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des philologues les plus habiles. Depuis Apollonia
jusqu’au Y^lta , dans une étendue de côtes qui n’est
que de 3oo milles , on parle six langues différentes.
L ’art oratoire est plus cultivé en Aschantie., que
dans les contrées qui Tavoisinent, aussi la langue
de ce pays peut-elle être considérée comme le dialecte
attique l ’était en Grèce. L ’oreille est frappée
de son euphonie , comparativement aux autres idiomes;
ce qui doit être attribué au fréquent emploi
des voyelles et à la rareté des aspirations.
Dans les langues de Fantie et d’A c c r a , 011 reconnaît
encore une simplicité primitive. On y trouve
peu de conjonctions, encore moins d’adverbes. Les
.prépositions y sont souvent remplacées par un verbe.
Les degrés de comparaison se forment de la même
manière. Au lieu de dire : Paul est plus riche que
Pierre, ou dira : Paul passe Pierre en richesse j et,
pour exprimer le superlatif, on dira : Passe tout.
On y trouve les pronoms personnels, mais il n’y a
pas de distinction de genre pour celui de la troisième
personne, et le même mot signifie ¿7ou elle.
Les verbes passifs sont inconnus; on exprime l ’idée
du passif par une circonlo cution qui ramène le verbe
à l’actif. Les Fantes ne connaissent le verbe être
qu’au présent. Ohjea, il est. Nos interprètes même,
qui parlent anglais assez couramment, ne savent
pas employer ce verbe , et ils y substituent presque
toujours demeurer, disant par exemple : Vos clefs
demeurent dans votre poché.
Les Aschantes font beaucoup de gestes en parlant,
mais ne sont pas dénués de grâces. Leurs inflexions
de voix font de leurs discours une sorte de
récitatif. En prononçant le même mot, ils varient
fort souvent de ton, parce qu’ayant plusieurs significations,
ils le prononcent suivant le sens qu’ils
veulent lui donner. Us n’ont aucune tournure pour
adoucir la dureté des mots : Vous mentez. Un jour
que j’essayais d’expliquer au roi la différence qui
existe entre un mensonge et.une erreur ou une méprise,
il parut fort étonné, et me répondit que dans
l ’un comme dans l ’autre cas on ne disait pas la vérité,
et que par conséquent ou mentait. Ils considèrent
le fait et non le motif.
De même que les langues de l’Amérique r celles'
de cette partie de l ’Afrique sont pleines de figures
hyperboliques et pittoresques. Ün roi de l’intérieur,
dans les états duquel les Aschantes menaçaient depuis
long-temps de faire une invasion, envoya à
Coumassie quarante pots d’huile de palmier, en leur
faisant dire qu’il craignait qu’ils n’en trouvassent pas
le chemin , et qu’il leur-envoyait de l ’huile pour les
éclairer. A A c c ra , au lieu de' vous souhaiter une
bonne nuit, on vous dit : « Dormez jusqu’à ce que
le monde soit éclairé. »
La musique sauvage de ces peuples ne peut se
juger d’après les règles ordinaires de l’harmonie ;
cependant leurs airs sont doux et animés. Leurs
instrumens, pris .séparément, ne rendent pas des
sons très-mélodieux ; mais plusieurs, combinés ensemble,
produisent quelquefois un effet surprenant.