Lesloisd’Àschantieaccordentau roi 3,533 épouses,
nombre qui est toujours tenu soigneusement au grand
complet, afin que le monarque puisse offrir des
femmes à ceux de ses sujets qui font quelque action
d é c la t, mais on ne le dépasse jamais, parce qu’il est
regardé comme mystérieux. Plusieurs de ces femmes
habitent la maison de campagne du roi à Barra-
mang ; un plus grand nombre demeure dans un petit
v illage, derrière le palais ; le reste, dans deux rues
de la capitale. Elles occupent exclusivement ces dif-
férens endroits dont leurs pardntes et les messagers
du roi peuvent seuls approcher : encore ne leur est-
il permis de leur parler qu’à rentrée du village ou
des rues qui sont fermées de chaquë côté par des
portes de bambou constamment gardées par des sentinelles.
Il y en a sans doute beaucoup .que lé roi n’a
jamais vues. S ’il épouse une petite fille à la mamelle,
ce qui est assez ordinaire , dès ce moment elle ne
sort plus delà maison où elle est élevée, et ne peut
voir que ses parentes, et jamais aucun homme.
Il est rare que le roi ait plus de six épouses qui
demeurent avec lui dans le palais. Quaild le traité
fut signé , il y en avait environ trois cents d’assemblées;
le chambellan du roi et les chefs des différentes
branches de l’administration furent seuls
admis à l’audience. On ne leur parlait que par l ’intermédiaire
de leur interprète particulier, vieillard
très-déerépit; la plu part'étaient fort jolies, et parfaitement
bien faites. Lorsqu’elles sortent, ce qui est
très-rare, elles sont entourées et précédées de
troupes de petits garçons, armés de courroies et
de fouets de peau d’éléphant ; ils en frappent violemment
quiconque ne s’enfuit pas à leur approche,
en se couvrant les yeux des deux mains : quelquefois
le coupable est en outre condamné à une forte
amende. Le bouleversement et la confusion que
leur arrivée occasionnait dans les rues les plus fréquentées
d e là ville étaient extrêmement comiques :
capitaines, cabocirs,esclaves, enfans ,tous se culbutaient
les uns sur les autres, dans leur empressement
à fuir le redoutable fouet. J’appris ce que l’entretien
de ces trois mille trois cent trente-trois femmes
coulait journellement au r o i , mais je ne m en souviens
pas exactement. On dit qu’elles vivent avec la
même magnificence que le monarque ; il n y a que
le chef des ennuques qui puisse porter un message
au r o i , lorsqu’il esLdans le harem du palais.
J’ai déjà dit que les soeurs du roi sont non seulement
autorisées à prendre pour amant tout homme
de bonne mine , mais que même chacune peut
choisir-qui elle ventpour époux , quelque basse que
soit d’ailleurs Fexiraetion de celui-ci, pourvu qu’il
réunisse tous les avantages physiques. Le roi lui
annonce lui-même sa bonne fortune : nous avons
déjà vu la raison de cet usage. Mais si la noble épouse
meurt avant son mari, il est d’usage, à moins qu il
ne soit né d’un rang élevé , qu’i l se tue à cette occasion
funeste ; il en est de même, s’il n a qu un enfant
mâle et s’il le perd. Pour peu qu’il hésite , on lui
rappelle fortement que l’une et l ’autre sont ses