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 de  le  faire transporter dans un autre  endroit  
 jusqu’à la  fête de  l’Adaï,  jour  où il  doit  être mis  à  
 mort. 
 Dimanche,  7.  —   Plusieurs  cabocirs mores  sont  
 venus me faire  leurs  adieux. Us partent demain pour  
 leur  p a y s ,  et  doivent  rejoindre  le  roi  sur  la  route  
 lorsqu’il partira  pour  la  guerre.  Je leur  ai demandé  
 combien  de  temps  le  roi  serait  absent;  ils  m’ont  
 répondu que  Dieu  leur  avait  dit  q u ’ e n   sept mois  la  
 guerre  serait  terminée.  Ils  m’ont  demandé  la  permission  
 d’aller  me  voir  au  Cap-Corse;  je  leur  ai  
 témoigné  tout  le  plaisir qu’ils me  feraient  en  tenant  
 leur  parole.  Après  avoir  pris,du  café,  ils  se  sont  
 Retirés. 
 On me  dit  au même  instant  qu’une  des  filles  du  
 roi venait de mourir. Bientôt j’entendis des décharges  
 de mousqueterie  continuelles  annonçant qu’on allait  
 lui rendre les honneurs funèbres. L e roi,  dans  l’après  
 m id i,  vint  sur  la  place  du  marché  avec  ses  chefs.  
 Apprenant  que  l’on  allait  sacrifier  des  victimes  humaines  
 ,  je  sortis  pour m’éloigner  du  théâtre  de  ces  
 barbaries. 
 Je  courus  chez  Baba.  Il  faisait  ses  ablutions,  et  
 allait commencer ses prières;  je m’assis,  en attendant  
 qu’elles  fussent  finies. Des peaux  de  vaches  furent  
 étendues  en cercle pour les Mores ;  il  y   en  avait  en  
 avant uneplus grande pour Baba. Us ôtèrent d’abord  
 leurs sandales,  et se prosternèrent  la  figure  tournée  
 vers  l’orient  (vers  la Mecque).  Ensuite  l ’un  d’eux 
 commença  le  service  en  chantant  l’appel  ordinaire  
 à  la  prière.  Tous  les  autres  lui  répondirent  par  le  
 choeur  d Allah Akbar  (Dieu  est  grand)!  Ù  y   avait  
 dans  cette  cérémonie  quelque  chose  de solennel  et  
 d imposant  qui  contrastait  avec  les  décharges  de  
 mousqueterie  et  les acclamations de la populace qui  
 se  faisaient entendre  dans  l’éloignement,  et  qui annonçaient  
 le moment des sacrifices,  tandis  que  les  
 vautours et  les corbeaux , s’agitant dans les airs,  semblaient  
 attendre-  leur  proie. 
 En  retournant  chez  m oi,  je  vis  sur  la  place  du  
 marché  les  cadavres  de  deux  femmes  qui  avaient  
 été.,immolées,  1 une  par  le  ro i,  l ’autre  par.  sa  famille. 
   Les  vautours  affames  se  repaissaient  avidement  
 du  sang de  ces  infortunées. 
 Pendant que le schérif Abraham était avec.moi  ce  
 matin,  je  renversai,  par  accident,  avec le  pied,  un  
 verre  d’eau  et  de  vin  que  j’avais  posé  à  terre.  L e   
 schérif  inclina  aussitôt  la tête  vers  la  Mecque  ,  en  
 s’écriant  :  « Dieu est grand !  » puis il me dit que mon  
 bon  ange était  sans doute la  cause  de  cet  accident ;  
 car qui  savait  si ce verre ne contenait pas  un poison  
 mortel ? Il m’expliqua  comment  l'homme avait toujours  
 deux  anges à  côté  de  lu i ,  l ’un à sa droite  qui  
 était son bon  ange,  et  l ’autre  à  sa  gauche  qui  était  
 son  ennemi.  Tout  ce  que  l’homme  faisait  de  bien  
 lui  était  inspiré  par  le  premier,  et  tout  ce  qu’il  
 faisait de mal par  le second. Je ne l ’ai  jamais vu  embarrassé  
 pour  donner une  raison  de  tout  ce qui arrivait  
 ;  il sait  de  même  le  nom  de  tous  les  personi 
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