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V i t a Ci 1 .
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Otton roi de
manie.
iS H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
vêque U n n i étant mort deux mois après, elle obtint pour
lui du roi Otton fon fils l’archevêché deBreme. Elle fit
porter le corps du roi Henri à Quedlimbourg près
d’Halberftat où elle avoit réfolu avec lui de fonder un
monaftere de filles, ce qu’elle exécuta incontinent. C ’é-
toient toutes perfonnes n ob les , & M ath ild e fe re tira
avec elles pour y achever fes jours.
.m n . Elle avoit été élevée dans fon enfance au monaftere
d’Erford près de fon aïeule qui en étoit abbeife ,
pour y apprendre la religion Si les ouvrages convenables
a fon fexe. Elle en fu t tirée pour époufer Henri
vers l ’an 513. Depuis fon mariage elle avança toujours
en ve rtu, ornée au dehors de foïe Si de pierreries
; mais pleine de compaifion Si d’humilité. Pour
prier la nuit elle fe levoit d’auprès du roi fon époux
qui faifoit femblant de l ’ignorer, fis gardoient la continence
les jours marquez par l’églife fuivant l ’ufage
obfervé encore alors religijeufement. Toutefois un
Jeudi - Saint le roi Henri aïant pris plus de vin qu’à
l ’ordinaire , obligea la reine malgré elle à violer cette
réglé ; ce que les hiftoriens ont remarqué comme une
tache en la vie de ce prince ; Si dë-là vint leur fils
Henri duc de Bavière pour qui Mathilde eut une prédilection
fin gu lie re , mais ce fu t la fource de grands
»•7- malheurs.
Car après la mort du roi H e n r i, la reine fouhaib
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toit de faire reconnoître ce fils pour fon fuccefieur ; &
il y avoit un prétexte de le préférer à Otton fon aine
, en ce que celui-ci étoit né avant que le pere fût
roi. Otton déjà défigné par le pere l’emporta fuivant
le fuffrage des François Orientaux Si des Saxons ; mais
H em i garda toujours des prétentions, Si fe révolta plir-
L l V R E c I N CQUA NT E - C I N QU I e’m E. s.?
iîeurs fois. Ils avoient un troifiéme frere nommé Bru-
non qui dès l’enfance fut appliqué à l’étude , Si deftiné
au fervice de l’églife.
Le lieu du couronnement d’O tto n fu t marqué à A ix -
la-Chapelle : où premièrement les feigneurs lui prêtèrent
le ferment de fidélité hors de l’églife dans laquelle
Hildebert archevêque de Maïence l’attendoit avec tout
le clergé. L’archevêque d eTreves à caufe de l’antiquité vitiq.
de fon fiege,Sc celui de Co lo gne comme diocefain pré-
tendoient faire cette ceremonie ; mais ils cédèrent au
mérité de l’archevêque de Maïence. Celui de Cologne
étoit V icfred qui avoit fuccedé à Herman,morteni?zy.
L ’archevêque de Treves étoit Robert oncle d’O tton Si
frere de la reine Mathilde fa mere, qui avoit fuccedé à
Roger mort en 934. Quand Otton entra dans l’é g life ,
l ’archevêque de Maïence s’avança-Si lui toucha la main
droite , puis fe tournant vers le peuple qui remplifloit
les galeries hautes Si baffes, il dit : V o ic i Otton que je
vous amene, Dieu l’a choifi , le roi Henri l’a défigné
depuis long-temps, tous les feigneurs viennent de le
faire roi. Si cette éleétion vous eft agréable, témoignez
le en levant les mains au ciel : tout le peuple leva
la main avec de grands cris, pour fouhaiter au nouveau
prince toute forte de profperité.
Alors l’archevêque s’avança avec le roi qui s’étoit
revêtu d’une tunique étroite à la Françoife , Si le mena
derrière l’autel fur lequel étoient les ornemens roïaux ,
fçavoir ; l’épée avec le ceinturon, le manteau avec les
bracelets , le bâton avec le feeptre Si le diadème.
L ’archevêque prit l’épée, Si fe tournant vers le r o i , lui
dit : Recevez cette épée pour repouffer tous les ennemis
de J e fu s -C h r ift, barbares Si mauvais Chrétiens,