
 
        
         
		(  ) 
 mestiquès  pussent  s’emparer  des  restes  du  dîner /  
 daprès  les  ordres  exprès  du  roi.  Lorsqu’il  revint,  
 retrouvant du  vin  et  des  liqueurs,  il  leur  ordonna  
 aussi  d en  faire  leur  p rofit,  et  leur  fit même  donner  
 la  nappe  et  toutes  les serviettes. Nous partîmes  
 vers  cinq  heures,  et  le  roi  nous  accompagna,  jus—  
 qu au  bout  du  village ,  ou  il  nous prit  la  main  ,  en  
 nous  souhaitant  une  bonne  huit.  Nous  rentrâmes  
 dans  la  capitale  peu  après  six  heures,  très-satisfaits  
 de notre promenade  et de  l’accueil  que  nous  avions  
 reçu. 
 Quamina Boua,  notre  guide,  avait  été  fort m a l,  
 mais  il  était  en  convalescence,  grâce  aux  soins  de  
 M.  Tedlie,  quand  son  intempérance  lui  occasionna  
 une rechute.  Il lui  survint un  engorgement au  fo ie ,  
 et  son mal  fut  aggravé  par  la quantité  des potions  
 charmées qu on  lui  fit prendre.  Le  voyant enfin  sans  
 ressources,  M.  Tedlie,  qui  est  fort habile  dans  les  
 opérations chirurgicales, désirait lui scarifier le foie;  
 mais,  malgré mon  entière Confiance  dans son  jugement  
 et  son  habileté,  je  regardais  notre  situation  
 comme trop critique pour courir un pareil risque. Un  
 jeune  Fante  s’étant  cassé  la  jambe,  et  sa mort  paraissant  
 inévitable,  ses  parens  désespérés  s’adressèrent  
 au  chirurgien  d’un  fort  anglais  qui  lui  fit  
 1 amputation,  et  q u i,  après  des  soins  longs  et assidus, 
   lui  rendit la  santé,  à  la  grande  surprise  de  sa  
 famille. Mais  bientôt  les  parens  de  l’enfant  l’appor- 
 ( m   ) 
 tèrent au  f o r t «  Comme le  doctçur blanc  a coupé  
 la  jambe  du  pauvre  enfant,  dirCnt-ils,  et  qu^il  ne  
 peut plus travailler,  nous  venons  savoir  ce  qu’il  lui  
 donnera pour  le  faire subsister.  » 
 Jusqu’au  dernier  moment,  on  chercha  à rendre  
 la  santé  à  Quamina  Boua  à  force  de  charmes;   il  
 mourut  au  milieu  des  hurlemens  d’une  foule  de  
 vieilles sorcières qui enduisaient  les murs,  les portes  
 et  tout  ce  qui  l ’entourait,  de  jaunes  et  de glaires  
 d’oeufs, et de je rie sais combien  de sauces différentes.  
 J ’oublie  combien  de  moutons  il  avait  sacrifiés  aux  
 féliches  par le conseil de  ces  harpies. Lorsque le roi  
 apprit qu’il  était malade,  il  lui  envoya  un  mouton  
 et  un  périguin  d’or.  Quamina  avait  été  chargé  de  
 négocier avec M. W h ite   ,  après  le blocus  du  Cap-  
 Corse  en  1815 ,  lors  de  la  troisième  invasion  des  
 Aschantes;  il  s’était  rendu  odieux  par  ses  extorsions. 
  Le  roi en  ayant été  instruit,  le  disgracia ;  e t ,  
 comme  Quamina  aimait  la  dépense,  il  ne  tarda pas  
 à  se  trouver dans la  gêne.  Etant  dans  le  village  de  
 Payntrie  , lorsque nous  y   passâmes,  il  obtint la permission  
 de  nous  servir  de  gu id e ,  espérant  par  là  
 réparer  un peu  le désordre  de  ses  finances. A   l’exception  
 d’Adoussi,  premier interprète du  r o i,  c ’était  
 le coquin  le  plus  effronté  que  j’eusse  jamais vu. 
 La  tête  d’un  cabocir  du  royaume  d’Akim  arriva  
 à Coumassie vers la même  époque.  Le  roi  et le gouvernement  
 d’Aschantie  avaient  demandé  à  chaque  
 village  de  ce  pays  vingt  périguins  d’o r ,  pour  les  
 punir  de  leur  dernière  révolte.  La  moitié  de  cette