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sidérablc. Le llialle est alors hétérogène, différencié en une portion
massive, qu'on nomnie le ströme, et une portion filamenteuse
précédant et produisant le ströme, qu'on nomme le mycèle. Aux
divers points de sa surface, le ströme peut d'ailleurs émettre plus
tard des filaments libres, qui s'enfoncent et se ramifient dans le^
milieu nutritif et dont l'ensemble forme ce qu'on appelle un
mycèle secondaire.
Quelle que soit sa forme, le ströme peut, à un certain moment,
accuuuiler en lui toutes les réserves constituées par les filaments
du mycèle, qui disparaît; il durcit alors, cutinise et colore en brun,
en rouge ou en noir les membranes de ses cellules superficielles,
se dessèche, passe à l'état de vie latente et constitue un corps de
consistance cornée, auquel sa dureté a fait donner le nom de
sclérote (Agaric tubéreux, Copriti stercoraire, Glavicèpe pourpre,
etc.). Quand le sclérote s'allonge dans la terre sous forme
d'un cordon rameux, il ressemble à une racine et on le nomme
rhizomorphe (I) (Armillaire de miel, Polypore amadouvier, etc.).^
Ailleurs, la couche externe de la membrane des filaments qui
composent le ströme se gélifie, se gonfle, conflue avec les voisines
et forme une masse gélatineuse homogène où serpentent les filaments;
le Strome est alors gélatineux (Trémelle, etc.).
Au lieu de devenir massif en soudant ses filaments, le thalle
peut devenir pulvérulent en les désagrégeant. 11 arrive, en effet,
que les articles ou les cellules des filaments s'isolent aussitôt après
le cloisonnement, par dissolution de la lamelle moyenne de la
cloison : le thalle se compose alors d'une poussière de cellules
dissociées (Levure de bière, etc ). Ces cellules dissociées ont quelquefois
leur membrane dépourvue de couche cellulosique et
réduite à une pellicule albuminoïde; elles se déplacent alors en
changeant de forme (Myxomycètes).
Quand il est continu, le lhalle est revêtu d'une couche cellulosique,
qui bleuit directement par le chloro-iodure de zinc, et son
protoplasme renferme de nombreux noyaux (Mucoracées, etc.).
Quand .il est articulaire ou cellulaire, à l'exception des Myxomycètes,
comme il vient d'être dit, la couche externe des filaments et
la lame moyenne des cloisons sont également formées de cellulose,
mais cette cellulose ne bleuit par le chloro-iodure de zinc qu'après
un traitement plus ou moins long par la potasse; il y a parfois de
la callose^n plus de la cellulose (Péronosporacées). Au point où
deux filaments viennent à se toucher, on voit souvent les deux
(1) Du grec : p Ç a (rhiza), racine; i^opfi} {morphé), forme.
membranes se dissoudre, d'abord la couche cellulosique, puis la
couche albuminoïde, et par l'orifice les deux protoplasmes des articles
ou des cellules correspondantes se fondre en un seul, en produisant
un symplaste local (I, p. 26) ; si les membranes n'ont pas de couche
cellulosique, la fusion est directe (la plupart des Myxomycètes).
Une pareille fusion des protoplasmes peut se faire aussi d'ailleurs
entre les diverses branches d'un thalle continu ramifié (Mortiérelle,
Syncéphale, etc.). Que le thalle soit continu ou cloisonné, les
matériaux de réserve qui s'y accumulent sont principalement des
corps gras, des dextrines, notamment de l'amylodextrine que
l'iode colore en i^ouge-brun, et des principes sucrés, notamment
du tréhalose dans le jeune âge et plus tard de la mannite. L'amidon
en grains ne's'y rencontre que d'une manière transitoire, par
exemple dans les sclérotes en germination (Coprin, Glavicèpe, etc.).
Mode de vie. — Ainsi constitué, et incapable d'assimiler le carbone
de Tanhydride carbonique, puisqu'il manque de chlorophylle
(I, p. 65 et p. 335), le Lhalle des Champignons exige, pour se développer,
la présence des composés carbonés complexes formés aux
dépens de Tanhydride carbonique par les végétaux verts, notamment
des hydrates de carbone. Ces composés, en particulier le
glucose, il les puise tantôt dans les débris des animaux ou des
végétaux morts dont il achève la destruclion, qu'il fait moisir,
comme on dit, tantôt directement dans le corps des animaux ou
des végétaux vivants. Dans ce dernier cas, ou bien il s'associe intimement
avec une plante verte et vit en symbiose avec elle (I, p. 74),
ou 1 ien il attaque une plante verte de laquelle il se nourrit en
parasite (I, p. 75).
La symbiose peut s'établir avec les plantes vertes les plus
diverses Avec les Algues, dont elle intéresse le corps tout entier,
elle est très fréquente et donne lieu à ce groupe immense de végétaux
auxquels on donne le nom de Lichens et sur lequel on
reviendra plus loin. Avec les plantes vasculaires, elle n'intéresse
d'ordinaire que les racines, et les racines ainsi habitées par un
thalle de Champignon ont reçu le nom de mycorhizes (vol. I, p. 99).
Tantôt le thalle ne fait que d'envelopper étroitement la racine,
sans y pénétrer; l'association se réduit à un contact intime ; la
mycorhize est dite exotrophe (1) (Monotrope, etc.). Tantôt il y
pénètre, mais y demeure localisé dans l'assise périphérique; la
mycorhize est péritrophe (2) (Chêne, Hêtre, Châtaignier, etc.).
(1) Du grec : {exo), dehors ; Tpo^h (trophé), nourriture.
Du grec ; nspi {péri), autour; zpofi] (/rop/ié), nourriture.