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(livci'scs maladies connues sous le nom de charbons (Ustilage, etc.).
Le plus souvent, comme les Tillétiacées, ils i)énèlrenl dans la
plante lors de la gei-minalion, grandissent dans son corps à mesure
qu il se développe, en se détruisant rapidement dans les parties
([ui cessent de croître i)Our se concentrer toujours dans le hourgeon
terminal, et viennent enfin former leurs cellules multiplicatrices
à certains endroits déterminés, ordinairement dans la ileur.
L'organe où ils les produisent est toujours complètement détruit :
tantôt c'est seulement l'ovaire (Ustilage du Maïs, etc.), ou les etamines
( Lstilage violet des Caryophyllacées) ; tantôt c'est la Heur tout
entière (Uslilagede l'Avoine, U. bromivore, U. du SalsiOs, etc.).
Parvenu au terme de son développement, le thalle, qui est filamenteux
et cellulaire à cellules binucléées, i'orme, dans la profondeur
du corps de l'hôte, des cellules multiplicalrices à membrane
épaisse, pourvue d'une exine colorée en brun, en violet ou en noir,
dans chacune desiiuelles se fusionnent les deux noyaux conjugués :
ce sont les |)robasides.
Chez les Ustilages, par exemple, les lilaments se ramifient plus
abondaniment, se tortillent, gélifient leurs membranes et en même
temps rentlent toutes leurs cellules en autant de probaiides à exine
noirâtre. Plongées dans la substance gélatineuse, qu'elles font disparaître
peu à peu en s'en nourrissant, ces probasides innombrables
forment une masse qui, dans l'Ustilage du Maïs, peut atteindre
la grosseur du poing. Cette masse gonde d'abord, puis crève le
corps de l'hôte, s'épanche au dehors, se dessèche et enfin dissémine
les probasides comme une poussière charbonneuse. Ailleurs, les
probasides sont unies deux par deux (Schizonelle) ou groupées en
grand nombre de manière à former une niasse solide, enveloppée
dans le jeune âge par une couche de filaments stériles (Tolypospore,
Sorospore, etc.).
Après un certain temps de vie latente, la probaside germe dans
l'air humide. Elle pousse un tube bientôt arrêté dans sa croissance,
qui est une baside. Celle ci prend d'ordinaire Irois cloisons transversales,
([ui la divisent en quatre cellules superposées ; puis cha-
(pie cellule pousse sous la cloison un stérigmate terminé par une
spore incolore, qui s'en détache (fig. 24). La baside est donc pleurospore
et cloisonnée, comme celle des Pucciniacées et des Auriculariacées.
Il faut remarquer toutefois que les cloisons transversales
peuvent s'y réduire à deux ou à une seule (Anthracoïdée), et
qu'au-dessous de la cloison, chaque cellule peut produire côte à
côte deux ou plusieurs spores. Pour ces deux causes, le nombre
des spores par la baside est donc sujet à varier.
BASrDIOMYCÈTES 75
Comme chez les Tillétiacées, les spores ont une tendance à s'unir
deux par deux par une anastomose transverse en forme d'll(fig. 24),
(pie l'on observe assez souvent aussi d'une cellule à l'autre dans
les basides elles-mêmes.
Parvenues sur la plante hospitalière, pendant la preuuere phase
de sa germination, les spores y germent en poussant un filament,
qui perce le jeune épiderme notamment à l'endroit du collet, puis
s'allonge et se ramifie à l'intérieur à. mesure que la plante s'accroît,
en se conservant seulement dans
son bourgeon terminal, comme il a été
dit plus haut. Semées dans un liquide
nutritif, les spores des Ustilages bourgeonnent
activement et produisent des
chapelets rameux de cellules promptement
dissociées, analogues à ceux des
l.evures, notamment de la Levure de
bière (on appelle ce stade forme levure) ;
plus tard, ces cellules s'allongent en
filaments ramifiés ; mais ceux-ci ne produisent
jamais de probasides dans ces
cultures (1).
Les probasides conservent assez longtemps
leur faculté germinative, jusqu'à
sept ans et demi, par exemple-,
dans l'Ustilage des moissons. Elles sont
tuées par une immersion de quelques
heures dans une solution de sulfate de
cuivre à u n demi pour cent. Aussi, pouréviter le charbon, comme
on l'a vu plus haut pour la carie, suffit-il de faire Iremper les
graines dans une pareille dissolution pendant douze heures, en
remuant de temps en temps; on sème après dessiccation.
Les Ustilagacées se rattachent directement aux Pucciniacees, et
par elles aux Auriculariacées. Mais l'indétermination du nombre
des spores portées par les basides leur donne un caractère propre
et fait de cette famille le représentant le plus inférieur du sousordre
des Pleurosporées, occupani, à la base de ce sous-ordre, une
(1) E n proietant ces formes levures à Faide d'an pulvérisateur sur une germination
d'une Graminée, on a pu reproduire la maladie du cl,arl).on expérimentalement
et établir que pour certaines espèces l'inoculation avait lieu dans les premiers stades
de la germination (Uslilage lisse de l'Avoine, etc.). D'autres espèces peuvent s inoculer
plus tard et le parasite pénètre notamment par les lleurs (Ustilage nu, du
Maïs, du Blé) (Brefeld).
'Ustilage du Salsifis, germant
en une baside pleuro-,
spore et cloisonnée p, produisant
latéralement des
spores s, qui se détachent
et s'anastomosent parfois
deux par deux (en haut).