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4 0 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
roi Henri fit appeller M e in v e rc , & en foûriant il lui
donna un g a n t , ôc lui d it : Prenez. Que prendrai-je ,
répondit Meinverc? L’évêché de P ad e rb o rn ,re ç r itle
roi. Le chapellain répondit : Que me d o itc e t évêche ?
j'a i aflez de bien pour en fonder un meilleur. C ’eft ce
que je confidere, dit le r o i, ôc je defireque vous fub-
v e n ie z à la pauvreté de cette églife. Il répondit g a ie ment
; Je l’accepte à cette condition ; ôc fut facrépar
V illig ife archevêque de Mayence fon m étropolitain ,
aflîfté des évêques qui fe trouvèrent prefens. Si-tô t
qu’ il eût pris p o fle flîon, il commença à rebâtir magnifiquement
dès les fondemens fa cathédrale , que les
barbares avoient ruinée : ôc pour réparer la pauvreté de
fon é g life , il obtint du R o i Henri plufieursbienfaits,
tant en terres qu’autrement. Il fit aulfi donner a fon
é g life , par plufieurs feigneurs, pardesecclefiaftiques,
ôc par divers particuliers, un fi grand nombre de fonds
de terres, qu’il y a dequoi s’étonner de la dévotion du
peuple, ôc de l’induftrie de l’évêque. Elle n’étoit pas
moindre pour con fe rv e r , que pour acquérir : il avoit
foin que les fe r fs ,q u i cu ltiv o ien t ces terres , ne manq
u a ie n t de rien: ch â tio itle sp a re ffeu x , ôcrécompen-
ioit ceux qu’il trouvoit laborieux ôc fideles. Il vifito it
fon diocefe avec tant de fo in , que quelquefois il alloit
feul par les v illa g e s , déguiié en marchand ,pour con-
noître mieux l’état des peuples. Il eut grand foin des
études ôc de l ’Inftru&fon de la jeunefle : enforte que
fous Imade fon neveu ôc fon fuccefleur, l’école de P aderborn
fut très-floriiTante. On y apprenoit les fept arts
lib é rau x , on y étudioit les poètes , ôc les hiftoriens,
on s’appliquoic à bien écrire ôc à peindre.De cette école
fortirent Annon a rchevêque de C o lo g n e , Frideric de
Mayence,
L i v r e c i n q u a n t e - h u i t i e ’m e ; 409
M a y en c e , Altman de Paffau, ôc plufieurs autres. Saint A n . 1 oui.
M einve rc gouverna vin g t-fep t ans l’églife de Paderb
orn, ôc mourut l’an 1036 le famedi de la Pentecôte
cinquième de Juin.
L'année 10 16. les Sarafins venant par mer en Italie, xnn.
prirent L u n e en T o fc a n e , chaiferentl’évêque ôc feren- poire klsJa-
direntmaîtres du pais. Le pape Benoît l’aïant appris , f“ s’
rC i l 1 / a ! 1 1 1 / r r 1 / * f , Ditm• lih. 7»
aiiembla tous les eveques ôclesdefenfeurs des c g liie s , p. ¡>*.
ôc leur ordonna de venir avec lui attaquerles ennemis;
eiperant avec l’aide de Dieu les mettre à mort. En même
temsil en voïa fecrerement une grande multitude
débarqués, pour leur couper le chemin à leur retour.
Le roi des Sarafins s’en étant apperçu , fe iauva avec
peu de fu ite ; fes troupes s’aifemblerent, ôc d’abord eurent
grand avantage fur les C h ré tien s , trois jours durant
: enfin ils prirent la fuite, ôc furent tous tuez, juf-
q u ’au dernier ; enforte que les Chrétiens ne pouvoient
compter le nombre des m or ts , ni la quantité du butin.
Leur reine fu tp r ife , ôc pour punir fon audace, eut la
tête coupée : le pape prit pour lui l’ornement d’or ôc
de pierreries, qu’elle porroit fur fa tê te ; ôc envoïa à
l ’empereur fa part du b u tin , eftimée mille livres. A-
pres le partage du b u t in , le sCh ré tiens victorieux s’en
retournèrent chacun chez eux rendre grâces à Dieu. L e
roi des Sarafins irrité de la mort de fa femme , Ôc de
la perte de fes troupes , en voïa au pape un fac plein
de châtaignes; ôc lui fit dire p a r le porteur , que l’été
fuivant il lui ameneroit autant de foldats. Le pape lui
en voïa un petit fac plein de millet , en difant : que s’il
n etoit pas content du tort qu’il avoit fait au patrimoine
de S. Pie rre, il v in t une fécondé fo is , ôc qu’il trouveroit
autant ou plus de gens armez. ■
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