
6 INTRODUCTION
la chlorophylle dans son protoplasme. C'est même l'existence
d'une inemlDrane de cellulose qui explique Tabsence de système
nerveux, de coeur, de faculté locomotrice, en les rendant inutiles.
C'est aussi Texistence de la chlorophylle et le pouvoir de prendre
par elle directement à l'atmosphère le carbone, c'est-à-dire son
aliment principal, qui alTranchit la plante d'une cavité digestive.
Mais si Ton descend dans les étages inférieurs des deux règnes,
toute limite s'etface peu à peu. Système nerveux, coeur, cavité
digestive, enfin, disparaissent chez l'animal; membrane de cellulose
et chlorophylle disparaissent chez la plante, qui reprend en
même temps la facuJté locomotrice. On arrive enfin à des êtres
formés d'un corps protoplasmique incolore et nu, avec ou sans
noyau, et dont on ne peut dire s'ils sont animaux ou plantes,
question dès lors sans intérêt d'ailleurs : ce sont des êtres vivants,
et voilà tout. Les deux mots animal et plante expriment donc des
différences qui ne s'introduisent dans le corps de Tetre vivant qu'à
partir d'un certain degré de différenciation, au-dessous duquel ils
n'ont pas de raison d'être.
Division du règne végétal en deux sous-règnes : Rhizophytes
et Arhizophytes. — Ainsi défini, le règne végétal comprend plus
de quatre cent mille espèces actuellement vivantes, auxquelles il
faut ajouter la masse innombrable des formes disparues, dont on
ne connaîtra jamais qu'une bien petite quantité. On le divise,
comme, on sait {I, p. 7 et p. 8), d'après l'inégale différenciation
externe du corps, en deux groupes primordiaux, qui sont deux
sous'7'ègnes : les plantes à racines ou Rhizophytes (vol. I, p. 8) et
les plantes sans x-acines ou x\rhizophytes {vol. 1, p, 8).
La présence d'une racine, destinée à absorber le liquide du sol,
exige celle d'une canalisation intérieure, transportant le liquide
absorbé dans toute l'étendue du corps; cette canalisation doit comprendre
des tubes d'aller, portant aux feuilles le liquide du sol,
c'est-à-dire des vaisseaux, dont l'ensemble constitué le bois, et des
tubes de retour, amenant aux racines les substances assimilées
par les feuilles, c'est-à-dire des tubes criblés, dont Tensemble
constitue le liber. En un mot, Texistence d'une racine implique
celle d'un système libéroligneux. Les Rhizophytes pourraient donc
également bien être appelées Libéroligîieuses, Les vaisseaux étant
ia partie du système libéroligneux qui a été aperçue la première,
c'est le nom de Vasculaires (vol. I, p. 8) qui a prévalu. Les Arhizophytes
sont dépourvues de système libéroligneux : ce sont des
Invasculaires (vol. I, p. 8).
A ces deux ditférences, l'une dans la forme, l'autre dans la
a r h y z o p h y t e s '
structure du corps adulte, la formation de l'oeuf en ajoute une
troisième. Comme on l'a vu (L P- 551 et p. 558), les Rhizophytes
forment toutes leur oeuf indirectement, c'est-à-dire à 1 aide de diodes
et de prothalles, en un mot sont toutes des Diodees (1, p. 551),
landis que les Arhizophytes le produisent toutes directement sur
le corps aduRe, en un mot sont toutes des Adiodées.
Définis par ces trois caractères fondamentaux, les deux sousrèo
nes constituent deux groupes profondément séparés, sans
auran intermédiaire connu jusqu'à présent. Nous allons les étudier,
dans deux Parties distinctes, en suivant l'ordre ascendant du
perfectionnement, c'est-à-dire en commençant par les Arhizo^
phytes.
PREMIER SOUS-RÈGNE
ARHIZOPHlfTES
Les Arhizophytes, nommées aussi Invasculaires ou Adiodées, forment
un groupe immense, qui se subdivise, diaprés l'inégale différenciation
du corps adulte, en deux groupes secondaires ou
embranchements. Les unes, où le corps adulte, est ordinairement
différencié en tige et feuilles, composent l'embranchement des
Muscinées. Les autres, où d'ordinaire il est et demeure simplement
un thalle, composent l'embranchement des Thallophytes
(I, p. 8). Ces deux groupes sont d'ailleurs reliés par de nombreuses
transitions. 11 y a, en effet, des Thallophytes qui ont déjà une
tige feuillée, comme il y a des Muscinées qui ont encore un thalle.
Etudions ces deux embranchements en commençant par le plus
inférieur, celui des Thallophytes.
EMBRANCHEMENT I
THALLOPHYTES
Caractères généraux. — L'embranchement des Thallophytes
comprend tout un monde de plantes infiniment variées, où les