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 dAnnamabou,  ce  qui lui  avait  paru  fort  joli.  l i  me  
 pria  de lui montrer  la peau de mon bras,  la regarda  
 d un air  de  plaisir,  me  demanda la permission de  la  
 toucher,  passa  légèrement  la main  dessus,  en  s’écriant  
 :  «  papa  taffia ,  »  ( très-joli),  et  il me  réitéra  
 1 invitation  d aller voir son  village. 
 En retournant chez moi,  je rencontrai un homme  
 tout  barbouillé  de  b lan c ,  qui  portait  un  vase  couvert  
 d une étoffe blanche. J ’ai entendu dire plusieurs  
 fois que c ’était le  fétiche  Tando, mais  c’est  tout  ce  
 que  je  pus apprendre. Cet homme,  précédé par des  
 musiciens  et  suivi  d’une foule immense,  alla  jusqu’à  
 la maison d’Adou Quamina,  devant  laquelle  le  vase  
 lut  déposé;  l ’on  sacrifia  un  des  enfans  de  Coudjo  
 Couma,  chef des révoltés de l’Akim.  C ’est  un  sacrifice  
 qui se renouvelle tous les ans à la même  époque. 
 Samedi, 4-  Apokou m’envoya chercher dans la  
 matinée ;  j allai à  son  village  qui  est  environ  à  trois  
 milles au sud-ouest  de Coumassie.  Tous ses esclaves  
 sortirent  à mon  approche;  la  plupart  d’entre  eux  
 n avaient  jamais  vu  d’homme  blanc. Apokou  vint au-  
 devant  de  m oi,  à  l’entrée  du  village  qui  est  peu  
 considérable,  et  me  conduisit  à  son  habitation.  
 Comme  toutes les maisons de campagne de  ce pays,  
 elle  consiste  en  une  cour  bordée  de  feuilles  de  
 palmier.  La  chambre  d’A pokou,  élevée  au-dessus  
 du  niveau  du  sol,  est  peinte  en  ocre  rouge;  le lit  
 couvert  de  grands  coussins  de  coton,  esté  une  extrémité; 
   d’un  çôté  de  la  Cour,  il  y   a  une  forge  et 
 (  ê§Ê  ) 
 Un soufflet pour  travailler  l’or;  de  l’autre,  une cuisine, 
   et,  vis-à-vis,  l’endroit  ou  dorment ses  fils. 
 Vers  onze  heures,  Apokou  se  retira  dans  une  
 des  pièces de  côté qui, suivant l ’usage, sont ouvertes  
 par-devant ; il s’y  fit  servir son  dîner,  afin, dit-il,  de  
 ne  pas me déranger. Avant  qu’il commençât, on mit  
 de  petits  morceaux  d’igname  sur  son  fétiche.  Ou  
 plaça  ensuite  une  petite  table  devant  Apokou,  et  
 l ’on  versa de l’eau  claire dans  un bassin de cuivre. Il  
 s’en  servit pour  se  laver la main droite  avec laquelle  
 il mangea;  car  les  Àschantes  ont  grand  soin  de  ne  
 toucher  aucun  aliment  de  la  main  gauche.  Deux  
 grands pots, l’un rempli d’ignames, l’autre de poisson  
 bouilli,  furent  alors  apportés;  il  en  mangea  seul,  
 e t,  lorsqu’il  eut  fini,  le  reste  fut  partagé  èn  autant  
 de  portions  qu’il  avait  d’enfans  auprès  de  lui  :  la  
 porte  de la  chambre  s’ouvrit,  une  vingtaine  de  ses  
 enfans  des  deux  sexes  reçurent  chacun  leur  part.  
 Apokou  avait  donné  à  mon  domestique  deux  
 poules,  du  poisson  et  des  ignames,  en lui disant de  
 m’apprêter  quelque  chose que  je pusse  manger.  I l  
 me  fit  une  soupe  avec  deux  volailles j  j’en  goûtai à  
 peiné,  car  j’étais  si  faible  que  je  craignais  de  me  
 rendre malade.  Apokou  me  demanda  si  je  voulais  
 dormir,  ajoutant  que  son  lit  était  à  mon  service.  
 Sur mon  refus, il  alla s’y  coucher. 
 Bientôt  après,  quatre  de  ses  femmes  arrivèrent  
 de  Coumassie,  lui  apportant  des  friandises.  On  le  
 réveilla  pour  savoir  si  ces femmes  devaient être  introduites  
 comme  à  l’ordinaire. Apokou leur fit dire