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 leurs moutons/une  espèce  de couverture grossière. 
 Les  habitans  de  la  côte  appellent  graisse  d’A s-  
 chantie  une  certaine  graisse  blanche  qu’ils  regardent  
 comme  une  production  dé ce pays ;  ils s’en  
 servent  tous  les  jours  pour  se  frotter  le  corps/dont  
 la  peau,  faute  de  cette  précaution,  devient  rude  et  
 raboteuse.  Les  Aschantes  l ’achètent  des peuples  de  
 l ’intérieur, et ce commerce leur rapporte beaucoup ;  
 c ’est un  beurre végétal  produit  par un  arbre  appelé  
 Timkiaj  c ’est  sans  doute  le  beurre  du  Shea  de  
 Mungo  P a rt.  M.  Lucas  fait mention  de petits  tapis  
 de  Turquie et de Mesurate, parriii  les marchandises  
 que  l’on  porte  du  Fezzairdans  le Caschna. Un  petit  
 tapis  ,se  vend  deux  onces  d’or  à  Coumassie.  Les  
 Aschantes  font  venir  la  plus  grande  partie de leur  
 ivoire de Kong,  où  ils donnent huit  ackies  ou  48 fr.  
 pour  une  très-grosse  dent  d’éléphant. 
 La  préférence  que  donnent  les Aschantes  aux  fabriques  
 de  soieries  et  de  lainages du Dagoumba  et  
 de  l ’Inta  vient,  non  seulement  dë  ce  qu’ils  y   sont  
 accoutumés depuis long-temps, mais aussi de ce qu’ils  
 les  obtiennent  par voie  d’échange.  Les  boussies  ou  
 gourous',  le. sel  qu’ils  obtiennent  aisément,  et  qui  
 donne  un  bénéfice  prodigieux;  une  petite  quantité  
 dë marchandises  qu’ils ont  achetées  aux Européens,  
 telles que  le rhum  et  le  fer  (1),  leur  procurent  les 
 (1)  Quoique l’on fabrique  du  fer en Dagoumba, celui d’Europe  
 est  infiniment  plus  recherché.  Le  premier  est  un  acier  
 imparfait contenant un mélange de minérai mal épuré. 
 objets  de  luxe  et  d’agrément,  dont  ils  ne  peuvent  
 se  fournir  aux  comptoirs de  la  côte  qu’en donnant  
 de  l’or  et de  l’ivoire.  Tous, même ceux  dont  la  cupidité  
 n’est  pas  aussi  prononcée,  sont  jaloux d’entasser  
 leur  o r,  afin  de  pouvoir,  au moment  où une  
 guerre soudaine éclate,  acheter une grande  quantité  
 de  poudre  et  de  fusils,  et  se  mettre  ainsi  dans  les  
 bonnes  grâces  du  roi  et du  gouvernement. 
 Si  les  Aschantes  étaient  un  peuple  commerçant,  
 ils pourraient  réaliser  d’immenses  richesses en achetant  
 une  grande  quantité  de  marchandises  européennes  
 pour  les  revendre  ensuite  aux  peuples  de  
 l ’intérieur  qui  n’en  sont  pas  moins  avides  qù’eux.  
 Mais  loin  d’exploiter cette mine fertile, en  devenant  
 les entremetteurs de  ce  trafic,  ils  n’achètent  que  ce 
 qui leur est personnellement nécessaire, sauf un léger 
 excédant  qu’ils  échangent  contré  des  draps,  des  
 soieries  et du  tabac  dans les marchés de l’Inta  et du  
 11®  sont aussi  peu  enclins  au  commerce  
 que  les Romains l ’étaient dans  l ’enfance  de la  république; 
  et,  quand même ils  le seraient,  leur  gouvernement, 
   persuadé qu’un état  ne peut  s’agrandir  que  
 par les conquêtes, réprimerait-, plutôt qu’il n’encouragerait, 
   ce  penchan t ,  de peur que l ’attrait du  commerce  
 ne  finît  par  énerver  leur  courage,  et que les  
 marchands, devenant un corps trop formidable pour  
 que  l’on  pût  s’opposer à  leurs  vues,  ou  trop habiles  
 pour  qu’on  découvrît  leurs manoeuvres,  ne  fussent  
 prêts à  sacrifier  la  gloire  et  l’intérêt  national  à  leur  
 cupidité et  à  leur avarice,  en  fournissant aux peuples