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 pas  amis.  Je  crois que  celui-ci  était  jaloux  des connaissances  
 supérieures  du premier >  qui avait  fait le  
 voyage  de  la Mecque et de Médine. Je priai un  jour  
 Baba  de  me  dessiner  une  carte  du  monde ;  il  y  
 représenta  un  grand  continent  entouré  d’une  me?  
 bornée  par  une  ceinture  de  rochers.  Les  notions  
 géographiques  du  vieux  Odouinàta  n’étaient  pas  
 moins  étranges.  Il me  dit  que,  se  trouvant  un  jour  
 sur  la  cote ,  près  d’Apollonia  ,  il  avait  eu  envie 'de  
 faire  le  voyage  d’Angleterre  par  terre ;  qu’on  lui  
 avait  dit-qu’il  pouvait  arriver  en  Portugal en  trente  
 jours,  et que, de là en Angleterre,  les chemins étaient  
 'fo r t  bons. Il s’amusa beaucoup, en nous voyant brûler  
 quelques  cheveux  sur  la  tête  d’un  homme  de  sa  
 suite  avec un  verre  ardent  que M. Hutchison , qu’on  
 ne  soupçonnait  nullement,  tenait  à  quelque  distance. 
   Il  serait  impossible  de  peindre  l ’étonnement  
 que  cet  homme  éprouva.  « 
 Il  nous  fut  enfin'  permis  de  faire  des  courses  à  
 quatre  ou  cinq milles  de  la ville;  nous  nous  trouvions  
 absolument  comme  chez  nous.  Nous  sortions  
 rarement  le  matin,  parce  que  c’était  le  temps  des  
 audiences  du  roi.  Apokou  et  plusieurs  autres  capitaines  
 nous  faisaient  de  fréquentes  visites,  et  nous  
 amusaient  par  les  diverses  anecdotes  qu’ils  nous  
 contaient.  Dans  l ’après-midi  nous  allions  les  visiter  
 à  notre  tour.  Apokou  était  toujours  fort  g a i,  il  
 attendait  notre  arrivée  avec  impatience,  comme  
 l’instant  de  sa  récréation.  Il  nous  parlait  sans  réserve  
 de  la  politique  du  royaume  d’A schantie,  et 
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 î î o u s   faisait  des  questions  sans  fin  sur  l’Angleterre.’  
 i l   nous  demanda  pourquoi  notre  roi  n’avait  pas  
 chargé un de ses fils d’apporter ses présens  au  roi des  
 Aschantes,  et  pourquoi  un  roi  si  puissant  envoyait  
 en  Afrique  des  forces  si  peu  considérables.  Il  nous  
 fit  répéter  plusieurs  fois  l’histoire  de  la  campagne  
 «l’Espagne  et  ne  se  lassait  jamais  de  l’entendre.  Il  
 nous  donna  un  excellent  dîner :  Odoumata  nous  
 invita  aussi  plusieurs  fois.  Tous  deux  regardèrent  
 avec  le  plus  v if  transport  le  portrait  en  miniature  
 d’une dame anglaise, et firent venir toutes les femmes  
 pour  le leur montrer. 
 L e ro i,  satisfait  d’avoir  en  sa  possession  les  bons  
 de paye  qu’il avait  demandés,  crut devoir témoigner  
 sa  satisfaction  en  envoyant  au  gouverneur un  jeune  
 garçon et une jeune  fille pour  qu’ils fussent élevés au  
 Cap-Corse; il  me fit remarquer  qu’il  leur  avait passé  
 autour du cou  une plaque  d’or  semblable  à  celle  qui  
 distingue  les  seigneurs qui  sont  de service auprès de  
 sa personne. j& 
 Un  peu  de  froideur  de  la  part  du  roi  m’ayant  
 porté  à  croire  que  le  dernier  messager  revenu  du  
 C âp -C o r s e ,  Ocranamih,  qu’il  avait  particulièrement  
 recommandé au gouverneur, avait fait quelque  
 faux  rapport  sur  la manière  dont  il  avait  été  reçu ,  
 je  sollicitai  une  audience  du  r o i,  et  je  lui  exposai  
 sans détour mes  soupçons.  Il  me  répondit  que  ses  
 sentimens particuliers  avaient  effectivement  souffert  
 depujs  le retour  de ce messager; celui-ci lui avait assuré  
 qu’il  avait  à  peine  été  admis  en  présence  du