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 jamais  je ne dormis  mieux. Nous  partîmes de bonné  
 heure  le  jour  suivant,  et hâtâmes  le  pas  pour  arri*  
 ver  à  Mansoue,  où  nous  fîmes  cuire  nos volailles*  
 Nous en  repartîmes dès que  nos gens furent  arrivés;  
 et  à  cinq  heures  du  soir  j’arrivai  à  Cottacoumasa,  
 n’ayant avec moi que le messager du roi de Douabin.  
 Cet  endroit  était  désert,  quelques  marchands  as-  
 chantes  occupaient  le seul hangard  qui s’y   trouvait.  
 Je ne voulus point  qu’on les d é r a n g e â t , et je me mis  
 en marche  p o u r   le  village de  Payntrie.  Je  trouvais  
 dans  le nom  de  ce  lieu,  qui  n’est  qu’à  une  journée  
 de  la mer, un  charme qui me  faisait oublier  les  mésaventures  
 de  la nuit précédente. 
 Lorsque  j’approchai  du  villag e,  le   son  des  ins-  
 trumens  de  musique  et  des  cris  de  joie  prolongés  
 m’annoncèrent que  j’étais  attendu.  Dès  que  j’y  en-*  
 trai,  je me  trouvai entouré  de musiciens  et  de  porteurs  
 de  torches.  Ils  me  c o n d u i s i r e n t   chez  le  vieux  
 P a yn tr ie ,  qui  s’était  fait  construire  une  maison  
 d’une  architecture  presque  semblable  à  celle  des  
 Aschantes.  On m’avait  préparé  un  excellent  ht  de  
 nattes,  couvert  avec  profusion  d’étoffes  du.  p a y s ,  
 et  l ’on me  servit un  souper  splendide  consistant en  
 différensmets,  en fruits  et  en  vin  de  palmier.  Qua-  
 mina Boutaqua vint me  rendre  visite ; le vieux Payntrie, 
   Amouney,  roi d’Annamabou,  et  deux ou  trois  
 autres  eabocirs  qui  m’étaient  inconnus,  m’adressèrent  
 de  longs  discours  remplis  de  louange ,  pour  
 me  complimenter  sur  mon  habileté,  mè  plaindre  
 des  maux  que  j’avais  soufferts,  et  me  témoigner 
 leur reconnaissance. Us m’obligèrent à m’asseoir sur  
 le  siège  d’honneur  du vieux Payntrie,  tandis  qu’ils  
 se  tenaient  debout  en  cercle  autour de moi,  et  ils  
 me prièrent d’écouter  un  air  composé par ses musiciens  
 pour  célébrer le  succès  de mon  ambassade.  
 Le  sens  en  était  «  que  tout irait bien, maintenant,  
 et^qu’on  verrait  refleurir  le  royaume  de  Fantie. »  
 Je  ne  me  couchai qu’à  minuit,  attendant  toujours  
 M.  Tedlie  et  les  soldats,  mais  ils  n’arrivèrent  que  
 le  lendemain  matin.  Ils  avaient  passé  la  nuit  dans  
 une  chaumière  que, faute  de torches, je n’avais pas  
 aperçue,  quoiqu’elle  fût sur  la  route. 
 Apprenant  qu’il  existait,  comme  je  le  pensais,  
 un  chemin qui conduisait  du  village  de Payntrie au  
 Cap-Gorse  sans  passer  par Annamabou  d’où  nous  
 étions  partis,  je me déterminai à le suivre, et Payntrie  
 me fournit un guide. Le pays était beau et agréablement  
 varié  de collines et  de vallons,  mais  le  sol  
 était en général  plus léger  et plus pierreux  que du  
 côté  d’Annamabou. Nous vîmes  des touffes de tous  
 les  arbres  fruitiers des  Tropiques,  et  de  temps  en  
 temps  quelques  champs de  grains  cultivés  par  des  
 Fantes habitant  les  rumes  des  villages  détruits  par  
 ^ les  Aschantes. Nous  en trouvâmes onze d’une étendue  
 considérable,  et  où  il  « y   ayait  , 
 qnes misérables huttes  construites en terre. Nous ne 
 rencontrâmes  d’eau que  près  d’Amparou,  où l’on 
 voit  un grand  étang  qui a  près  de  deux  milles  de  
 circonférence. 
 Après avoir fait quinze milles, nous gravîmes des 
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