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 tracé  dans  le  bois,  sur les bords  du Bousempra  ou  
 Chamah.Rien de plus beau que le paysage quis’offrit  
 alors  à  nos  yeux.  La  rive, -du  côté  du  sud,  était  
 escarpée,  et l ’on n’y arrivait que  par  un  chemin  fort  
 resserré.  Celle  du  côté  du  nord  était  en  pente  
 douce,  et  l’on  y  voyait  un  petit  temple  de  fétiches  
 ombragé par un grand cachou. Plus loin, une variété  
 de  feuillages ornés  de toutes  les  nuances  de verdure  
 attirait  les  regards  et  offrait  un  heureux  mélange  
 d ’ombre et de lumière ; de petits  rochers perçaient à  
 travers les herbes  hautes  qui couvraient les bords de  
 la rivière;  un  doux  zéphir  agitait  en  même  temps  
 la  surface des eaux et les branches des arbres ;  en un  
 mot, le paysage aurait  défié la magie  dn  pirifceau. De  
 grands tamarins  et  d’élégans mimosas ajoutaient à  la  
 beauté de la perspective  par  la  teinte variée  et la  con-  
 textyre  délicate de  leurs  feuilles ;  les  cotonniers  éle-  
 vaieotleur tête au-dessus  de  tous les autres arbres, et  
 des  liserons,  joints  à  d’autres  arbustes  que  je  ne  
 connaissais pas,  achevaient de rendre  ce  coup  d’oeil  
 enchanteur ;  les rayons ardens  du  soleil étaient tempérés  
 par la  réflexion des eaux;  enfin  c’était un  spectacle  
 plein  d’une  si  douce  beauté,  qu’on  aurait  cru  
 se  trouver,  non  sur  une  terre  barbare,  mais  dans  
 un pays  connaissant  tous  les  raflinemens  du  luxe  et  
 de  l ’élégance.  J’essayai d’en faire  une  esquisse, mais  
 l ’entreprise  était  au-dessus  de mes  faibles moyens.  
 Pour  rendre  l’expression  d’un  tel  tableau,  pour  le  
 peindre  dans  toute  sa  v ie ,  dans  tout  son  éclat,  il 
 ffflll 
 aurait  fallu  ¡le pinceau  d’un Wilson  ou  d’un  Claude  
 Lorrain.  Je  tirai  deux  angles  d ’une base  tracée  du  
 côté  du  sud,  et  je  trouvai  que  la  largeur  de  la  
 rivière  était  d e  cent  trente  pieds;  la  profondeur  de  
 ses  eaux  était  de  vingt-un  pieds;  leur  courant  était  
 très-rapide,  et  se  dirigeait  vers  le  nord-ouest  t  
 ouest.  Une petite  rivière, nommée Nimea,  venait s’y   
 jeter  à   peu  de  distance  sur  notre droite. Nous  tra versâmes  
 le  Bousempra  dans  un  tronc  d’arbre  
 creusé  de  trente pieds  de  longueur,  dont  les  deux  
 bouts  étaient  fermés,avec  des  branches  enduites  de  
 terre  glaise. 
 On  nous  avait  dit  que  Mansue  était  la  dernière  
 ville  duiiîterritoire  des  Fantes,  mais  nous  n’avions  
 pu  faire  aucune  comparaison  avant  d’avoir  passé  
 cette  rivière.  Tout le pays, jusque-là ,  offrait l ’image  
 de  la  dépopulation.  Les arbres^ des  forêts  faisaient à  
 leur  tour  des  invasions  dans  les  villes  détruites, et  y   
 établissaient  leur  domaine.  Les  habitans  des  misérables  
 villages  qu’on  y   trouvait  dispersés  semblaient  
 s’y   être  réfugiés  comme  des  proscrits  bannis  
 de  la  société;  ils  étaient  sombres,  brutaux  ,  et  
 semblaient  même  avoir  perdu  l ’instinet de  la curiosité  
 (i).  Nous  ne  pûmes  rien  y  acheter pour  notre  
 subsistance. 
 (1)  Tou t  ce  que j ’appris ensuite  me  confirma  que les  frontières  
 entre  le  royaume  de Fanfie  et  celui  d’Assim  sont  entre  
 Mansue  et  Fousou,  et  qu’Ancomassa,  Accoinfodey  ,  Dam-  
 samsou  , Mikirring, e tc .,  avaieut  été  de  grands  villages  assi