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   e t ,  lorsque  nous  disions  que  non  seulement  
 chaque homme  n’avait  qu’une  femme  qui  possédait  
 seule  l’attachement  de son  mari,  et  que chaque  fille  
 avait  le  précieux  privilège  de  choisir  son  époux,  il  
 est  impossible  de  décrire  l’effet  comique  que  ces  
 discours produisaient sur  les  femmes qui  nous écoutaient.' 
 Elles  s’approchaient  de  nous,  essuyaient  la  
 poussière  de  nés  souliers, ‘écartaient  de  nous  avec  
 soin  les  mouches  et  les  insectes,  tandis  que  les  
 hommes,  nous  mettant  la  main  devant  la  bouche,  
 n o u s   disaient  de  ne  point  parler  davantage  de  ce  
 sujet,  faisaient tomber la conversation  sur la guerre,  
 et  renvoyaient  les  femmes  dans  1 intérieur  de  la  
 maison. 
 Un des  interprètes du roi était un  vieillard nommé  
 Quancum.il parlait rarement; mais on semblait avoir  
 beaucoup dé déférence pour ses avis ,  et le roi paraissait  
 le consulter plus souvent  qu’aucun  de  ses  autres  
 conseillers.  I l avait  été  interprète  des  deux  prédécesseurs  
 de  Saï Toutou,  qui  avaient  souvent  paye  
 des sommes  considérables  pour les dommages et intérêts  
 auxquels ses intrigues l’avaient fait condamner.  
 L ’âge  n’avait, pas  amorti  sa  flamme  amoureuse;  
 quoique  le  roi  actuel  lui  eût  fait  les  remontrances  
 les plus amicales, et lui eût représenté qu’en payant,  
 comme il l’avait fait plusieurs  fois, de fortès sommes  
 pour  son  inconduite,  il semblait presque 1 autoriser,  
 Quancum retombait toujours dans la  rncme  faute;  il  
 avoua au  roi  qu’une de  ses femmes qu’il aimait beaucoup  
 avait l’art  d’entretenir en  lui  cette ardeur.  Peu  
 de temps  après, on le découvrit en intrigue avec une  
 femme  d’un  des  premiers  capitaines.  Le  roi  refusa  
 d ’intervenir en sa faveur ,  le  capitaine  ayant déclaré  
 qu’il s’embarrassait  peu  des  dommages  et  intérêts,  
 mais qu’il voulait la punition du coupable.  Quancum  
 fut donc dépouillé de  tout ce  qu’il possédait, même  
 de  son  lit.  La  femme  favorite  fut  comprise dans la  
 confiscation  ;  le  capitaine,  la  trouvant  à  son  gré  ,  
 l’impértune des plus belles promesses pours’en faire  
 aimer; mais ellelui déclara qu’elle le haïrait toujours,  
 et  demanda  à  être  vendue.  Après  beaucoup  d’instances, 
   le  capitaine  y   consentit,  à  condition  quelle  
 lui  remettrait  tous les présens qu’elle  avait  reçus  de *  
 Quancum. Elle  demanda  que son  fils  pût  couserver  
 une  certaine  quantité  d’or  que  Quancum  lui  avait  
 donnée  depuis  peu;  le  capitaine  y  consentit,  et  la  
 vendit  à  un  cabocir  d’une  province  éloignée.  Mais  
 son  fils  la  suivit,  racheta  sa  mère  avec  l’or  qui  lui  
 avait  été  laissé,  et  la  reconduisit  à  son  père.  L e  
 ro i,  touche  de  cette  conduite,  donna  une  maison  
 à  Quancum,  lui  fournit  le  mobilier  et  l’or  nécessaires  
 pour  sa  subsistance,  celle  de  sa  femme  et  de  
 son  fils,  et  lui  fit  prêter  un  serment  solennel  de  se  
 dévouer désormais à cette  femme seule, de  ne jamais  
 chercher  à  racheter  aucune  des  autres,  et  de n’entretenir  
 aucune.intrigue. 
 J ’emploierai  les propres expressions de M. Tedîie  
 pour  décrire  l’entrevue intéressante qu’il eut  avec le  
 r o i, lorsque  ce prince le pria de lui expliquer l’usage 
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