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 d indisposition,  et  ne  voulut  pas  que  j’en  payasse  
 aucun.  Il  persista  à  nous  faire  accompagner  par un  
 de ses  capitaines,  et ne  renonça pas  sans pfÎne à nous  
 donner une  escorte; je m’en  défendis opiniâtrement  
 à  cause de  la  dépense  qu’occasionneraient  les  présens  
 qu’il  faudrait  faire  à tous  les  soldats.  Lorsque  
 je  pris  congé  de  lu i,  il  me  pria  d’attendre  que  ses  
 capitaines eussent  distribué de la poudre  à  leurs soldats, 
   pour  nous  faire  le’  dernier  salut.  Gomme  il  
 était déjà nuit,  il nous  recommanda de  nous  arrêter  
 au  village  situe  au-delà  du  marais  qui  entouré  la  
 ville,  et  où  notre  suite  nous  joindrait  le  lendemain  
 matin.  L e  roi  et  ses  capitaines  étaient  assis  hors du  
 palais,  à  la  lueur  des  flambeaux,  avec  toutes  les  
 marques de leur dignité. Nous quittâmes la  capitale,  
 précédés  de  ses  drapeaux,  au  bruit  des  décharges t  », f  •  |  . .   o 
 repetees de mousquetene, et avec toutes les marques  
 de  distinction  dont  il  pût  s’aviser. 
 L e   roi  désigna  pour le logement de M. Hutchison  
 une  des  plus  belles maisons  de  la ville;  il nous  fut  
 impossible,  dans  le  peu  de  temps  que  nous  séjournâmes  
 à  Coumassie,  d’en  faire  construire  une  plus  
 commode.  Ce  prince  alla  au-devant  de  tout  ce  qui  
 pourrait être  utile ou  agréable à M. Hutchison  : rien  
 de  plus  flatteur que la  manière  dont  il  lui  paria  au  
 moment de mon départ. 
 Les  dernières  lettres que  j’avais  reçues  du  Cap-  
 Corse  m’avaient  causé  les  plus  vives  inquiétudes.  
 Les deux personnes  qui m’étaient  naturellement  les  
 plus  chères  avaient payé  le  tribut  au climat  du  pays 
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 par  une  maladie  dangereuse  à  laquelle  une  d’elles  
 succomba'avant  mon  arrivée.  J  avais  donc  la  plus  
 grande  impatience  de  partir,  et  cependant  je  dois  
 avouer  que,  lorsque  je  pris  la main  du  roi pour  la  
 dernière  fois,  lorsque  je  réfléchis  aux  marques  de  
 bienveillance,  d’intérêt  et  de  générosité  que  j’en  
 avais reçues,  tandis que ma vie était entre  ses mains,  
 tandis  que  son  esprit  était  fatigué  d affaires  politiques  
 désagréables,  et  que  les  soupçons  de  ses  chefs  
 et  la  jalousie  des  Mores  cherchaient  à  le  prévenir  
 contre  nous,  je  ne  pus  le  quitter  sans  regret.  Ce  
 souvenir  agréable  étaifcpourtant mêlé  d’une  sensation  
 pénible  qui m’empêcha  de  céder  au  désir  que  
 j ’éprouvais  de passer encore une heure à écouter les  
 assurances qu’il me  donnait  de  son  estime et  de  sa  
 gratitude,  témoignages  plus  touchans  encore  que  
 flatteurs,  et  qui  augmentaient  de  prix  par  l’idée  
 consolante qu’ils  étaient  les mouvemens naturels du  
 coeur.d’un  de  ces  monarques  qu’il  nous  plaît  d’appeler  
 barbares.  |  _ 
 Il  faisait  nuit,  comme  je  l’ai  dit;  mais  j’avais  si  
 formellement déclaré,  devant  le roi  et  son  conseil,  
 quelques  jours  auparavant,  que  rien  ne  m’empêcherait  
 de  tenir  ma  parole  et  de  partir  de  Gou-  
 massie  le lundi ,  que  je  ne  voulus  pas  retarder mon  
 départ même  jusqu’au  lendemain matin  :  tenir strictement  
 sa parole est tout aux yeux d’un nègre. L ’obscurité  
 de  la  forêt  succéda  bientôt  à  l ’éclat  brillant  
 des  torches, et les hurlemens des  bêtes féroces nous  
 effrayèrent comme si nous les eussions entendus pour