jamais, il en instruirait le roi et le ferait périr. Malgré
cette menace, l ’esclave fut trouvé de nouveau
avec cette femme; son maître alla aussitôt porter
plainte au roi. L e coupable, pour échapper aux
tourmens de la torture, jura aussitôt, par la tête du
roi , que ce prince ferait tirer sur lui huit coups de
fusil. Le r o i , instruit de ce serment, déclara qu’il
ne mettrait que de la dragée dans les mousquets,
a n de le blesser seulement, et qu’ensuite il le ferait
mettre à la torture ; trompant ainsi l ’espoir du
coupable d’abréger ses tourmens, sans néanmoins
violer une loi qu’il regarde comme sacrée.
Dimanche, 23. - Vers midi, le roi m’envoya
chercher. Je savais qu’il était arrivé la veille des
messagers d’Elmina, et je m’attendais à entendre
encore porter des plaintes relativement au traité.
Néanmoins-, une chose me rassurait; j ’avais donné
au roi une paire de rasoirs. Toutes les fois qu’il
voulait s'occuper d’une affaire qui lui était agréable,
il me faisait prier de les repasser pour se raser. Ce
matin, il me les avait envoyés. En effet, il ne me
mandait auprès de lui que pour m’annoncer solennellement
qu’il se disposait à aller combattre en
personne Adinkara, roi de Buntouko, Il me pria d’en
prévenir le gouverneur, et me dicta lui-même la
lettre dans laquelle il lui demandait à emprunter
trois cents fusils et une certaine quantité d’or. Il
envoya aussi six périguins d’or au gouverneur en
chef, et quatre périguins au gouverneur d’Annama-
b o u , les priant de lui acheter un habit, le plus beau
qu’ils pourraient trouver , ét les invitant à lui faire
un présent pour le succès de la guerre. Le roi
vanta beaucoup la générosité des Anglais et leurs
grandes richesses; puis me demanda si je voulais
l’accompagner à la guerre. Je répondis que, si je
pouvais en obtenir la permission du gouverneur, je
le suivrais volontiers. I l me remercia vivement. J’âp-
pris bientôt que les messagers, dont l ’arrivée m’avait
fait craindre de nouveaux débats, étaient porteurs
d’un présent envoyé au roi par le gouverneur hollandais
et les habitans d ’Elmina.
Lundi,' 24. — J’eus une nouvelle entrevue avec le
roi. Il me chargea d’annoncer au gouverneur qu’il
allait lui envoyer trente hommes pour les équiper
en militaires, s’il était possible. Il demandait aussi
du vin de P o rto, du sucre, de la chandelle, etc. Il
me dit ensuite d’écrire une lettre au gouverneur danois
pour réclamer la solde de la paye qu’il devait.
Je prévis qu’un orage allait éclater. Le roi me donna
le billet pour connaître ce qui n’avait pas été acquitté,
Lorsque je lui dis q u e , d’après ce que je
voyais, tout avait été p a y é , il entra dans la plus
affreuse colère contre l’officier chargé de recevoir
la paye. Cet homme avait été envoyé à A c c r a , trois
mois auparavant, pour toucher les arrérages. M. Bow-
dich avait en même temps demandé, par écrit, au
gouverneur danois, à combien se montait ce qu’il
avait payé, afin de le mander au roi. L é gouverneur
répondit qu’il avait payé la pension jusqu’à Noël»
Lorsque le capitaine revint, là somme qu’il remit
Y