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grossissent^ se délaclient^ bourgeonnent à leur tour, et ainsi de
suite. 11 se constitue de la sorle un thalle éniielté, pareil à celui
des Levures et notamment de la Levure de bière (Mucor à grappe,
M. épineux, M. circinelloïde, etc.). La ressemblance ne s'arrête pas
là. Si le milieu nutritif renferme du glucose, si c'est du moût de
bière, par exemple, ce thalle dissocié décompose le glucose en
alcool, anhydride carbonique et produits accessoires, en un mot
y provoque, comme on dit, la fermentation alcoolique, tout aussi
bien que la Levure de bière dans ces mêmes conditions; la bière,
ainsi obtenue avec le Mucor circinelloïde, par exemple, est d\me
limpidité parfaite et d'une saveur agréable avec un léger goût de
prune. La seule différence avec la Levure de bière est que ces
divers Mucors n'invertissent pas comme elle le sucre de Canne et
par conséquent ne le font pas fermenter ; on en tire une méthode
générale de séparation du sucre de Canne dans les mélanges
-sucrés.
On connaît quelques Mucoracées parasites; parmi elles, on peut
citer les Piptocéphales qui vivent exclusivement sur les Mucoracées.
Cette remarque a permis de découvrir des affinités inconnues
de plantes qui normalement ne fructifiaient pas. C'est ainsi
qu'on a prouvé que les Cuninghamelles étaient des Mucoracées. 11
y a là une méthode curieuse de recherche. Cette méthode est si
sûre qu'elle a conduit à des découvertes remarquables qui pouvaient
être prévues (1).
Pour produire ses spores, le thalle dresse çà et là une de ses
branches, qui se renfle au sommet (fig. 8) ; le renflement se sépare
du reste de la branche par une cloison et devient un sporange,
porté sur un pédicelle plus ou moins long qui peut atteindre
quinze (Mucor moisissure) et jusqu'à trente centimètres de hauteur
(Phycomyce brillant). Il ne tarde pas, en effet, à se cloisonner
simultanément en autant de cellules qu'il contient de noyaux
(iig. 9); la lamelle moyenne de chaque cloison se gélifie et les
cellules, ainsi désunies, s'arrondissent, s'entourent d'une membrane
de cellulose, constituent enfin autant de spores. La disposition
des sporanges, solitaires ou diversement groupés, leur forme et
celle de leur cloison basilaire, la manière dont ils s'ouvrent pour
disséminer les spores, varient et servent à caractériser les genres.
Le sporange est le plus souvent sphérique (Mucor, fig. 9, Mortiérelle,
etc.), allongé parfois en massue (Absidie), ou en étroit cylin-
•
à
v
SIPHOMYCÈTES 33
dre (Piptocéphale, Syncéphale). Dans les deux premiers cas, il
produit d'ordinaire un grand nombre de spores (Mucor, fig. 9, etc.),
mais il peut être assez petit pour n'en renfermer que deux à quatre
(Thamnide) ou même régulièrement une seule (Chétoclade) ; dans
le troisième cas, il ne contient qu'une rangée de spores, qui se
suivent en chapelet. Ordinairement tous les sporanges sont pareils ;
mais, dans quelques genres, il y en a de deux sortes : un grande
porté au sommet du filament dressé, et de nombreux petits, ou
sporangioles (1), terminant des rameaux latéraux diversement
disposés (Thamnide, Chétostyle, Hélicostyle,
etc.) ; les spores issues de ces deux
sortes de sporanges sont identiques. La
cloison qui sépare le sporange du pédicelle
s'établit d'ordinaire à la base même
du renflement, quelquefois plus ou moins
haut dans l'intérieur (Absidie, Rhizope).
Elle est quelquefoisplane (Mortiérelle^etc.),
le plus souvent relevée plus ou moins fortement
vers le haut en forme de columelle
(vol. n, p. 21) (Mucor, fig. 9, Pilobole, etc.).
Quand le sporange est très petit (Chétoclade,
sporangioles de Thamnide, etc.)
m
ou très étroit (Syncéphale, etc.), la cloison
MM
est nécessairement plane.
Pour ouvrir le sporange, la cellulose qui
Fig. 9. — Sporange de
Mucor moisissure, en
en constitue la membrane se transforme
coupe longitudinale optique,
d'ordinaire dans toute son étendue en une
monirantla membrane
substance soluble ; il suffit alors d'une
hérissée d'aiguilles
d'oxalate de calcium
goutte d'eau pour la dissoudre et mettre
» la columeUe et
les spores en liberté (Mucor, Mortiérelle,
les spores séparées par
Syncéphale, etc.). Si la membrane était
une matière gélatineuse.
incrustée de petits cristaux d'oxalate de
calcium (Mucor, fig. 9, Rhizope, etc.), les cristaux s'éparpillent.
Ailleurs, la membrane se cutinise et se colore dans toute
la moitié supérieure du sporange, ne devenant soluble que dans
la région inférieure, où la déhiscence s'opère circulairement,
comme il vient d'être dit (Pilobole, Pilaire). Enfin elle persiste
quelquefois dans toute son étendue et le sporange est indéhiscent;
il tombe alors sur le sol, où plus tard seulement sa membrane se
M
(1) Malruchot. La découverte des oeufs de Cunninghamelle faite depuis a démontré
d'une manière nette Tiraportance de la méthode nouvellement trouvée.
(1) Petits sporanges. '
VAN TIEGHEM, — Botaniquo spéciale.