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BASIDIOMYCETES 6 5
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milieu, il donne d'abord naissance à une, deux, ou Irois sorles de
cellules inultiplicalrices dilTérenles, appropriées chaque fois à la
mulliplication la plus efficace dans les conditions nouvelles,
et c'est seulement ensuite qu'il forme les probasides. De ces
diverses cellules inultiplicalrices, les unes procèdent directement
non du thalle, mais d"un (ïMif préalablement formé, eu un mot
sonl des tomies; les autres naissent directement du thalle, en un
mot sont des conidies. S'il y a deux formes conidiennes successives,
avec les iomies, k s probaVidcs et les spores, cela porte à cinq le
nombre des cellules reproductrices de la même plante. En un
mot, il y a ici un polymorphisme très étendu dans l'appareil de
multiplication, qui explique la rapide propagation de ces parasites.
Pour produire toutes les formes de cellules muHiplicatrices
dont il est capable, le thalle doit quelquefois habiter alternativement
deux hôtes différents. »
L'exemple le plus frappant de ce polymorphisme avec changement
d'hôte nous est offert par la Puccinie du gramen.
Pendant l'été, le thalle de cette plante produit par places, sous
l'épiderme de la tige et des feuilles de diverses Graminées,
notamment du Blé cultivé, un grand nombre de rameaux serrés,
perpendiculaires ¿i la surface (ilg. 22, I I I , ur) \ chacun d'eux se
renfle au sommet en une grosse conidie ovoïde (forme Uredo^
pourvue de deux noyaux à deux chromosomes, dont le protoplasme
renferme des granules ronges et dont la membrane verruqueuse
offre (juatre pores sur son équateur. Il en résulte autant de bourrelets
rougeâtres, étroits et allongés parallèlement aux nervures,
le long desquels 1 epiderme se déchire pour mettre à nu les
conidies comme une boutonnière. Celles-ci se détachent de leurs
pédicelles, se dispersent et tombent sur les feuilles de la même
plante ou des plantes voisines de même espèce. Après quelqnes
heures,, elles germent en produisant à chaque pore équatorial
(fig. 23, D) un tube qui s'enfonce par un ostiole stomatique dans
les espaces intercellulaires, se cloisonne et se ramifie en un nouveau
thalle à cellules binucléées. x\u bout de six à dix jours,
celui-ci achève sa croissance et pousse au dehors un nouveau
bourrelet conidifère. Tout l'été durant, la Puccinie va se multipliant
ainsi de pmche en proche sur le Blc : c'est la rouille orangée
des cullivaleurs.
ÀTauLoinnc, les rameaux serrés des bourrelets linéaires produisent
à leur sommet (fig. 22, 11) autant de cellules allongées,
divisées en deux par une cloison transversale, à membrane
épaisse, fortement cutinisée, brune, munie d un pore terminal
pour chaque moitié; on les appelle téleutospores (1) ou spores
d'hiver ou forme Puccinie, nom seul retenu pour dénommer le
parasite, parce que c'est là l'appareil reproducteur le plus important
et le plus conslant; leur protoplasme est incolore, riche en
matières de réserve, où les deux noyaux primitifs se sont fusionnés
en un seul n'ayant comme eux que deux chromosomes, dont
le pédicelle se cutinise aussi et ne s'en détache pas : c'est alors
la rouille noire. Ces cellules {t) passent l'hiver à l'état de vie
latente sur les liges et les feuilles de la Graminée : ce soni, en
réalité, les probasides, ici groupées par deux.
Au printemps," en effet, elles germent dans l'air humide (fig. 23,
A et B). Chacune d'elles produit un tube simple, bientôt arrêté
dans sa croissance et qui, par trois cloisons -transversales, se
divise en quatre cellules superposées et uninucléées ; chacune de
celles-ci pousse latéralement sous la cloison un petit rameau grêle,
bientôt terminé par une spore ovale, uninucléée et incolore, qui
s'en détache. Le tube germinatif est donc une baside cloisonnée
transversalement, comme celles des Auriculariacées, et les cellules
reproductrices qu'il produit sur ses flancs sont les vraies spores
de la plante.
Très légères et soulevées par le vent, ces spores sont déposées
sur les feuilles de toutes les plantes voisines; mais elles ne ger-.
ment que si elles viennent à tomber sur les feuilles fraîchement
épanouies du Berbéride vulgaire, communément Épine-Vinette.
Elles poussent alors un tube grêle qui, même si la germination a
lieu au voisinage d'un stomate (fig. 23, C), perfore la membrane
externe, puis la paroi interne des cellules épidermiques, pour
s'allonger et se ramifier dans tous les espaces intercellulaires de
l'écorce. Ainsi établi sur le Berbéride, le thalle, qui est cellulaire
à cellules uninucléées, y produit, après quelques jours et successivemenl,
des cellules multiplicatrices de deux sortes, les premières
sur la face supérieure du limbe, les secondes sur la face
inférieure. ,
Du côté' supérieur, les filaments, en se pelotonnant çà et là,
forment des sortes de bouteilles dont la paroi, constituée par une
couche de filaments serrés, est tapissée en dedans par des poils
(fig. 22, I, sp). Ces bouteilles percent l'épiderme et s'ouvrent au
sommet, tandis que les poils qui .en tapissent le col se projettent
au dehors en forme de pinceau. Le fond de la bouteille est tout
(1) Du grec : nXixtrh {téleuté), fin, terme final ; (jnopd (spora), spore,
semence.
VAN TiEGHEVi, — Botanique spéciale. - 5
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