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dre le voile de la main d’un prélat, qui ne portoit pas
le pallium; & délira que ce fut Villigife archevêque
de M ayence. L ’évêque s’y oppoià,autant qu’il lui fut
poffible : mais enfin à la priere de l’imperatrice T h é o phanie
mere de la religieufe, il confentit que l’archevêque
& lu i, fiffent la ceremonie en commun : enforte
que l’on v i t , ce qui parut très nouveau, deux évêques
revêtus pontificallement affis des deux côtez d’un même
autel. L ’évêque ne tarifa pas de demander au roi
O tton III. qui étoit prefent, s’il confentoit à l’engagement
de fit îbeurjpuis il lui demanda à elle-même , fi
elle lui promettoitobéïlïànceàlui 8c à lès iucceifeurs ;
8c protefta publiquement,que l’archevêque n’avoit aucun
droit dans cette égliiè. Les choies demeurèrent en
cet état fous cet évêque 8c ion fucceiTeur, 8c les fept
premières années de Bernoüard. Mais Sophie iè regardant
plus comme princeife que comme religieuiè, for-
tit du monafterere malgré l’abbeife, pour aller à la cour,
où elle demeura un an ou deux aux dépens de ià
réputation. Bernoüard l’avertit doucement de rentrer
dans ion devoir ; 8c comme il co n tin u a it, elle évita
ià rencontre, 8c chercha l’appui de l’archevêque de
Mayence î d ifan t, que c’étoit de. lui qu’elle avoit
recû le v o i le , que le monaftere étoit dans fon dioceiè,
8c qu’elle ne dépendoit en rien de l’évêque d’Hildes-
heim. Etant de retour à Gandenfem, elle fema ces discours
parmi les religieufes, 8c réüiîit fi bien à les aliéner
del’évêque, que quand il y v in t , il fut reçû avec
indifférence comme un évêque étranger, 8c fes remontrances
ne furent pas écoutéés. Enfin pour faire la
dédicace dç l’égliiè du monaftere, les religieuiès apr
pellerent l’archevêque Yilligiiè ? & l’évêque Bernoüard
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noüard fut feulement averti d’y ailifter. +< ■
Il y envoïa Ecquehard évêque de Sleivic, qui étant An. i o o i .
çhaifédefonfiegeparles guerres, s’étoît retiré auprès
de lu i , 8c le fèrvoit dans iès fonctions. Il déclara que
Bernoüard étoit retenu parlefèrvice de l’empereur, 8c
pria l’archevêque de ne point entreprendre de faire
cette dédicacé à fon préjudice. Villigiiç vou lo it paiïèr
outre, étant jaloux de fon côté de la faveur de Bernoüard
auprès de l’empereur ; mais les proteftations
réitérées de celui-ci l’arrêterent. Bernoüard fut c o n c ilié
de portería plainte au pape 8c à l’empereur ; 8c telle
fut la cauiè de fon voïage à Rome.Henri duc de Bavière
, 8c proche parent de l’empereur, auprès duquel il *■ 1>-
fe trouvoit alors, prenoit auifi les intérêts de l’évê-
que, 8c preiïoit le jugement de ce différend, pour rétablir
la paix dans l’égliiè.
Le pape Silveftre aifembla donc un concile de vingt
évêques, dix-ièpt d’Italie, 8c trois d’Allemagne. L ’em- concile « &.
pereur Sc le duc Henri y aiïiftcrent, avec tour ce qu’il Beïnofurd!” '
y avoit à Rome de perfonnes conftituées en dignité.
Après qu’on eut lû l’évangile 8c quelques canons, le
pape donna la benediébion, on s’a f f i t , on fit filence :
puis l ’évêque Bernoüard expliqua fon affaire, fe plaignant
principalement, que depuis fon départ l’archevêque
de Maïence avoit tenu un fynode dans fon dio-
cefe,c’eft-à-diredansle monaftere de Gandefem, maig
r i iès proteftations. Le pape demanda au concile , fi
l ’on devoit tenir pour fynode une affemblée , que cet
archevêque avoit tenue avec ceux qu’il avoit amenés,
dans une égliiè , que les évêques d’Hildesheimavoient
toujours poiïèdée ; vû principalement que l’évêquc
étoit abiènt,8c s’étoit venu plaindre au fiiint fiege,pour
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