
3<î 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e /
le reiTentiment defesparens,"n’oferent le recevoir ;SC
lui promirent feulement de le fa ire , s’ils n’en étoienc
empêchés par violence. Son pere aïant appris ou il
c to it , v in t tout furieux l’arracher du monailere; 8c
après,lui avoir fait de grands reproches, le mena par
force à la cour du roi R o b e r t , qu’il pria de le détour-;
ner de ce deffein, par les promeifes dë fes bienfaits.'
Mais le pieux roi l ’exhorta au contraire à perfeverer
dans fa bonne refolution , 8c le fit treforier de S. Mar-;
tin de Tours : fe propfant de le faire enfuite é v êq u e , ce
q u ’il tenta plu fieu rs fo is , mais H e rv é refufa toujours
l ’épifcopat.
il eut même de la peine à accepter la treforerie de
faint M a r t in , 8c quoiqu’il portât l ’habit blanc de cha-;
noine , il pratiquoit autant qu’il pouvoir la v ie monafi>,
tique, il a vo it un c ilic e fur la c h a ir , jeûnoit continuellement
, v e illo it 8c prioit avec aflid u ité , 8c fa ifo it
de grandes aumônes. Enfin il forma le deflein de re-,
bâtir l'é g life de faint Martin plus grande 8c plus
m a g n ifiq u e , 8c l’ayant commencée dès les fonde-;
m e n s , il l’acheva, il inv ita plufieurs évêques à ve-;
nir en faire la d éd ica ce , 8c quelques jours aupara-;
v a n t , on dit qu’ il pria D ieu de faire quelque m iracle,
tel qu’il en avoit fait autrefois en pareille occafion.'
Comme il étoit profte rné, faiiant fa p r ie re , faint Mar-;
tin lui apparut, 8c lui dit : Vous pourriez , mon fils»
obtenir de Dieu de plus grandes chofes : mais les mi-!
racles des fiécles paffez doivent fuffire pour ce tems c i I
où la fin du monde approche, il ne faut demander
que le falut des ames ;<&i c’elt à quoi je ne manque p a s ,
priant particulièrement pour ceux: qui fervent cette
églife, La dédicace fe fit le jour de la tranilation de S»
Martin ;
L i v r e c i n q u a n t 'e-h u i t i e ’me.
M a r tin , quatrième de J u ille t, 8c ce bâtiment fubfiite
encore aujourd’hui.
Hervé fe retira enfüite dans une cellule , près de ¡ j f§
g life , redoublant fesaufteritez 8c fes prières. Quatre
ans après, il fût que fa mort é to it proche , 8c tomba
malade. Plufieurs perfonnes le venoient voir, s’attendant
qu à fa mort il fe feroit quelque miracle : mais i l
leur dit qu’ils n’en verroient p o in t , 8c qu’ils ne fon-
geaifent qu a prier Dieu pour lui ; ainfi il mourut fain-
tement l’an 1024.
^ Foulques comte d’A n jou , touché de la crainte de
1 en fe r , pour a voir répandu beaucoup de fang en d ivers
combats, fit le pelerinage de Jerufalem ; 8c au retour
réfolut de bâtir un monailere dans une de fes terres,
où les moines priaflent jour 8c nuit pour le fa lu td e
fon ame. Il fonda donc le monailere de Beaulieu , à
mille pas de Loches; 8c l’églife qui étoit très-belle,aïant
ete promptement a ch e v é e , il envoïa prier Hugues archevêque
de Tours , dans le diocefe duquel elle é to it
de venir en faire la d édicacé. L archevcqueréponditï
Je ne puis offrir a Dieu les voeux d’un homme qui a pris
à mon églife plufièurs terres 8c plufieurs ferfs : qu’il
commence par rendre aux autres, ce qu’il leur a ôté in-
juitemënr.
Le comte fort indigné de cette réponfe, fit de grandes
menaces contre 1 archeveque, 8c prenant quanticé d’or
8c d a rg en t, il s en alla a R ome ; 8c aïant expofé l’affaire
au pape J ean, il lui fie de grands prefens , 8c le pria de
faire dedier fon eglife. Le pape envoïa avec lui un card
in a l, nomme P ierre, avec ordre de faire h ardiment ce
que le comte defiroit.Les évêques desGaules blâmèrent
cet atten ta t, 8c trouvèrent fort in d é c en t, que Je pape
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X IV .
Eglifè de Lo*
ches.
Glab.liv. 11, c.4*