis, eux
qui avoient pris à main armée fon clergé & fon peuple
dans fon églife ? Il en a fait fes confidens & les premiers
de fes amis : il les a enrichis des biens de ceux qui
l ’avoient élû & fait archevêque.
Godefman évêque d’Amiens pria Brunon de s’expli- c
quer , fur ce qui avoit été dit du péril de fe rendre coupable
du fang d’A rn o u l, fi on le condatnnoir. Brunon
répondit : J’ai encore une raifon particulière de l ’éparg
n e r , que vous taifez par difcrejion , c’eil qu’il eil fils
du roi Lothaire mon oncle. Il conclut qu’il falloit examiner
le procès ; & qu’il feroit aifé d’obtenir grâce
des princes pour éviter l’efFuiîon du fang. Q u ’on faife
donc entrer , ajouta-1 i l , le prêtre qui a ouvert les
portes de R e im s , & qu’il dife comment la chofe s’eil