
70 CHAMPIGNONS
BASIDIOMYCÈTES
unisériées, par lesquelles se fait le passage au Blé; une phase
parasitaire sur le Blé, où le Champignon forme, d'abord pendant
l'été, des conidies de multiplication sur le Filé, puis, en automne,,
des couples de probasides qui lui permettent dliiverner à l'état
de vie latente. Tant qu'elle est parasite, la Puccinie du gramen se
montre donc incapable de produire ses basides et ses spores véritables
; elle ne forme que des oeufs, des tomies et des conidies de
doux sortes, sans compler les conidies secondaires provenant de la
germination des conidies des bouteilles sur le Berbéride, et, en
dernier lieu, sur la fin de sa vie parasitaire, des probasides. C'est
seulement pendant sa courte période de vie indépendante, au
preujier printemps, qu'elle forme directement, aux dépens des
réserves accumulées dans les probasides, ses basides et ses spores..
Le parasite ne pouvant revenir sur le Blé qu'après avoir passé
le printemps sur le Berbéride^ on voit qu'il résulte de la connaissance
de son cycle de développement un moyen bien simple de le
faire disparaître : c'est d'exclure le Berbéride des terres à Blé,
exemple remarquable d'application de la science à l'agriculture.
Toutes les Puccinies qui ont, comme la P. du gramen, leur
cycle de développement parasitaire coupé en deux tronçons, avec
changement d'hôte au milieu, sont dites hétér.oïques (1). Telles
sont la Puccinie vraie-rouille,. qui passe le printemps sur les Borragacées.
Tété sur les Graminées, où elle est très répandue et où
elle provoque une rouille très redoutée ; la P. couronnée, qui
passe le printemps sur les Nerpruns, Tété sur l'Avoine et la Houque
; la P. sessile, qui passe le printemps sur l'Ail des ours, Tété
sur le Brachypode et le Phalaride ; la P. des bois, qui passe le
printemps sur le Séneçon et le Pissenlit, l'été sur les Laiches ; la
P. obscure, qui passe le printemps sur la Pâquerette, Tété sur les
Luzules, etc.
Cette hétéroecie est un phénomène remarquable, mais qui n'est
nullement nécessaire à la vie de toutes les Puccinies. D'autres
espèces de ce genre développent, en effet, leurs oeufs, leurs tomieset
leurs deux sortes de conidies, dans le même ordre, et finalement
leurs probasides, sur une seule et même plante nourricière.
Il y a alors autoecie ou homoecie et ces Puccinies sont dites autoïques
ou homoïqiies (2). Telles sont les Puccinies de l'Asperge, du
Poireau, du Gaillet, de THélianthe, de la Gentiane, de TÉpilobe,
(1) Du grec : ivcpoq {hctéros), dissemblable; oîy.oç (oïcos), maison.
(2) Du grec : avrôç {autos), par soi-même ; otxo^ (oïcos), maison. — ôfioç
(homos), semblable.
de la Violette, de la Menthe, du Silène, etc. La l \ d e 1 Hehan he
ravage, depui^ 1886, dans toute la Russie méridionale, les cultures
de rîlélianthe annuel, destinées à l'extraction de 1 huile. _
Dans ces Puccinies autoïques, le développement se simplif
auXuefois, se raccourcit par suppression soit des eecidies, soit
d un ou même des deux sortes de conidies. Ainsi la P. suave, qm
v i r sm le Girse et la Centaurée, la P. de l'Eperviere, la P bulÍ
use qui vit sur diverses Ombellifères, etc ne torment pas
d "dki e s et paraissent donc dépourvues d oeu s et f ^
• P du Salsifí . la P. des Liliacées, etc., ne produisent pas de coni-
L s libres. Les P. de la Renouée, de la Tanais.e, du P ^ J ' ^
l'Oseille, de l'Iris, du Jonc, etc., n'ont m conidies des b^utei^s
ni ascidies Les P. de la Bétoine, de la Campanule, de l'Asaret, de
la Saxifrage, etc., ne forment ni aîcidies, ni aucune sorte de corndies
et n'ont que des probasides. Enfin, parmi ces Puccinies autoïques
ultra-raccourcies, il en est dont les probasides, sans passer a
l'état de vie latente et se disséminer, germent tout de suite sur la
plante nourricière en y formant leurs basides et leurs spores
Celles-là n'ont plus pour se propager que leurs basidiospores. Telles
sont les P. des Malvacées, de la Sabine, de la Véronique de la
Herniaire, de la Circée, etc. Toutes les Puccinées sans oecidies, ne
produisant pas d'oeuf, doivent être regardées comme apogames. ^
Les autres genres de la famille ont un développement calque
sur celui des Puccinies, dont ils se distinguent surtout parle groupement
de leurs probasides. .
L'Uromvce a ses probasides solitaires, avec un pore germinaüt
terminal "'il coñiple des espèces hétéroïques, comme l'U. des Pois,
qui passe le printemps sur les Euphorbes, l'été sur les \iciees,
comme TU. du Dactyle, qui passe le printemps sur les Renoncules,
l'été sur le Dactyle et le Paturin. Mais il possède aussi des especes
autoïques, les unes à développement complet, comme les U. de la
Fève, de la Renouée, du Silène, du Trèfle, de la Bette, etc les
autres à développement plus ou moins raccourci. Ainsi les U. de
la Scrofulaire, du Sainfoin, etc., n'ont ni bouteilles à conidies, m
oecidies • les U. du Scille, de l'Ornithogale, etc., n'ont que des probasides.
Enfin, dans l'U. pâle, qui vit sur le Cytise capité, les probasides
germent immédiatement sur la plante hospitaliere, en y
formant les basides et les spores. ^ , .
Dans le Triphragme, les probasides sont groupées par trois en
triangle, une en-bas, deux en haut. Dans le Phragmide, où la formation
de l'oeuf et son développementimmédiaten un chapelet de
tomies exogènes a été particulièrement étudié (fig. 18), elles sont