Les Mores appellent le Niger Quolla, à Ginnie, à
Sansanding, etc. ; ils décrivent le Joliba comme se
joignant au Quolla, a l’est de Tombouctou. Lorsque
je leur parlai des conjectures d’après lesquelles le
grand fleuve de l’Afrique se jette dans un grand
la ç , ils se mirent à rire , et argumentèrent de manière
à faire rougir bien des savans. « Dieu, disent-
ils , a fait couler tous les fleuves vers la mer,- vous
dites que même de petits fleuves s’y rendent: le
Quolla est le plus grand fleuve du monde; pourquoi
ne s’y rendrait-il pas aussi ? S’il se perdait dans
un lac, où les eaux iraient-elles?.» Ils disent que le
Quolla a environ cinq milles de largeur, que le lit
en est très-rocailleux, parce que, des deux côtés, les
rives sont très-hautes et très-escarpées ; que, dans
beaucoup d’endroits , les canots mettent souvent un
jour à parcourir un-trajet fort court, à cause des bourrasques
et des tournans dangereux ; dans d’autres ,
le courant est très-rapide."
Suivant eux, la mer Méditerranée ne mêle pas ses
eaux à celles de l ’Océan. Sept .fleuves de l ’Afrique
dirigent leur cours vers cette mer; mais deux seulement
, dont un est le N il, arrivent sur ses bords.
Les eaux du Nil et celles des la mer se rencontrent
avec une si grande impétuosité, que le choc fait
jaillir en l’air les vagues écumantes ; elles se retirent
ensuite, comme si elles étaient allées se briser contre
un rocher. Us appellent la mer Méditerranée Bahari
Mail. Suivant eux , la mer Rouge change de couleur
à différentes époques, ce qui provient de la cou-
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leur des eaux de sept fleuves qu’elle reçoit. C ’est
pour cela qu’ils l’appellent Madjoumael Bahari, ou
confluent des fleuves. Us aiment beaucoup les
nombres mystérieux: ils emploient le,nombre sept
à tout propos. Us appellent le laç Candie, Bahari
Nohou, ou mer de N o é , d’après leur tradition, que
de là le déluge se répandit Sur toute la terre. Us le
décrivent comme entouré de rochers ; au pied de
ceux-ci est un lit de sable , qui est baigné par l ’eau.
On peut douter un peu de la fidélité de cette description
; car, sur une carte de la terre, tracée par
Baba, le monde.est rond, entouré d’une ceinture
de rochers. La mer coule entre ces rochers et la
terre qui est placée au centre. Cette idée n’est
pas particulière aux Mores „ elle est commune à
toutes les nations barbares; mais si nous rejetons,
avec raison, leurs folles conjectures sur une infinité
de points, cë ne serait pas une grande preuve de
sagesse que de rejeter tous les renseignemens qu’ils
peuvent donner. L ’homme raisonne et réfléchit dans
1 état de b a r b a r ie a u s s i bien que dans l ’état de
civilisation; il approfondit la nature des choses;
et s il n en donne pas toujours des explications
justes, souvent du moins il en donne de plausibles.
Les Mores disent que le bruit que l’on entend
lorsque l’on se bouche les oreilles, est le roulement
des eaux de libation dans le paradis. Mahomet purifie
dansnces eaux tous ceux qu’il sauve de l ’enfer avant
qu’ils soient admis à partager le sort des bienheu