
164 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
~ Ratbod évêque de N o yon demanda qu’on cxatni-
N‘ nât d’abord le ferment de fidélité d’Arnoul : parce que
pr* ve'scomre plufieurs difoicnt qu’il fuffifoit pour fa condamnation,
Arnoui. & d’aiHeUrs les Lorrains le revoquoient en doute.
c' 7' Il fut donc lû dans le concile. Enfuite le prêtre A d a l-
<r' 8‘ ger étant entré , dit : C ’eft Dudon vaffal de C h a r le s ,
qui m’a engagé dans cette trahifon. Je lui demandai
pourquoi entre tant d’autres , on choififfoit un prêtre
comme m o i, pour trahir mon feigneur& mon év êque,
à caufe de Charles , avec lequel je n’avois aucune liai—
fon. Il me d it, que je connoiiTois la foibleffe & la foti-
fe de la plûpart des hommes, me flattant d’avoir de l’ef-
p r it, Si du courage. E n fin , que c’étoit mon maître ,
c’eft-à-dire l’archevêque A rn o u l, qui le voulo it é7 qui
le lui avoir ordonné. Je voulus m’en éclaircir par m oi-
même, &c l ’apprendre de la bouche de l’archevêque ,
& c’eft fon commandement & mon affeétion pour lui,
qui m’ont précipité dans ce malheur. Pour donner un
prétexte honnête à ma conduite, je fis ferment à Charles
: mais ce fut par ordre de l’archevêque, que je
pris les clefs de la v ille , Sc que j’en ouvris les portes.
Si quelqu’un de vous ne m’en veut pas c ro ire , qu’on
faffe l ’épreuve par lç fe u , l ’eau boüillapte, ou le fer
chaud.
f. iî. Alors fur la requifition d’Odon évêque de Senlis ,
on lût dans le con c ile l’acfe d’excommunication prononcé
par l’archeyêque Arnoul contre ceux quiavoienc
14. pillé la ville & l’églife de Reims. Gui évêque de Soif-
fons dit enfuite : Nous nous étions aiTemblez à.Senlis ,
nous tous qui fommes fuffragans de Reims, pour nous
plaindre de la defolation de l’églife notre mere. On
difoit que notre métropolitain étoit enlapuiffancedes
çnnemis 1
L i v r e c i n q u a n t e-s e î t i e’m e . 163
ennemis avec fon clergé & fon peuple : toutefois o n -
parloit beaucoup de là trahifon , dont on l’aceufoit. A n . 2 ? 1-
Ainfi d ’un commun accord nous prononçâmes anathê- sut .» 1,.
me contre les coupables. On lut encore cet a£te dans le
concile de Reims, puis Seguin archevêque de Sens dit :
C e t écrit eft-il venu à la connoiffance d’Arnoul ? On^.i,,
répondit qu’oiii ; & Seguin ajouta : S’e ft-il abftenu de
la communion de ceux qu il fçavoit être fi juflement
condamnez ? A u contraire , dit-on , il les a admis à
tout ce qui eft de la communion des fidcles.
Seguin reprit : Je ne puis allez admirer fon audace.
Il a lui-même excommunié ceux qui l ’avoient pillé ,
jufqu a ce qu ils filfeiic reftitution & s'humiliaffent devant
1 eghfe de Reims. Cependant quelques-uns de
nos frétés mont dit, qu’on n’a point fa it, ou très-peu
de reftitution, & qu’on n’a fait aucune penitence publique.
Or on ne la peut faire fecrete pour un péché
public. Enfuite il cita le chapitre dixième du douzié- t* 6.c«nc.f.
me concile d eT o led e , contre ceux qui violent lafran- I1H'
ehife des éghfes. Il dit encore : So it, Arnoul les a ab-
fb u s , comment l’a-t-il pû faire fans fon clergé , qui
étoit prefent quand il les excommunia ? C a r il eft écrit com-c^nh. 1.
dans le concile de Carthage chapitre vingt-troifiéme :
Que leveque n examine aucune affaire qu’en prefence
de ion c ie rg e , autrement fa fentence fera nulle. A r noul
donc coupable de tant de crimes a bien ofé célébrer
les faints myfteres dans l’églife que nos confrères
a-voienc interdite. On lira , s’il vous plaît, les canons j}«,
ilir c eT u je t , afin qu’on voie que ce n’eft pas n o u s ,
mais les peres, qui le condamnent.
O n lut le quatrième canon du concile d’ A ntio ch e ,
èc deux d un autre concile de C a r th a g e , contre ceux
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