
i 4 ° H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Que f i v q u s vou le z abfolument que je vous le donne,
venez marcher dans la voie étroite avec nous. L ’eunuque
infiftoic a accomplir fon deiTein,&: le faint abbé
l ’aïant quitté, remercioir Dieu de l ’avoir délivré de
ce piege de l’ennemi.
?■ ” 5- L ’archevêque de Roifane étant mor t , tous s’accordèrent
qu’il fallo it furprendre l’abbé N i l , & le forcer
à remplir cette place. Les magiftrats & les principaux
du clergé marchoient déjà pour executer leur deifein :
mais quelqu’un les p révin t, croïant porter au pere une
agréable nouyelle. Il le remercia, Ô£ lui fit même donner
un prefent : mais il fe retira au fond d’une montagne
avec un des moines , & fe cacha fi bien qu’on
ne pût jamais le trouver. Les prêtres & les magiftrats
qui étoient venus au monaftere, après avoir bien cherché
& long-temps attendu, s’en retournèrent fo r t affligez
, & furent contraints d’élire D 3 un autre archevêque.
f.n o. Quelque temps après les Sarrafins aïant fait une inpurfion
dans la C a lab re , S. N il fe retira dans la forte^
refleayeefes moines ; excepté trois,qui étant demeurez
dans le monaftere, furent pris & emmenez en Sicile.
S. N il fongea à les retirer , ôc aïant amaifé cent ta rins
d’or des revenus du monaftere , il les envoïa à
Palerme par un frere fidele : avec un mulet qu’on lui
a vo it d on né , & une lettre adreflée à l’écrivain de l’ém
ir , qui étoic chrétien & pieux. Il lut la lettre à l ’é mir
fon m a ître, qui admira la fagçife & la vertu du
faint abbé ; &c aïant fait venir les moines, il les traita
avec h on n eur , & retint feulement le mulet pour fe
fe fouvenir d’eux : mais il les renvoïa avec l’argent &
plufieurs peaux de cerfs , les chargeant d’npç lettre
L i v r e c i n q e a n t e - s e p t i e ’m e . Z41
011 il difoic : C ’eft ta faute de ce que tes moines ont été
maltraitez ; fi tu t’étois fait connoître à m o i, je t’au-
rois envoie une fauve-garde , avec laquelle tu n’aurois
pas eu befoin de fortir de ton monaftere ; & fi tu vou-
lois bien venir chez m o i, tu pourrais t’établir dans tout
le p a is , & je te traicerois avec toutes fortes d’honneur
& de refpeét.
Le faint homme prévoïant que toute la Calabre al- Xr.
lo it etre ravagée par les Sarrafins, réfolut d’en fortir ; S;iintNi1 ¿ r*»»
mais il ne voulut pas aller en O rien t, craignant la gran- . C* a
de opinion que 1 on avoit de lui : car fa réputation étoit
Venue jufques aux empereurs. Il aima donc mieux demeurer
chez les La tin s , 011 il croïoit être inconnu ;
mais il étoit par tout regardé comme un apôtre. Car
étant venu à Capouë , il fut repu avec très-grand honneur
par le prince Pandolfe & les premiers de la v ille ,
jufques-laqu ils vouloienc le faire leur évêque, & l ’euf-
fent fa it, fi le prince ne fut mort. Mais ils appellerent
Aligerne abbe du M on tC a iïîn , & lui enjoignirent de
donner au faint abbé un des monafteres de la dépendance
du fíen tel qu’il voudrait.
Saint Nil étant donc allé voir le fameux monaftere
du M o n t-C a ffin , toute la communauté vint au devant
de lui jufques au pied de la m on tagn e , les prêtres
& les diacres revécus de leurs ornemens comme
un jour de fete , portant des cierges & des encensoirs,
Il guérit toutes leurs maladies corporelles & fp i -
rituelles , & admira le bel ordre. & la régularité de
çette maifon, qu’il trouva au-deflus de celle des Grecs.
Enfuite 1 abbé Aligerne & les principaux d’entre les
Uioines le conduifirenc au monaftere qui lui étoit def-
tine ; fpavoirS. Michel en V a ld e lu c e , où il'demeura
j Tome XIJ.