CHAPITRE VII.
Commerce.
L a plupart des esclaves qui sont à Coumassie proviennent
des tributsannuelsdeTinta, dirDagoumba
et des peuples voisins de l ’Aschantie. Us ont la
plupart été enlevés par surprise de leurs foyers ;
plusieurs Aschantes recommandables m’ont assuré
que le petit nombre de ceux qui sont achetés se
payent au plus deux mille cauris ( environ djx
francs) , ou un panier de boussie, tant les marchés
de 1 intérieur en sont garnis. J’ai rapporté quelques
gousses de boussie; c’est une graine astringente;
les Nègres la mâchent pour exciter la salive, et ap-
paiser la sensation de la faim. L e boussie (1) doit
être le gourou que M. Lucas décrit comme étant un
des objets de commerce du Fezzan, du Caschna, et
du Bornou , avec les états situés au sud du Niger. Il
dit que les gourous sont apportés des états nègres,
au sud du Niger, et .qu’on les estime surtout pour
l ’amertume agréable qu’ils communiquent à toute
espèce de liqueur dans laquelle on les fait infuser.
(1) Sterculia acuminata. Palis de Beauvois, Flored’Oware.
I , p. 4 i , tab. 24.
Dans un autre endroit , il nous apprend que
le gourou est un fruit qui est fort estimé dans les
royaumes situés au nord du Niger ; il vient sur un
grand arbre à larges feuilles, qui porte une gousse
d’environ dix-huit pouces de longueur, dans laquelle
sont renfermées sept à neuf graines; leur couleur est
vert d’eau ; leur grosseur celle d’une châtaigne,
elles sont de même couvertes d’une peau épaisse et
coriace. Leur g o û t , qu’on dit être d’une arhertume
agréable, plaît tant aux A fricains, et sert si utilement
pour corriger la qualité malsaine des eaux du
Fezzan et des autres pays contigus au désert du
Sahara, qu’on les regarde comme nécessaires au
bonheur de la vie. Le prix du gourou est de douze
shillings ( quatorze francs 4o c. ) les cent gousses.
Le sel ammoniac se trouve en abondance dans le
Dagoumba. Au marché d’Aschantie, un morceau de
la grosseur d’un oeuf de canard se vendait deux
schillings ( 2 fr. 4o cent. ) Les Aschantes l’égriigent
pour le mêler avec leur tabac en poudre, dont ils
prennent une grande quantité; ils trouvent qu’il lui
donne un piquant très-agréable; ils en font aussi
fondre dans l’eau qu’ils donnent à leurs bestiaux,
et eux-mêmes en boivent pour se guérir de la colique.
Il paraît, suivant M. Lucas, que les toisons des
nombreux troupeaux des royaumes nègres n’ont aucune
valeur dans le commerce de ces pays, puisque,
d’après le rapport du schérifF, les tribus au
sud du Niger ne tissent que le coton. Les habitans
du Dagoumba fabriquent néanmoins, avec la laine de