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 esclaves furent aussi immolés  à Bantama,  au-dessus  
 du  grand  bassin  de  cuiv re ,  afin  que  leur,  sang  se  
 melat  aux  différens  légumes  ,  et  aux  matières  animales  
 qu il  contenait,  pour  compléter  le  charme  ,  
 et  produire  un  fétiche  invincible.  Tous  les  chefs  
 tuent  plusieurs  esclaves,  afin  que  leur  sang  coule  
 dans  le  sillon  d’où  l’on  retire  le  nouvel  igname.  
 Ceux  à  qui  leur  fortune  ne  permet  pas  de  tuer  des  
 esclaves  ,  prennent  la  tête  d’un  de  ceux  qui  ont  
 été  déjà  sacrifiés,  et  la  placent  sur leur  sillon -fi)* 
 On  fond'tous les ans à la fête de l’Igname les orne-  
 mens  d or. portés  par  le  r o i,  pour  leur  donner une  
 forme aussi nouvelle  qu’il  est possible.  C ’est un  trait  
 de politique pour  éblouir  la  populace,  ainsi que  les  
 chefs  tributaires  qui  ne  viennent  qu’à  cette  époque  
 à Çoumassie, 
 Dix  jours  environ  après  la  fête,  toute  la  famille  
 royale  mange,  pour  la  première  fois  ,  de  l ’igname  
 nouveau  sur la  place  du  marché.  De  lendemain,  le 
 (i)  À la Contoum,  ou fête de la moisson ,  chaque famille  
 dans l’Ahanta,  érige  un  autel  grossier,  composé  de  quatre  
 pieux  enfoncés dan£ la terre ,  et de branchages mis par dessua  
 en travers.  Le  tout  est  alors couvert  de  feuilles nouvellement  
 cueillies, On immole un cochon, une brebis,  une chèvre,  ou  
 «ne  volaille ,  suivant  la  fortune de la  famille ;  les  parties  les  
 pins délicates  en sont placées sur  l’autel,  On fait alors un mélange  
 d’oeufs, d’huile et  de vin de palmier, du sang de l’animal  
 immolé,  et d’autres  ingrédiens,  qu’on dédie aussi au  fétiche ,  
 dans  de petits  pots  placés  Sur  l’antel.  Au  bout  de  quelques  
 jours, ces autels exhalent une odeur si infecte qu’il est presque  
 impossible d’en approcher ; cependant la superstition empêche  
 de les'détruire. 
 « 
 (  39 r  ) 
 roi  et  ses capitaines  partent  pour  Sarrasou  avant  le  
 lever  du  soleil, pour  faire  leurs  ablutions  annuelles  
 dans  la rivière  du Dah. Fresque  tous les habitans  le  
 suivent,  et  la  capitale  paraît- déserte.  Le  jour  suivant  
 ,  le  roi  se  baigne  dans  le  marais  qui  est  a  
 l ’extrémité  sud-est  de  la  ville ;  les  capitaines  bordent  
 des  deux  côtés  les  rues  qui  y  conduisent.  Il  
 est suivi de son  cortège i  il verse l’eau  de  ses propres  
 mains  sur  lui-même ,  sur  son  trône , sur  sa  vaisselle  
 d’or  et  d’argent,  et  sur  les différens  objets  particulièrement  
 consacrés  à son  usage.  Plusieurs  bassins  
 de  cuivre,  couverts  d’étoffes  blanches ,  contiennent  
 différens  fétiches.  O à   ne  tue  alors  qu’une  chèvre  
 et  une  brebis ;  mais  on  plonge  une  vingtaine  de  
 moutons dans l’eau  d’où on  les  retire  aussitôt  pour  
 les  tuer au palais dans l’après midi,  afin d’arroser ensuite  
 de  leur sang  les  sièges  d’honneur  et  les  jambages  
 des  portes.  Toutes  les  p orte s ,  les  fenêtres  
 et  les  arcades  du  palais  sont  barbouillées  d’un mélange  
 d’oeufs et d’huile de palmier,  il en est de même  
 des sièges d’honneur des différentes tribus et familles. 
 Lorsque  la  cérémonie  du  bain  est  terminée,  les  
 principaux capitaines  précèdent  le  roi au  palais, où,  
 contre  l’usage  ordinaire,  on  ne  laisse  entrer  que  
 les  personnes  du  premier  rang  ,  pour  voir  passer  
 la  procession.  Les  prêtres  du  roi  ouvrent  le  cortège  
 ;  ils  sont suivis de jeunes gens  portant  des  vases  
 remplis  d’eau  sacrée.  Ils  en  jettent  avec  des  branches  
 (1)  sur  les  chefs  dont les plus  superstitieux  se 
 f i )   «  Idem  ter socios purâ circumtulît undâ, 
 Spargens  rere  levi  et ramo  felicis olivæ.  »  Æn.  n