pus lui dire, et me répondit qu’il en avait été trop
souvent et trop grièvement outragé. La seule chose
que j’obtins fut que le général Daendels n’entrerait
plus pour rien dans cette négociation.
Je distribuai aussi convenablement qu’il était possible
les présèns que le gouverneur m’avait envoyés,
entre les principaux Mores, les quatre capitaines
composant le conseil aristocratique qui contrôle le
r o i , ses quatre interprètes, son frère qui est l’héritier
présomptif du trône, le propriétaire de la maison
que nous occupons, et quelques autres capitaines.
Regardantcomme très-important de donner aux pays
voisins des impressions favorables sur notre compte ,
je ne négligeai rien pour me concilier l ’amitié d’un
More jouissant d’une grande influence, et qui était
sur le point de retourner à Houssa , en passant par
Sallagha du Sarem , capitale du royaume d’Inta, et
l ’entrepôhde commerce le plus considérable de l’intérieur
de la Nigritie.
L e 9 juillet, le roi écrivit une seconde lettre aut
gouverneur pour lui expliquer ses griefs contre les
habitans de Commenda; il lui mandait qu’il exigeait
d’eux deux mille onces d’o r , et qu’il le priait de régler
celte affaire. Il envoyai au gouverneur, pour la
traiter avec lui, son neveu favori, Adou-Bradie , fils
de Saï-Quamina, l’un de ses prédécesseurs, qu’il fit
acompagner par un de ses capitaines nommé Quan-
trie. Il finissait par dire v « Il faut que vous écriviez
dans votre grand livre que le roi est votre ami,
( !Q7 )
ttfin que tous les gouverneurs fulurs du Cap-Corse
puissent le lire. »
Je fis, le même jour, m'a première visite à Baba, le
principal chef des Mores, et je lui offris du papier,
des plumes, de l’encre et des crayons. Il accepta
avec grand plaisir le papier et les crayons, mais il
parut préférer son encre végétale et ses plumes de
roseau. Il me reçut très-poliment. Il avait devant lui
un papier couvert de figures et de caractères bizarrement
tracés, qu’il considérait avec attention. Il
me le montra, en me disant : « Si vous avez quelque
affaire difficile, je puis la faire réussir avec c e la , cé
que personne me pourrait faire; et si vous avez en
Angleterre quelque ami que vous désiriez voir, vous
n’avez qu’à me dire son nom , el cela le fera venir. »
Je lé remerciai, en lui disant que les Anglais laissaient
toujours à Dieu le soiri de les aider dans leurs
affaires, et que l ’Angleterre était un trop bon pays
.pour que je désirasse le faire quitter à mes amis. Ses
disciples et ses élèves étaient à écrire sur des tables
de bois semblables à celles que M. Park a décrites.
Quand on venait demander un talisman, un de ses
plus anciens élèves en écrivait le corps, et le remettait
ensuite a Baba, qui y ajoutait quelques marques
cabalistiques, puis le pliait d’une manière mystérieuse.
La crédulité des naturels le recevait alors
avec empressement, payait fort cher cette amulette,
et y faisait mettre le plus riche entourage que les
moyens de chacun lui permettaient de se procurer.