
660 DISTRIBUTION DES PLANTES
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Espèces à aire moyenne. — Les espèces phanérogames dont
l'aire occupe une surface inférieure au tiers de celle des continents,
mais pourtant encore assez étendue, sont de beaucoup les
plus nombreuses. Certaines d'entre elles, dont les individus sont
très abondants dans une région, peuvent servir à en caractériser
la flore, et c'est parmi ces espèces que sont surtout pris les types
des diverses flores naturelles.
I.es Sapins, les Bouleaux, les Hêtres et la plupart des plantes
ligneuses sont des espèces dont l'extension est moyenne : c'est
sans doute parce que les arbres ou les arbrisseaux ont, en général,
pour l'eau et la chaleur, des limites inférieure et supérieure assez
restreintes. Les plantes qui croissent au bord de la mer n'ont pas
été comptées parmi celles dont l'aire est très étendue, parce que
la surface absolue qu'elles occupent est peu considérable, mais
beaucoup d'entre elles sont, comme un grand nombre d'Algues,
répandues aux latitudes les plus diverses. Les courants marins
sont, en efl"et, très favorables à la dissémination de ces plantes.
L'aire des espèces, suivant que les fruits sont charnus ou non,
suivant que la faculté germinative des graines se conserve plus ou
moins longtemps, suivant que les fruits ou les graines sont plus
ou moins bien organisés pour la dissémination, n'est pas régulièr
rement plus ou moins grande. La comparaison des faits ne donne
sur ce point aucune loi générale. Ainsi, les achaines aigrettés des
Composées sont considérés comme très bien disposés pour la dissémination
; or, l'aire des Composées munies d'aigrette n'est pas
plus étendue que celle des Composées sans aigrette. On pourrait
supposer aussi que les espèces à graines conservant le plus longtemps
leur faculté germinative sont celles qui ont la plus grande
extension ; or, c'est précisément le contraire qui a lieu.
On ne peut donc raisonner par de simples observations sur les
causes qui limitent ou étendent l'aire de la plupart des espèces ;
tout ce qu'on peut remarquer à ce sujet, c'est que l'aire des espèces
est en général plus grande pour celles qui ont la taille la plus
petite et dont la vie n'est pas de longue durée.
Parmi les groupes qui ont un assez grand nombre d'espèces, et
pour ne considérer que les plantes à aire moyennement étendue,
on peut citer les suivantes, en plaçant en tête celles qui ont l'extension
la plus large :
Lichens.
Algues.
Champignons.
Mousses.
Salfolées.
Graminées.
Scrofulariacées.
Labiées.
Abiétinées.
Pandan acées.
Palmiers.
Composées.
Asclépiadacées.
Mélastomacées.
Cyrtandrées.
Buttnériées.
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Naïadacées.
Joncacées.
Phytolaccacées.
Papavéracées.
Amarantées.
Convolvulacées.
Crucifères.
Ombellifères,
Dipsacacées.
Borra gacées.
Saxifi agacées.
Hépatiques.
Malvacées.
Légumineuses.
Caryophyllacées.
Orcliidacées.
Rubiacées.
Valérianacées.
Gesnériacées'.
Cucurbitacées.
Myrlacées.
Epacracées.
On voit, d'après ces quelques exemples, que, malgré la remarque
générale faite plus haut, il n'est pas absolument exact de dire
que, plus la différenciation d'une espèce est grande, plus son aire
est restreinte.
Espèces à aire très restreinte. — Les espèces dont l'aire est très
peu étendue se trouvent le plus souvent dans les îles, et surtout
dans celles qui sont très éloignées des continents. Les îles Sainte-
Hélène, Kerguelen, Tristan d'Acunha, Juan Fernandez, etc , ont
dans leur flore un très grand nombre d'espèces propres. On s'explique
ces faits par la difficulté qu'ont les graines à arriver dans
ces contrées isolées au milieu des mers. Mais d'autres espèces,
même placées à l'intérieur des continents, ont une aire très restreinte,
sans qu'on puisse l'expliquer par l'étude des causes
actuelles. A l'inverse de ce qu'on remarque pour les espèces à aire
très étendue, il arrive souvent que les plantes à aire très restreinte
sont ligneuses et presque toujours vivaces. Ainsi, pour citer un
exemple, les plantes appartenant à des genres propres à l'île
Sainte Hélène sont au nombre de onze appartenant aux genres
Gomm:(iendre, Pétrobe, Lachanode, Mélanodendre (Composées) et
Nésiote (Hhamnacées). Sur les onze espèces appartenant à ces
genres, neuf sont des arbres, une est un arbrisseau et la dernière
est une plante vivace ligneuse.
Quant au nombre des espèces à aire très restreinte, inférieure
par exemple à de la surface terrestre, il est beaucoup plus
grand que celui des espèces dont l'aire très étendue dépasse la
moitié de la surface des continents.
Relations entre les espèces qui ont la même aire. Flores naturelles.
— litest peu fréquent, on le comprend, que plusieurs espèces
occupent assez exactement la même surface, sauf pour celles
qui sontparasites l'une de l'autre. Aussi, lorsque plusieurs espèces
ont à peu près la même aire, si en même temps elles sont nombreuses
en individus, elles donnent à toute la contrée une physionomie
particulière : ce sont des espèces caractéristiques. Lorsqu'une
contrée possède un assez grand nombre d'espèces qui y
sont très répandues et qui se trouvent à peu près limitées à cette
région, on peut nommer/?ore na^re/Ze l'ensemble des plantes qui