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retranchâmes dans te vestibule/ et je dépêchai au
ro i, par une porte de derrière, nos porteurs de
cannes à pommes dW , pour lui dire que nous n’avions
pas encore voulu tirer l’épée, mais que nous
allions y être forcés s’il ne nous envoyait un prompt
secours»
L e tumulte ne me permettait pas d’entrer en explication
; bientôt il ne nous resta d’autre alternative
que de nous défendre; parti que favorisait le passage
étroit où nous nous trouvions» Aboidwie, la tête
exaltée par le vin et la fureur, me porta en ce moment
un coup de sabre qui m’aurait été fatal sans la
présence d’esprit d’un soldat qui para le coup. Enfin,
Adoussi, premier interprète du roi, et Y o k o k ro k o ,
son chambellan, en arrivant avec leur suite, nous
délivrèrent. Rien ne peut excéder la bassesse qu’ils
montrèrent. Ils nous offrirent de jurer que le roi
n’avait pris aucune part à cet outrage, commandèrent
à Aboidwie de comparaître devant eux, et Je
menacèrent de lui faire trancher la tête. Je leur répondis
qu’ils ne devaient pas me prendre pour un
insensé; que je connaissais tes intentions du roi; qu’il
nous avait retenus prisonniers de vive force; qu’il
en verrait les conséquences, et que je n’avais pas
autre chose à leur dire. Pendant plus d’une heure ils
cherchèrent à nous persuader qu’ils étaient étrangers
à cet outrage ; ils crurent nous en convaincre en
accablant Aboidwie d’imprécations et de mWiaces.
lis s e retirèrent enfin, et je divisai tous mes gens en
différentes troupes pour veiller alternativement pendant
la nuit.
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Le lendemain, au point du jour, on noüs renvoyà
tout notre bagage; mais je refusai de le recevoir.
Yokokroko et Adoü Quamina me firent dire, peu
de temps après, qu’ils attendaient en bas que nous
eussions déjeuné; il y eut un long poupparlersemblable
à celui de la veille» A onze heures, Adoussi ,
Otie et Quancum, interprètes du ro i, Yokokroko
et plusieurs capitaines vinrent, de sa p a r t , m’apporter
un présent de vingt ackies d’o r , deux
flacons de liqueur et un cochon. Je leur demandai
s’ils venaient me faire une nouvelle insulte en m o ffrant
un présent pour effacer l’outrage que le roi
d’Angleterre avait reçu la veille? Ils employèrent
tour à tour les flatteries et les menaees pour me déterminer
a. 1 accepter, et me dirent que refuser un
présent du roi, c était lui déclarer la guerre. Je persistai
à refuser, et je demandai.une entrevue avec le
roi» Les messagers du Cap-Corse, par crainte et par
cupidité, eurent 1 audace de me dire en ce moment
quils avaient été envoyés par le gouverneur pour
me tenir en bride; qu’ils savaient que je n’agissais
pas conformément à ses intentions en parlant ainsi ;
qu il me blâmerait de n’avoir pas cédé aux désirs du
roi. Il était indispensable d’effacer sur - le - champ
l’impression que devait produire un tel langage; je
leur fis donc retirer leurs cannes, et je les menaçai
de les faire mettre aux fers.
L e ro i, quelques instans après, nous envoya son
eunuque et une suite nombreuse pour nous conduire
au palais , où il avait assemblé ses principaux capi