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Cap-Corse? » Le roi ne pouvait cacher sa colère, et
le tumulte régnait parmi ses conseillers. Tous les capitaines
se levèrent à l’instant et prirent, des mains
des gens'de leur suite, leurs sabres à poignée d’or.
L e général en chef arracha l’épée de M. Tedlie hors
du fourreau ; une foule de parasols étaient en mouvement
sur l ’arrière, comme si quelques personnages
imporlans arrivaient.Tout annonçait la confusion, la
colère, l’impatience. Les capitaines, jeunes et vieux,
se précipitèrent devant le roi en s’écriant, suivant ce
que nous rapporta Quashie, qui paraît n’avoir pas osé
nous dire tout, et qui en fut empêché par Quamina:
« R o i , c’est trop de honte pour vous ! Peripettez-
nous de partir cette nuit, de tuer tous les Fantes, et
de brûler toutes les villes voisines des forts. » Ils se
mirent ensuite en marche successivement avec leurs
musiciens et leur suite, se prosternèrent devant le
roi qui leur plaça son pied sur la tête, en levant les
deux premiers doigts de la main droite ; tandis que,
luiprésentantleurs sabres,ils juraient sur sa tête qu’ils
partiraient cette nuit même avec l’armée, et qu’ils lui
rapporteraient tous les livres des forts avec les têtes
de tous les Fantes. Chaque capitaine répéta le même
serment à sa manière, les uns d’un air sérieux, les
autres en montrant nos têtes et celles des Fantes qui
étaient avec nous, et en cherchant à nous intimider
par des gestes menaçaus. Le vieux général, Apokou,
prêta ce serment le dernier; et, après l’avoir fait de
la manière la plus expressive, il jeta à M. T ed lie ,
d’ un air de mépris et de colère, par-dessus la tête
dès gens de sa suite, l ’épée qu’il lui avait prise.
L e roi quitta le conseil pendant quelques instans.
Durant cet intervalle, Quamina, notre guide, invita
Qugshie, notre interprété d’Accra , à engager
M. James a parler à ce prince quand il rentrerait ,
et à tâcher de l’appaiser. M. James le fit; mais.il
n’eut pas le zèle ni la presence desprit, et h employa
pas les raisonnemens que ce moment de crise
exigeait : il ne fit que répéter ce qu’il avait déjà dit.
L e roi daigna à, peine l’écouter, et dit que s il ne
voyait des blanes devant lu i, il ferait sur-le-champ
couper la tête de tous les messagers fantes.il fit distribuer
à ses capitaines des moutons et de l’o r,etse leva
pour se retirer. Nous songeamës que le mulâtre
du général Daendels avait eu une longue audience
du ro i, un instant avant que nous fussions admis
en sa présence;, c’était une raison de plus pour
recourir à tous les moyens compatiblès avec. 1 honneur
de la nation que nous représentions, et avec
ce que nous nous devions à nous-mêmes. Je m’avançai
donc vers le roi, et je lui dis, par mon interprète,
que j’avais à lui communiquer des choses qui le convaincraient
que le gouverneur était son ami et ferait
tout ce qui serait juste. Le roi répondit qu’il m’entendrait
plus ta rd , et nous nous retirâmes au milieu
des menaces et des insultes de toute l’assemblée.
Deux heures après, on nous avertit de paraître devant
le roi, et, suivant l’étiquette, on nous fit attendre
quelque temps. Pendantcetintervalle, M. James
nous dit qu e, dans la situation critique ou nous nous