
14 THALLOPHYTES CHAMPIGNONS 13
il
1
•i,
il.
i
nés, elles sonl munies d'une membrane celli.lusique et immobiles,
tantôt simples et unicellulaires, tantôt cloisonnées et pluricellulaires.
Quand elles passent ;i Télat de vie latente, leur membrane
cutinise et souvent colore sa couche externe, qui forme Vexine
(comme dans le pollen vol. I, p. 415), tandis que la couche interne
demeure cellulosique et constitue Tinime (vol. I, p. 41.^). Dans cette
cutinisation de la membrane, il y a souvent une ou plusieurs places
réservées, où Texine manque, et qui sont des pores.
Suivant les conditions extérieures, le même thalle peut porter
successivement, ou en même temps, dans ses diverses régions,
plusieurs sortes de spores déformé, d'origine et de rôle dilïérents ;
il peut y avoir, comme on dit, polymorphisme (!) dans l'appareil
sporifère (I, p. 586). Parmi ces diverses sortes de spores, il en est
alors une qui ne manque jamais et qui conserve ses caractères
dans toute l'étendue de chaque division considérée ; c'est à elle
seule que l'on réserve le nom de spores. Aux autres, qui manquent
souvent et dont les caractères varient beaucoup dans des
plantes très voisines, on donne collectivement le nom de conidies
(vol. I, p. 587).
Spores et conidies renferment en général des matériaux de
réserve nécessaires au premier développement ultérieur. Il suffit
alors de leur donner de l'air, de l'eau et une température convenable,
pour les voir germer. En un ou plusieurs points de la surface,
la membrane tout entière si elle n'est pas cutinisée, l'intine
seule s'il y a une exine, pousse au dehors en forme de tube, qui
s'allonge par son sommet et ne tarde pas à se ramifier. Ce tube
rameux reste quelquefois continu, mais le plus souvent il se cloisonne
perpendiculairement à son axe, de la base au sommet, et
devient un filament articulaire ou cellulaire. S'il est ensuite convenablement
nourri, comme il a été dit plus haut, le jeune thalle
ainsi formé continue de croître et devient enfin un thalle adulte,
qui produit à son tour des spores ou des conidies.
Quand il y a polymorphisme de l'appareil sporifère, il peut
arriver que les conidies soient extrêmement petites et dépourvues
de matériaux de réserve (Coprin, Agaric, etc ) ; pour germer, elles
exigent alors, dès le début, non seulement de l'air, de l'eau et de
la chaleur, mais encore une nourriture appropriée. Dans ces conditions,
elles grossissent d'abord en se faisant une provision de
réserves, et après seulement poussent un tube, début d'un nouveau
thalle.
(1) Du grec : ttoaû (po/yj, plusieurs ; ¡lop^r, [morphé), forme.
Après la maturation des spores ou des conidies, le thalle disparaît
souvent, parce que toute sa substance protoplasmique a été
consacrée à la formation des corps multiplicateurs : il est monocarpique
(1). Fréquemment aussi, il ne consacre qu'une partie de sa
substance à la formation des cellules multiplicatrices ; le reste
persiste et continue de croître, soit tout de suite, soit après un
passage à l'état de vie latente : le thalle est alors polycarpique (2)
ou vivace.
Reproduction. OEufs. — Beaucoup de Champignons ne produisent
actuellement que des spores, avec ou sans conidies ; ils ne
font que se multiplier. D'autres, outre leurs spores, forment,
dans des conditions déterminées, des oeufs, qui les reproduisent,
comme il a été dit en général (I, p. 49). L'oeuf y prend naissance
tantôt par isogamie à gamètes captifs (Mucoracées, etc.),
tantôt par hétérogamie sans anthérozoïdes (Péronosporacées,
Saprolégniacées, etc.), ou même par hétérogamie avec anthérozoïdes
(Monoblépharidacées). On a découvert réceihment
une sexualité du thalle ou des plasmodes (3) et la karyogamie (4),
c'est-à-dire la fusion des noya%x au moment de la formation des
spores (5).
Une fois formé, l'oeuf se développe soit tout de suite (Mucoracées,
etc.), soit après un passage plus ou moins long à l'état de vie
latente (Péronosporacées, etc.). Quelquefois il produit un thalle,
qui progressivement devient adulte et engendre alors de nouvelles
spores ou de nouveaux oeufs ; son développement est direct. Le
plus souvent, il produit seulement un corps diversement conformé
et plus ou moins rudimentaire, qui s'arrête dans sa croissance,
engendre un plus ou moins grand nombre de cellules spéciales,
qui se disséminent, puis disparaît. Ce sont ces cellules spéciales
qui, plus tard, en se développant, produisent autant de thalles
adultes. En un mot,'il y a, comme il a été dit en général (I, p. 581),
formation d'un tomiogone et de tomies. Le développement de
l'oeuf est alors indirect, coupé en deux tronçons, avec multiplication
à la coupure. Dans chaque cas particulier, les tomies doivent
être avec soin d'abord reconnues comme telles, puis distinguées
des spores, avec lesquelles on les a longtemps confondues.
(1) Du grec : povoç (monos), uaique ; xkottoç (carpos), fruit.
(2) Du grec : nolv (poly),. plusieurs ; y.uûnoç (carpos), fruit.
(3) Pinoy, Skupienski, Mlle Bensaude.
(4) Du grec : xcipuô-j (caryon), noj'aii ; y a a ô ç (gamos), union.
(5) Wager, Dangeard, Sappin-Troufty, Christman, Blackman, etc.