fétiche lavait renfiu invulnérable, et qüe les balles
ne font que rebondir sur lui. Aussi son maître qui
a passé presque toute sa vie sur des bâtimens européens
, engage-t-il toujours les étrangers à tirer sur
cet esclave , pour se convaincre par eux-mêmes de
ce qu il en raconte. Son fils fit à cet homme un
présent considérable pour qu’il lui communiquât le
même avantage; 1 ayant obtenu, il voulut en faire
essai sur-le-champ , se fit tirer un coup de fusil,
et eut le petit os du bras cassé. L ’adresse de l’esclave
vint à son secours en cette ocçasion; il déclara que
son fétiche lui avait révélé à l'instant que ce jeune
homme avait eu commerce avec sa femme dans un
moment où les lois du pays le défendaient, et que,
par cette raison, il n avait pas voulu le protéger.
L e fait fut avoué, et le crédit de l’homme invulnérable
n’en souffrit aucunement.
Quand un homme meurt, on tient sa maison fermée
pendant sept jours. Les hommes et les femmes
portent les cheveux des deux côtés de la tête tressés
en nattes serrees qui leur pendent quelquefois au-
dessous des épaules , et dont les bouts sont ordinairement
ornés de grains de diverses couleurs; les
boucles du haut de la tete sont quelquefois réunies
et relevées de manière à former des espèces de
cornes. Les femmes portent des anneaux de cuivre
autour des jambes; les femmes de distinction en ont
depuis la cheville jusqu’au genou. Les esclaves portent
les plus lourds fardeaux suspendus à une large
bande qui leur serre le front.
Naango consiste en une rue large, régulière et
fort propre. Les maisons y sont construites en
bambou , et consistent en un rez de chaussée composé
d’appartemens spacieux et élevés. Les habitans
se couchent sur des lits entourés de rideaux de toile
de bambou, pour écarter les mosquites. Les manières
de la classe supérieure sjant affectueuses et hospitalières;
un Européen peut y séjourner non seulement
avec sûreté, mais avec agrément. Je ne crois pas
que l’ancienne et la nouvelle ville contiennent ensemble
cinq cents habitans. D après les maladies
qui régnèrent à bord de,notre bâtiment, je pensé
que le climat doit en être fort insalubre. L ’épaisseur
et les exhalaisons de l’atmosphère incommodaient
beaucoup plus que la chaleur, qui était très-forte
avant.que la brise de mer se fît sentir, et, dans tous
les temps/bien plus grande que celle que javais
éprouvée sur la Gôte-d’Or et dans l’intérieur. La
langue de l’Empoongoua est la plus douce que j’aie
entendue chez les Nègres. Elle se caractérise par
un redoublement de voyelles qui se prononcent
séparément.
Il n’v existe pas une seulç manufacture; leshabitans
sont, pour tous leurs besoins, dans la dépendance
de leurs voisins de l’intérieur , et les plus industrieux
des bâtimens européens. Ils ne cultivent que très-
peu de grains, et n’élèvent qu’un petit nombre de
chèvres et de volailles. Le cotonnier y croît spontanément.
On fait une bonne teinture noire avec les
bois du manglier et de l’ébénier. On réduit le bois