
 
        
         
		(  S é   ) 
 frappa à  la bouche et bai  emporta  quatre  dents; une  
 autre  lui  traversa le bras gauche. Un  officier  et deux  
 soldats  furent  blessés;  un  soldat  fut  tué. 
 Les choses prenaient  alors un aspect  plus  sérieux  
 et  plus  inquiétant  qu’on  ne  l’avait  pensé;  la  garnison  
 ne pouvait douter que les Aschantés ne  fussent  
 bien déterminés  à faire  tous  leurs  efforts  pour s’emparer  
 du  fort,  où  ils  espéraient  trouver  un  butin  
 considérable.  La garnison  ne  consistait qu’en  vingt-  
 neuf personnes ; savoir : M. W h ite ,  quatre  officiers1,  
 quatre  mulâtres  libres  et  vingt  hommes,  soldats,  
 ouvriers  et  domestiques;  elle  comptait  pourtant  
 beaucoup sur la  force  de  sa  position.  Les murailles  
 du  fort  étaient très-hautes  et  bien  flanquées,  et les  
 portes étaient solides et bien barricadées à l ’intérieur.  
 L e  gouverneur, considérablement affaibli par le sang  
 que  ses blessures  lui  avaient  fait  perdre,  fut obligé  
 dé  quitter  les  reïnparts,  et  de  laisser  le  commandement  
 au  plus  ancien  officier  quij  s'apercevant  
 que  le  canon  produisait  peu  d effet, parce  que  les  
 Aschantes ajustaient avec tant d’adresse, qu’ils tuaient  
 ou  blessaient chaque homme qui  se montrait à  une  
 embrasure,  ordonna  qu’on  ne  fit  plus  usage  que  
 du  fusil. 
 L a  garnison  se trouva enfin  réduite à huit hommes  
 en  état  de  taire  un  service  actif.  Les  Aschantes  
 mirént tout en  oeuvre  pour  forcer  la  porte  du  côté  
 de  l ’ouest; mais  ils  furent  répoussés  deux  fois  avec  
 perte  par le feu dé la mousqueterie.  Ils s’avancèrent  
 une autre fois en apportant des matières combustibles 
 pour metttre le feu à  la porte; et,  après avoir encore  
 été  forcés  de  se  retirer,  ils  n’en  continuèrent  pas  
 moins  l’attaque jusqu’à six heures  du soir. Dès qu’ils  
 eurent  suspendu  les  hostilités,  la garnison  s’occupa  
 à  se  mettre  en  état  de  défense,  dans le  cas où  ils  
 voudraient  livrer  un  assaut  pendant  la  nuit. 
 Le  lendemain,  les  premiers rayons  du  jour  firent  
 voit le  spectacle de  toutes les horreurs de la guerre.  
 Des  monceaux  de morts  et  de  blessés entourant les  
 murs du  fort,  et  couvrant  lè  rivage  jusqu’à  la  distancé  
 d’un  mille  du  côté  de  l’e s t,  des  maisons  
 détruites;  d’autres  qui  brûlaient  encore;  l’air  de  
 consternation  des*  vieillards  réfugiés  dans  le  fo r t;  
 les  làmèntations  déplorables  des  femmes et des enfans; 
   tout présentait  un  effroyable  tableau  dont  on  
 détournait lés yeqx  en frémissant- 
 On’peut calculer que là population  de la ville montait  
 au moins à quinze mille  ames.il en  périt  environ  
 les  deux tiers. Près  de deux mille se réfugièrent dans  
 le  fort,  environ  deux  cents  parvinrent  à  gagner un  
 rocher entouré  par  la mer ,  à  une  portée  de  fusil du  
 rivage ;  deux  à  trois mille  se dispersèrent  de côté  et  
 d’autre ,  et  se  sauvèrent malgré la vigilance des  Às-  
 chantes. Bien  certainement plus de huit mille Fantes  
 perdirent la vie danscette affaire; mais,  quoiqueleurs  
 ennemis fussent  au moins  trois  fois  plus  nombreux,  
 si les Fantes  avaient  eu  le tiers de  leur  bravoure,  ils  
 leur auraient  opposé plus  de  résistance,  et auraient  
 probablement  refroidi  leur  ardeur  et  leur  impétuosité. 
   Au contraire,  ils furent  saisis de  terreur dès le