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xxvir.
A r n o u l de Reims
a u concile.
172 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fçavoir, qui étoic comme l’ame de ce concile. Au fonds
loin de confeiller le fchifme,il commence par déclarer,
qu’il faut refpeéter l’églife Romaine , 8c obéir aux de- „
crets du pape ; & ailleurs il dit expreflement qu il appartient
c. 1*.
9. 30.
au pape de juger de toute l’églife. Tous les
gens de bien ne pouvoient manquer d’être indignez
des affreux défordres qui regnoient à Rome depuis un
iiecle, 8c cette indignation dïminuoit le refpeét pour la
perfonnedes papes 8c pour leurs conftitutions. Car encore
que l’autorité ne dépende point àbfolument des
qualitez perfonnelles,elles ne font pas indifférentes,8c
on obéit plus volontiers à un prélat , plus on le croit
vertueux & éclairé. Quant au titre odieux d Antechrift,
ce n’eft qu’une comparaifon; & Arnoul dit feulement
qu’un prélat fans charitéeft un Antechr i f t , comme un
prélat ignorant reffemble à un idole. Du moins il eft
clair qu’il ne veut pas d ir e , que quelqu’un des papes
ait été l’Antechr i ft , puifqu’il en marque un autre a la
fin de fon difcours, dont il dit qu’on voit les approches,
en ce que fes miniftres ont déjà envahi les Gaules.
Car il parle fans doute de quelques barbares, foi t
les Hongrois, foit d’autres, que l’on regardoit comme
les précurfeurs de l’Antechrift. Que fi l ’on veut attribuer
ce difcours à Gerbert qui le rapporte , il fera encore
plus fo r t , puifque Gerbert eft devenu pape, fans
qu’il paroiffe s’être retraité.
Après qu’Arnoul d’Orleans eut parlé, on lut quelques
canons d’Afrique touchant les jugemens des évêques
: puis les défenfeurs d’Arnoul de Reims firent des
excufes au concile , & tous convinrent qu’il pouvoir y
être jugé. On le fit donc venir & affeoir entre les évêques.
Arnoul d’Orleans lui reprefenta doucement les.
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bienfaits qu’il avoir reçus du roi,& le mal qu’il lui avoir
fait. Arnoul de Reims dit , que loin d’avoir rien fait
contre le ferviceduroi : c’étoit pour lui avoir été fidele,
qu’il avoit été pris par les ennemis dans fa propre ville,
fans que le roi l’eût fecouru. Arnoul d’Orleans lui répondit
, que le prêtre qui avoit ouvert les portes par
fon ordre étoit prefent. Arnoul de Reims prétendit,
que c’étoit un témoin faux 8c fuborné. Mais le prêtre
Adalger dit : Perfonnc ne m’a pouffé à vous accufer ,
j ’aurois pû m’enfuir, je vous ai toujoursététrès-fidele ;
&c je ne vous ai accufé que pour me juftifier de la tra-
h i fo n , parce que je n’ai fait que vous obéir.
Arnoul de Reims d i t , qu’il étoit entre les mains de
fes ennemis, qu’il n’avoit jamais vû un évêque ainfi
traité , 8c qu’il ne pouvoit répondre. Guy de Soiffons
lui demanda pourquoi il avoit refufé de répondre,aïant
été tant de fois appelle par le roi 8c par les évêques.
Moi - même , ajouta-t-il, je vous ai offert une efcorte
fuffifante , & fur ce que vous me dites, que vous étiez
prifonnier de Charles, 8c que vous lui aviez fait ferment
: je vous fis voir la collufion de votre emprifon-
jiement, & que vous étiez plus obligé aux fermensque
vous aviez prêtés volontairement à Hugues votre roi,
qu’à ceux que vous prétendiez avoir faits par force à
Charles votre ennemi.
On fit venir enfuite Rainier qui avoit été fon confident
, 8c qui lui dit : Ne fçavez-vous pas ce que vous
me dires près la riviere d’Aifne , avant la prifede la
ville ? que perfonne ne vous étoit plus cher que Louis
fils de Cha r les , 8c que fi je voulois vous faire plaifir je
fongeaffe à le fauver. Allez donc confeffer vos crimes
aux évêques, pour fauver au moins votre ame. Sinon
M m ij.
A n . 9!>i.