que j’avais raison, et que, lorsqu’ils se trompaient*
les chrétiens pouvaient leur montrer leur erreur
Voyant un livre de prières sur la ta b le , il me demanda
si c’était « Lingile », nom qu’ils donnent au
Nouveau Testament; je lui répondis que c ’était le
recueil des prières qu’on adressait à Dieu dans les
églises d’Angleterre. I l me pria de lui en lire quelques
unes , parce qu’il avait entendu dire que les
blancs priaient de telle manière; — et il se mit à
marmotter quelques paroles entre ses dents si bas
et avec tant de précipitation qu’il était impossible
d’entendre un seul m o t , manière que des prêtres
indolens ou peu zélés n’adoptent, en effet, que trop
souvent.
Les Mores croient qu’il est absurde d’adorer Dieu
autrement qu’en chantant. Plus d’une fois je leur
chantai, à leur priè re, des psaumes de D a vid , et
j’essayai en même temps de leur décrire l ’effet que
produit l’orgue dans nos églises. Us me firent aussi
plusieurs questions sur le grand prêtre qui demeurait
à Rome, et me demandèrent si nous avions quelque
simulacre que nous appelions Dieu. Je leur dis que
les Anglais avaient en horreur toute espèce d’images
représentant l ’Éternel, parce que rien ne pouvait le
représenter. Les Mahométans sont aussi rigides,
aussi scrupuleux sur ce point que les prolestans le
puissent désirer ; ils regardent comme un crime impardonnable
d’avoir aucune image de cette sorte.
Us me demandèrent plusieurs fois si nous offrions des
sacrifices à Dieu. Je leur répondis que l’Ecriture ne
nous permet pas de répandre le sang; que Jésus
avait accompli le dernier sacrifice expiatoire des
chrétiens en s’immolant sur la c roix, et que c’était
en commémoration de ce sacrifice qu’on offrait à «
présent le pain et le vin sur nos autels. J ’ajoutai
que nous ne faisions pas non plus de libations (1),
parce que répandre quelques gb.utles d’une liqueur
avant de la porter à ses lèvres, ou mettre à part des
alimens avant d’en manger, c’est faire une offrande
au diable.
L e schérif Abraham vint me voir avec un ou deux
autres Mores. Je leur parlai des génies de Salomon,
et leur demandai s’ils connaissaient la franc-maçonnerie.
Je les avais déjà questionnés plusieurs fois, et
je savais qu aucun d’eux n’était franc-maçon. Ils me
dirent qu’il y avait une secte de cette sorte en Arabie,
et qu ils. croyaient que c’étaient des magiciens, attendu
qu’ils commandaient aux esprits de l ’air. Ils
furent très-surpris d’apprendre que je l ’étais, et me
demandèrent vivement si je savais quelque chose relativement
au sceau de Salomon, à la construction
du temple, et à d autres sujets qu’on croit généralement
familiers aux francs-maçons. « Ce sont des
sujets dont je ne puis parler, leur répondis-je. » Ils
reprirent qu’ils savaient que nous placions quelques-
(i) J’ai remarqué que plusieurs des Mores qui sont depuis
long-temps en Aschantie, font toujours des libations avant de
boire : c’est l’usage de tous les adorateurs de fétiches qui
mettent aussi à part une partie des alimens avant de manger.