mousqueterie nous entouraient dune épaisse fumée
qui ne nous permettait de voir que les objets qui se
trouvaient près de nous. On nous fit faire halle pendant
que les capitaines exécutaient une danse pyr-
rhique au milieu d’un cercle formé par leurs guer-
rieis. On y voyait une multitude de drapeaux
anglais » hollandais et danois ; ceux qui les portaient
les agitaient en tous sens avec un enthousiasme
, ? Ü1 ne Pouvait se comparerqu’à celui que mettaient
a leur danse les capitaines q u i, tout en dansant et
en faisant des gestes et des contorsions denergu-
mènes, tiraient des coups de fusil de si près, que
les drapeaux ne se voyaient qu’au milieu des tourbillons
de feu et de fumée. Leur suite, placée derrière
nous, faisait aussi des décharges coi tinuelles.
L e costume des capitaines était le bonnet de guerre,
orné de cornes de bélier dorées, qui leur couvraient
le front, chargé, desdeux côtés, d’une immense
quantité de grandes plumes d’aigles, et attaché
sous le menton par une chaîne de eau ris. Leur
vêtement était de drap rouge, qu’on apercevait à
peine sous la multitude de fétiches et de saphies (1)
en or et en argent, et d’ornemens brodés dé toutes
couleurs qui les couvraient, et qui battaient contre
leur corps pendant qu’ils dansaient. D ’autres orne-
mens étaient mêlés de petites sonnettes de cuivre,
de cornes ét de queues de divers animaux, de
(i) Espèce de talisman que font et que leur yendçnt les
Mores.
coquilles, de couteaux. Leurs bras étaient nus, et
des queues de léopard y étaient suspendues. Ils
portaient des pantalons de coton fort larges, et de
grandes bottes de cuir rouge qui montaient jusqu’à
moitié de leurs cuisses, et qui étaient .attachées
à leur ceinture par de petites chaînes. Æettir^ein-
tnre était aussi ornée de sonnettes, de queues de
chevaux , de morceaux de cuir et d’un nombre
infini d amulettes. Un petit carquois rempli de
flèches empoisonnées était suspendu à leur poignet
droit,., et ils tenaient entre les d^nts une longue
. chaîne de fer au bout de laquelle était suspendu un
papier chargé de caractères moresques. Ils p o r-
taientà la main gauche une petite javeline couverte
d’étoffe rouge et de morceaux desoie. La peau noire
de leur visage et de leurs bras ajoutait à l’effet de
ce costume singulier, et leur donnait une figure à
peine humaine.
Ce spectacle dura environ une demi-heure, après
quoi nous nous remîmes en marche, entourés des
militaires et d une foule de peuple qui ne nous
permettait d’avancer que très-lentement. Toutes
-le s rues , à droite et à gau che , étaient couvertes
d une foule de curieux; et ces dernières
montant en amphithéâtre, on n’y apercevait que
des têtes noires rangées au-dessus, les unes des autres.
Les grands péristyles, régnant le long, des maisons,
étaient remplis de femmes et d’enfans empressés
d e vo ir des blancs pour la première. fois.
Leurs exclamations de surprise se perdaient dans le