contre nous, firent qu’il nous traita avec moins d’égards
et plus de hauteur. Lprsque j’allais chez le
ro i, j’étais toujours précédé du pavillon anglais,
des cannes d’ôr et de nos soldats, cependant les
capitaines me forçaient rudement à leur céder le
pas ainsi qu’a leur suite, et l ’on nous faisait attendre,
dans une cour extérieure, des heures entières.
La dernière fois que cela m’arriva, sachant
fort bien qu’on nous traitait ainsi de propos délir
béré,, je retournai à notre logement où je ne tardai
pas à recevoir une invitation du roi à me rendre
devant lui. Je lui représentai alors què, comme officier
chargé par le gouvernement britannique de conclure
un traité avec lui, je ne pouvais me soumettre
à aucune manque de respect dans son palais,ni souffrir
que le pavillon anglais cédât le pas à qui que ce fût
sinon à lui comme roi; que.s’il ne s’agissait que de,
moi individuellement, je m’arrangerais avec ses capitaines
sur ces points d’étiquette; mais que je nè le
pouvais, d’après les usages d’Angleterre; car, si je
le faisais, mon épée me serait retirée à mon retour
au Cap-Corse.
Cette déclaration produisit l’effet que j’en attendais.
Une proclamation du roi fut publiée, au son des
gong-gongs, dans toutes les rues, pourannoncer que
tous les capitaines devaient céder le pas au pavillon
anglais, à l’audience suivante, les interprètes du roi
vinrent nouschercherlespremiers, en nous apportant
en présent, suivant l ’usage, du rhum et un mouton'.
Nous fûmes suivis par Amanquatea, Quatchiç-
Quophi, ApokouetOdoumata, les quatre capitaines
composant le conseil p rivé, aristocratique, qui forme
le contre-poids de la puissance royale. Le premier,
dont l’autorité ressemble à celle des maires du palais,
sous la première race des rois de France, nous envoya
son interprète et ses sabres d’or pour nous
complimenter.
Je profitai de l’impression, que j’avais produite,
pour demander une audience, afin de discuter le
traité; l’ayant obtenue, j’en lus le projet au roi et
à son conseil, en le soumettant, article par article,
à leur considération; il fut débattu pendant deux
jours consécutifs. Le 22 août, je fus encore mandé
pour eu faire la lecture devant l’assemblée des capitaines,
qui étaient assis, avec leurs guerriers et leur
suite, dans la grande cour du palais, avec toute la
pompe et tout l’appareil qu’ils présumaient pouvoir
nous imposer. Les soeurs du roi et les autres femmes
de sa famille, suivies d’un nombreux cortège , étaient
assises par derrière sur une sorte d’estrade. Lès
députés des villes des Fautes de Fintérieur étaient
placés à portée de la voix, D’affreux trophées de
crânes et d’ossemens; humains se mêlaient à l’or qui
brillait de toute part, et la foule était si grande, qu’à
peine pouvait-on se faire jour à travers. Nous fûmes
placés près du roi, en face de ses interprètes.
En lisant le traité, je m’arrêtais à chaque article;
les interprètes le répétaient au roi, et je restais assis
tandis que l’assemblée le discutait. Je n’entrerai pas
dans le détail des observations qui furent faites, je