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 et  le  gouverneur  désiraient être  ses  amis,  
 et qu’ils  ne m’approuveraient  pas. 
 Je lui  répondis que  j avais  fait non  seulement tout  
 ce  que  mes  instructions  me  permettaient ,  mais  
 meme  davantage,  et  que  tout  ce  que  j’avais  à  
 craindre  était  d’être  blâmé  d’avoir  resté  si  Ions- 
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 temps  après  qu on m’avait manqué  deparóle;  que,  
 comme  individu  ,  j’étais  plein  de  reconnaissance  
 pour  les  bontés  du.roi;  mais  que,  comme  chargé  
 d ’une mission importante,  c ’était toute  autre chose ;  
 qu’après  que  nous  avions  fait  tout  ce, qu’il  avait  désiré, 
   on  avait suscité nue  nouvelle  difficulté en  voulant  
 que  le gouverneur  se  chargeât d’une  affaire qui  
 lui  était  aussi  étrangère  que  la  guerre  contre  Bun-  
 touko;  qu il s’agissait maintenant de régler le traité;  
 que  le  roi m’avait  promis  de me  voir  ce  soir ;  que  
 j’avais  dit  que  je  partirais  s’il  n’en  faisait  rien,  et  
 que  je  devais  tenir ma  parole,  parce  que  tout  officier  
 anglais qui  y  manquait,  perdait  son  épée. 
 Le  tumulte  recommença  dans  l ’assemblée;  mais  
 le roi  imposa silence,  et j’obtins  le  triomphe dont  je  
 m’étais flatté.  Il  me dit  que  j’avais  raison, mais qu’il  
 avait eu  à  penser à  bien des affaires;  que le traité lui  
 plaisait, mais que néanmoins il me priait d’attendre j us-  
 qu’au lendemain,  afin  que tous ses  capitaines fussent  
 présens.  Le lendemain  matin,  le premier interprète  
 vint me  dire  que  des nouvelles  reçues  dans  la  nuit  
 avaient obligé le roi à partir  sur-le-champ pour Ber-  
 ramang,  village  situé  sur la'route  de  Sallagha,  ca- 
 ^îtale  de  l’Inta,  mais  que  je  recevrais  des  nouvelles  
 de lui  le  jour  suivant;  que  si  même  je  voulais  l’y   
 suivre,  il  avait  reçu  du  roi  l’ordre  de  nous  fournir  
 des  porteurs  de  hamacs.  Je  fis  effectivement  ce  
 voyage  le  lendemain,  et  j'en  donnerai  les  détails  à  
 la  fin  de  ce  chapitre,  pour  ne  pas  interrompre  le   
 fil  des  événemens relatifs à notre mission. 
 Apokou,  à  qui  le  roi  avait  confié  le  soin  de  la  
 capitale  en  son  absence,  vint,  par  son  o rd r e ,  me  
 faire  une visite  de  cérémonie,  avec  toutes  les marques  
 de sa  dignité ; il m’assura  que ce prince  reviendrait  
 le  lendemain,  et  qu’il  n’y   aurait  plus  d’obstacles  
 au  traité. Une  nouvelle  altercation  s'éleva  dans  
 la  .soirée.  Un  messager,  arrivant  du  Cap-Corse,  
 m’annonça que  le messager  d’Adou  Bradië qui  l ’accompagnait, 
   avait  gardé  les  dépêches.  J’envoyai  
 chez Apokou deux porteurs de cannes à pomme d’op-  
 pour  en  demander  la  remise,  mais  inutilement.  Je  
 m y   rendis  moi-même;  il  me  répondit  que  je  ne  
 pourrais  les  avoir  qu’après  le  retour  du  roi.  Je  fis  
 d e  si fortes remontrances,  qu’il me renvoya à Adouss 
 i,  premier  interprète  du  roi.  Celui-ci me  dit  qu’il   
 n’osait  se  mêler  de  cette  affaire;  sur  quoi  j’allai  
 chez  Adou  Bradie.  J y   trouvai  le  messager,  je  lui  
 demandai  les  dépêches,  il  me  les  remit.  Je  les  
 avais  à  peine  lues,  qu’Adoussi,  suivi  de  quelques  
 capitaines et d’une  centaine  de  soldats,  vint me demander  
 de  lui  remettre  mes  lettres  jusqu’au.retour  
 du  roi.  Je m’y   refusai  avec  indignation,  lui  disant  
 qu’une  telle  demande  serait un  affront pour le  der