
634 DISTRIBUTION DES PLANTES
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D I S T R I B U T I O N DES PLANTES
A LA SURFACE DE LA TERRE
Il reste maintenant à étudier la manière dont toutes ces plantes
sont réparlies à la surface du globe ; c'est ce qui fera l'obiet
du dernier chapitre de cet Ouvrage.
Sous l'influence combinée des conditions de milieu, de la lutte
pour l'existence avec les autres êtres vivants, et de leur répartition
antérieure, les plantes se trouvent aujourd'hui distribuées
dune certaine manière à la surface du globe. Elles ne l'ont pas
toujours été de cette façon; aux diverses époques géologiques,
leur repartition a subi des changements profonds. Il y a donc à
considérer d'abord la distribution actuelle des végétaux, ce qu'on
appelle la Géobotanique, puis leur distribution ancienne, qui
constitue la Paléobotanique.
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DISTRIBUTION ACTUELLE DES PLANTES OU GÉOBOTANIQUE
InHuence des conditions de milieu. - On sait que l'oxygène
de 1 air, 1 eau, la radiation et l'aliment sont les conditions
d existence nécessaires des végétaux; on sait aussi que chaque
espece a, pour chacune de ces conditions, un maximum, un
minimum, et un optimum propres. Or l'humidité, la température,
la lumiere et 1 aliment sont distribués d'une façon très inégale
a la surface du globe. A supposer donc que les oeufs, spores ou
graines de toutes les espèces fussent une fois disséminés uniformément
sur toute l'étendue de la Terre, toutes ne pourraient s'y
développer également ; certaines se trouveraient bientôt cantonnées
dans^ des régions déterminées, tandis que d'autres deviendraient
spéciales à d'autres contrées.
• Les variations dans l'aération, l'humidité et la qualité de l'aliment
ont leur importance. En ce qui concerne l'humidité, par
exemple,.pour qu une espèce donnée prospère dans une localité
Il aut que la quantité d'eau qu'elle y reçoit soit toujours comprise
enti e e minimum et le maximum qui lui sont propres, et qu'en
w f l'optimum. C'est
ainsi que la limite meridionale d'extension de l'Alchimille vulgaire
GÉOBOTANIQUE 65&
est déterminée par la quantité de pluie annuelle minimum, environ
40 centimètres, qui est nécessaire à cette espèce ; au contraire,
l'humidité trop grande du sol exclut le Sapin pectiné du nord-.
ouest de l'Allemagne. .
Mais c'est surtout l'inégale distribution de la radiation qui est la
cause dominante de l'inégale répartition des espèces végétales.
Chaque plante a besoin, en eiïet, pour effectuer son développement
complet, d'une certaine quantité de chaleur ; la maniere
dont cette quantité de chaleur lui est fournie est d'ailleurs à peu
près indifférente, pourvu que la température de son corps soit
toujours maintenue entre les limites qui lui sont propres. C est
ainsi qu'un même végétal peut se développer tout aussi bien dans
une contrée où la saison est courte et la température moyenne
que dans une région où la température est toujours plus basse,
mais où elle se maintient pendant un temps plus long. Pourvu que
la même somme de chaleur soit reçue dans les deux cas, le
même développement morphologique a lieu.
11 y-a donc, pour chaque espèce, une somme de chaleur déterminée
qui en limite l'extension à la surface de la Terre. Cette
quantité de chaleur n'a pas été mesurée directement, mais on
s'en rend compte approximativement en sommant les températures
utiles, c'est-à-dire les températures successives comprises, pour
une saison, entre le maximum et le minimum relatifs à l'espece
considérée. On comprend ainsi que les espèces pour lesquelles la
somme de chaleur utile est la moins élevée soient confinées vers
les régions polaires ou dans les plus hautes altitudes et que les
grandes lignes de distribution des espèces se suivent des pôles
à l'équateur ou du sommet des montagnes jusqu'aux plaines.
Mais il ne faut pas oublier qu'à côté de cette cause principale les
autres peuvent intervenir et troubler la régularité de répartition
des plantes dans les différentes zones. Ainsi, la sécheresse du
Sahara y détermine une flore spéciale très pauvre en espèces,
à des latitudes où les sommes de chaleur permettraient le plus
riche développement de toutes les formes végétales.
Influence de la lutte pour l'existence. — La lutte pour l'existence
intervient aussi dans la distribution des plantes. Sans parler
des parasites, dont l'extension est limitée par celle des végétaux
qu'ils attaquent, la lutte s'établit souvent pour l'alimentation,
et elle offre parfois un rapport intéressant avec la nature du sol.
Ainsi, par exemple, dans les Alpes orientales, où le Rosage ferrugineux
existe en concurrence avec le Rosage hirsute, qui préfère
les sols calcaires, il est à peu près exclusivement limité aux sols