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le même fujet. Le concile demanda permiilion de délibérer
en particulier; & le pape l’aïant accordée, les
évêques Romains fortirent ièuls. Puis le concile déclara
, que ce fynode étoit un aébe ièhifmatique , &
qu’on devoit rejetter, félon les canons, ce qui avoit
été fait.
Alors le pape prononça ainfi : Par l’autorité des
apôtres & des peres, nous caftons ce qui en l’abiènce
de nôtre confrere Bernoüard, a été fait à Gandefem,
dans fon dioceiè, par l’archevêque Yilligiiè & iès complices.
Puis il ajoûta : Notre frere Bernoüard, demande
t-il qu’on lui rende l’inveflriture, que l’archevêque
lui a ôtée ? Le concile répondit : Il n’eft point necefi-
faire, mais puiiqu’il le demandeînflramment pendez-
lui s’il plaît à l’empereur. Le pape donna donc à l’évêque
ià ferule ou bâton paftoral, diiànt ? Je vous rends
& vous confirme la poflefîlon du monaftere de Gan-
deièm, avec iès dépendances ; & je défends à qui que
ce foitde vous y troubler, finon en tant que les canons
le permettent.
Enfin on refolut d’écrire à l’archevêque de Mayence
, pour le blâmer d’une telle entreprise & l’exhorter
à iè defifter de ià prétention. O n convint auffi d’indiquer
un concile des évêques deSaxe, & d’envôier un
légat du pape pour y préfider. Le lieu fu t marqué à
Polden' près de Brandebourg, & le jour vingt-unié-
me de juin : on nomma pour légat Frideric prêtre cardinal
de l’égliiè Romaine, & depuis archevêque de Ra-
venne, Saxon de naiflance & jeune, mais d’une grande
probité. Avant que de partir pour retourner çn Saxe,
l ’évêque Bernoüard avec le pape, réduifit à l’obéif-
iànce de l’empereur la ville-de T y b u r , qui s’étoit en-
L i v r e C i n q u a n t e -h u i t i-e’m e . 347
core révoltée, Y étant entrés.ils perfuaderent aux ha- — — —
bitans de iè rendre à difcretion, & à l’empereur de leur An. i ooi.
pardonner. Mais les Romains indignés de ce que les
Tiburtins avoient fait leur p a ix, iè révoltèrent à leur
tour poufles par un nommé Grégoire,que l’empereur mtmar. u. 4.
cherifloit, & qui le voulut prendre en trahifon. O n *' 44'
ferma donc les portes de Rome, on ne laiffoit entrer
ni fbrtir perfonne : & il y eut même quelques-uns des
amis de l’empereur de tuez. L ’évêque Bernoüard fit
confeflèr les gens du palais, & leur donna je viatique
à la meflè: puis les ayant exhortez , il marcha à leur
tête, portant la fainte lance , que les empereurs Allemands
regardoient comme leur fauve - garde. Mais
les rebelles jetterent les armes & demandèrent la
paix ; l’empereur leur fit une harangue, où il leur
reprocha leur ingratitude, & la fédition fut appaifée.
L ’empereur &; le pape 'ne Liftèrent pas de fortir de
Rome le dimanche de la Sexageiime, qui cette année
i oo i . étoit leièiziéme de Février, & campèrent
aflèzproche. L ’évêque Bernoüard prit congé de l’empereur
avec beaucoup de larmes de part & d’autre ; &
il s’en retourna chez lui chargé de préièns & de reliques.
Le cardinal Frideric arriva auffi en A llemagne, revê- iv.
tu des ornemens du pape avec les chevaux enharna- fnul
chés d’ècarlate, pour montrer qu’il le repreièntoit. O n l8.
tint le concile à Polden le vingt-deuxième de Juillet :
mais l’archevêque de Maïence & ceux de fon parti, qui
n ’y étoient qu’à regret, y firent beaucoup de bruit. Le
légat affis entreLievezon archevêque deHambourg &
l’évêque Bernoüard ; exhorta d’abord doucement les
évêques à la paix ; & aïant ainfi obtenu du filence, il
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