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avoi t perdu la parole lôrfqu’il avoit entrepris fa défen-
iè , demandant pardon au concile d’avoir celé ce miracle
jufques alors. Le pape fut attendri jufques aux larmes
, & dit : Saint Remi v it encore. A lors par fon ordre
tous iè levèrent, 8c allèrent avec lui chanter l’antienne
de faïnt Remi profterhez devant fon fepulcre.
L ’évêque de Coutance confeifa qu’à fon infçû Un
■de fes freres lui avoit acheté l’évêché 5 & ajouta que
l ’ayant içû , il avo it voulu s’enfuir , pour n’être pas
ordonné contre les régies ; mais que fon frere l’ayant
pris de fo r c e , l’avoit fait ordonner évêque malgré
lui. O n lui ordonna de l’affirmer par ferment, ce qu’il
ne refuià pas 5 & on jugea qu’il n’étoit point coupable
de fimonie. L ’évêque de Nantes déclara que fon
pere étant évêque de la même ville , lui avoit donné
l ’évêchê de fon v iv an t, & qu’après là mort il lui avoit
fiiccedé moyennant de l’argent. C ’eil pourquoi par le
jugement du concile il fut privé des fonctions épiico-
pa le s, en lui ôtant l’anneau & la croflè ; & on lui laifi-
là feulement les fonctions de prêtre , à la priere des
évêques.
Enfin le pape exhorta les archevêques prefens à déclarer
publiquement s’ils connoiffoient quelqu’un de
leurs fuffragans coupablesde:fimonie. Ils dirent qu’ils
n’en avoient aucune connoifîance j 8c on parla des
évêques , qui étant invitez au concile , n’y avoient
pas vou lu venir,& n’avoient point envoyéd’excufè par
écrit. C ’eit pourquoi après avoir fait lire les autoritez
des pères, on les excommunia, avectous ceux qui craignant
la venue du pape avoient fuivi le roi à la guerre
; 8c nommément l’archevêque de Sens, & les évêques
de Beauvais & d’Amiens. O n excommunia-en-
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core l’abbé de iàint Medard, qui s’étoit retiré du con- ~
cile fans congé ; 8c l’archevêque de faint Jacques en G a- An
lic e , qui s’attribuoit le titre d’A p o itô liq ue , refervé au s-■
pape.
Enfuite on fit douze canons, pour renouveller les
décrets des peres, méprifcz depuis long-tems ; & on
condamna fous peine d’anathême , plufieurs abus qui
avoient cours dans l’églifeGallicane. C ’étoit ceux dont
le promoteur s’étoit plaint dès l’entrée du concile , en- €‘
tre autres les promotions, d’évêques, iàns élection du
clergé & du peuple. O n y ajouta la deffenfe de rien exiger
pour la fepulture, lebaptême, l ’euchariffie ou la v i -
fite des malades, & dèprendre des ufures. Et parce qu’il
s’élevoit de nouveaux hérétiques dans les Gaules, le A
concile les excommunia , avec ceux qui. reeevroient
d’eux quelque fervice, ou qui leur donneroientprotection.
II. excommunia quelques feigneurs laïques en particulier,
iàvoir les comtes Engelrai & Euftach c, pour
incefte : 8c Hugues de Braine, qui ayant quitté fa femme
légitimé, en avoit époufe une autre. Il deffendit à
Baudoüin, comte de Flandres, de donner ià fille en mariage
à Guillaume', duc de Normandie, & à ce duc de '
la recevoir. Il cita le comte Thibaud, parce qu’il avoit
quitté fa femme. Il cita G e o f r o i, comte d’A n jo u , au
concile qui iè tiendrait à Mayence, pour y être excommunie,
s’il ne relâchoit Gervais évêque du.Mans, qu’ il
tenoit- en prifon. Enfin il excommunia ceux dont le
clergé deCompiegneavoit fait fa plainte; & quiconque
apporterait quelque empêchement à ceux qui retourneraient
du concile , que le pape congédia:, eu
donnant là benediétion.
Le lendemain dixième jour d’O é f o b r e i l vint au