
4*56 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tous ceux qui l’écoutoient, Sou vent lorfqu’il prêchait les«
larmes lui coupoient la parole tout d'un co u p , Sc i l s ’en-
fu ïo it comme Un infenfé:quandil étoit à cheval avec les
freres,il marchoitloin après les autres,chantant toujours-
dès pfeaumes, 6c répendant continuellement des larmes..
Ceux qu’il reprenoit avec plus de fe v e r i té ,ç ’é to itles
clercs feculiers ordonnez par fimonie leur déclarant
q u 'ils é to ien t perdus, s’ils ne renonçoient volon ta ire r
ment aux fo n d ion s de leurs ordres. Ç e difçours leur.parut
fi nouveau, qu’ ils le voulurent tuer. Car la fimonie
écoit tellement établie , en tout ce pais , quejufquesau
tems d eR om u a ld , à peine y avoit il quelqu’un q u i
fût que c’étoit un péché, il leur d i t , apportez-moi les
livres des canons ,6c v o ie z fi je vous dis la vé rité. Les
aïantexaminezjils reconnoiffoient leur c r ime& le déplo-
roicnt. Lefa int homme perfuada à plufieurs chanoines-
& à d ’autres clercs qui v i voient comme des laïques, d’obéir
à des fuperieurs : 8c de v iv r e en commun : ce qui
femble.être le commencement deschanoinesreguliers,.
que nous verrons dans lafuite . Quelques év êqu e s , qui
étoient entrez dans leurs fiegespar fimon ie, v in ren t 1,0
coniulter ; 3c s’étant mis fous fa co n d u ite , promirent de
quitter l’épifcopat., Sc d’embra-fler la v ie monaifique.
C ’eftfaint Pierre Dam ienqu i raconte tout ceci dans la
v ie de faint Romuald; 6c il ajoute: Je ne fai toutefois,fi
lefaint homme en put convertir un feu] en toute fa v ie.
Car cette venimeufe herefie efi: très-dure 6c très-difficile
à g u é r ir , principalement dans les é v ê q u e s :, on
promet toujours, 6c on différé de jour en jour : eniorte
qu’un J u if efi: plus facile à convertir.
S. Romuald quitta V a l de C a ftro , y laiffa quelques-
uns de fes d ifc ip le s , 8c paffa au pais d’Q rv ie tte : où i l
L i v r e c i n q u a n t e -n e u v i e ’ m e . 467
sfelfjp ùn riionaftëre, par le fecours principalement du
c om te Farulfe. Car ne pouvant contenter fon z e le , il
fo rm o it toujours de nouveaux d e d a n s , il fembloit
q u ’il voulut changer tout lemonde en defert, 6c engag
e r tous les hommes à là v ie m on a ftiq u e ..
A ïan t appris le martyre de faint Boniface fou- difci-
pie tué par les Ruffes l’an 100p.il fentitun fi grand de- Sut-
fir de répandre fon fang pour J. C. qu’il refolut aufli-
tot d'aller en Hongrie : mais depuis qu’il eût conçu ce
d effe in , il bâtit en peu de tems trois monafteres : celui
d eV a l d eC a ftro , d on tje viens de p arler, un autre près
d e là riviere d’Efino, 6c le troifiéme près la v ille d’Afcoli.
Enfuite aïant obtenu la permiffion du faint fiege , il
partit avec vingt-quatre d ifciples,dont deux avoient été
facrez archevêques pour cette miifion. Car ils avoient
tous un fi grand ze le pour le falut du prochain , qu’il
lui étoit difficile d’en mener moins. Mais lorfqu’ils fu rent
entrez dans la P an nonie, qui eft la H o n g r ie , R o muald
fut attaqué d’une m a la d ie , qui l’empêcha de
pafler outre. Elle fut longue, 8cfi-tot qu’il a voit refolu
de re to u rn e r ,il fe portoit mieux : mais quand il voù-
loit aller plus avant ,fo n v ifa g e s ’en flo it, Scfoneftomac
ne gardoit plus de nourriture. Il affembladonc fes d ifciples
, 6c leur dit : Je vois q u eD ieü n e veut pas que je
paife outre: mais parce que je n'ignore pàs vôtre defir,
je n’oblige perfonne à retourner , je vous laiffe une entière
liberté-, mais je fai qu’ aucun de ceux qui demeureront
ne fouffriraie martyre. En e ffe t , de quinze_-qui
s’avancèrent en H on g r ie , quelques-uns furent fufti-
g e z , plufieurs vendus & réduits en fervitude ; mais ils
n’àrriverent point au martyre.
Romuald revint à fon monaftered’O r v ie t te , dont il
N n n ij