desMores que sous le nom deQuolla que les Nègres
prononcent presque Quorra. De quelque pays
qu’ils viennent, ils en parlent tous comme de la plus
grande rivière qu’ils connaissent. C ’était le trait le
plus saillant de toutes les routes qu’ils indiquent
comme conduisant du Houssa , du Bornou, ou des
pays intermédiaires, en Aschantie. Hornemau a
écrit que le Niger, dans quelques parties du Houssa,
était appelé G a o r a , nom dont la prononciation
ressemble beaucoup à celle de Quorra. Le Niger ,
en sortant du lac Dibbie, me fut invariablement
décrit comme se divisant en deu x grandes branches ;
le Quolla, qui est la plus grande, poursuit sa course
au sud-est jusqu’à sa jonction avec le Bahr el Abiad;
1 autre branche coule vers Tombouctou , et bientôt
après se divise encore; la plus petite branche se
dirige au nord par Yahoudie, ville très-commerçante
(1 ); la plus grande tourne à l ’e s t , s’accroît
considérablement , et entre dans le lac Caudi ou
Cadi, sous le nom de Gambarou (2). Les Mores
(1) Les Mores me dirent qu'ils y achetaient, entre autres
choses, leur papier à écrire. L’un d’eux me raconta que le Jol-
Iiba se jetait dans une rivière nommée Hotaiba, après avoir
passé à Yahoudie. Plusieurs me parlèrent de navires iûontés
par des hommes blancs et arrivant en cette ville ; mais ils ne
purent me dire d’où ils venaient. Brahima avait entendu
parler de cette ville, mais il n’y était jamais allé.
(2) Dans l’Amérique méridionale, l’Arauca et le Capanaparo,
dans la province de Cumana, ont des bifurcations semblables.
L ’Arauca se divise en deux rivières, l ’une, l ’Arauquito se
donnent le nom de Jolliba à la branche qui passe
près de Tombouctou ; c’est sans doute figurément
pour signifier une grande eau, car un habitant de
Ginnie qui avait été souvent à Tombouctori m’a
assuré que les Nègres nommaient cette brancheZah-
Mer.
Les diverses preuves que j’ai trouvées sur l’existence
de cette branche secondaire du Niger, nommée
Gambarrou, ont produit sur mon esprit une impression
qui équivaut presque à la conviction. D e lille ,
dans sa carte d’Afrique à l’usage de Louis X V ,
carte q u i, je le démontrerai plus tard, est plus
exacte sur un certain point que les cartes les plus
recentes, fait passer une branche du Niger près de
Tombouctou; et, ce qui est encore plus remarquable
, il la nomme Gambarou ou Niger. Ce ne fut
que quelque temps après mon retour de TAschantie
que je découvris ce nom cité ainsi isolément dans
1 ouvrage d’un européen; or, l’on doit convenir au
moins qu’un géographe recomraandable comme
Dehlle, n a pu tracer ce bras du Niger sans une autorité
quelconque, niinventer le nom de Gambarou -
il faut qu’il en ait entendu parler comme d’une très-
grande rivière pour le confondre avec le Niger.
jette dans l’Orénoque/mprès avoir traversé le lac Cahullarito*
’autre, gardant le nom d’Arauca, va se joindre aussi au’
meme fleuve. Le Capanaparo se jette dans TOrénoque en deux
branches; celle du nord garde son nom, celle du midi prend
celui de Mina. Voyez la carte de la partie orientale de la
province de Varinas, par M. de Hnmboldt.