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M a j .
X X X V .
Monafteres reformez
par faint
Mayeul.
Elog. c. 6. p. 773'
c. 9. 785.
188 H i s t o i r e Ec c l e s i a s t i q u e .
funérailles, & fit de grands prefens à fon tombeau, où
il fe fit quantité de miracles : depuis on y dreffa un autel
, & on leva le corps. L’églife honore fa mémoire le
jour de fa mort.
Saint Mayeul fervit utilement l’é g life , par le grand
nombre de fes difciples &c des monafteres où il rétablit
l’obfervance ; & ce fut pour cet effet qui l profita de l’amitié
des princes & des feigneurs. Car il fut chéri particulièrement
de l’empereur O tton,de l’imperatrice Ade-
leïde & d’Otton II . leur fils ; de Conrad roi de Bourgogne
frere de cette impératrice &c de Mathilde fa femme
; de Henri duc de Bourgogne , de Guillaume duc
d’Aquitaine & de Richard duc de Normandie ; des
princes d’I ta lie , de Guillaume duc de Provence, &
d’Archambauld feigneur de B o u rb o n , bienfaiteur de
Souvigny. L ’empereur O tton le grand, mit fous la d if-
pofition de faint Mayeul les monafteres qui lui étoienc
fournis comme roïaux , tant en Italie qu’en Germanie.
En Ita lie , il reforma le monaftere de faint Apollinaire
près de Ra v en n e , celui du C ie l-d ’or près de Pavie &
de faint Paul à Rome. En France, il rétablit l’obfervance
à Marmoutier, à faint Germain d’Au x e rre , à faint
Benigne de Dijon ,-à Fefcam, à faint Maur des foffez.
Ses quatre principaux difciples furent Odilon fon fuc-
ceiTeur , Guillaume de D ijo n , Teuton de faint Maur
& H e ld r icd ’Auxerre. C e dernier aïant vécu à la cour
du grand O tton en Ita lie , quitta fa femme & fes grands
biens pour fe rendre moine à C lu gn y -, enfuite Henri
duc de Bourgogne frere de Hugues C a p e t , donna a
faint Mayeul l’abbaïe de faint Germain d’Au x e rre , qui
depuis long-temps étoit fans a b b é , gouvernée par des
prévôts. L ’aïant réformée, il y mit Heldric pour abbé
L i v r e c i n qjj a n t e - s e p t i e’m e . 189
î ’an 989. fa vertu le fit aimer chèrement du duc Henri
& de Hebert évêque d’Auxerre fon frere, fils naturel
de Hugues le grand.
C e fut auifi Bouchard comte de Paris, qui procura
la réforme du monaftere de S. Maur. Mainard qui en cm.
étoit alors abbé, étoit un homme de qualité, qui me-
noit une vie très-feculiere. Il étoit fort adonné à la chaf-
f e , & quand il fo r to it, il quittoit l’habit monaftique,
pour prendre des fourrures de grand p r ix , & un riche
habillement de tête. Ses moines fuivoient fon exemple.
Un d’eux toutefois nommé A d ic , touché de ce
fcandale , alla fecretement trouver le comte Bouchard,
& le pria d’y remedier : le comte s’adreifa au roi H u gues
, Sc lui demanda cette àbbaïe, qui étoit roïale ,
feulement pour la réformer. L ’aïant obtenue, il alla à
G iu g n i , & pria inftamment faint Mayeul de venir rétablir
ce monaftere. Le faint abbé lui répondit : Vous
avez dans votre roïaume tant de monafteres, que n’y
cherchez-vous le fecours que vous d e fîre z , plutôt que
de venir chercher fi loin des inconnus comme nous ?
G eft que Giugni étoit dans le roïaume de B ou rgogne ,
& que la différence des dominations rendoit le commerce
difficile.
Saint Mayeul toutefois fe laiffa vaincre auxinftances
du comte, qui fe jetta plufîeurs fois à fes pieds, & enfin
il le fu iv it avec les plus parfaits de fes moines. Quand
ils furent arrivez fur la Marne près de S. Maur, le cornee
ordonna a toute la communauté de le venir trouver
au de-la de la riviere r ils obéirent fans fe douter de
rien , & il leur d i t , que ceux qui vouloient demeurer
avec 1 abbe M a y eu l, & fe foumettre à lu i, pouvoient
retourner au monaftere ; niais qne ceux qui le refufe-
O o ij