CHAPITRE V.
Discussion du traité. — Divers incidens qui s’élèvent. —
Fermeté des envoyés anglais, — Signature des articles préliminaires.
Yisite faite au roi à sa maison de campagne.
L e 27 août, je reçus la réponse du gouverneur,
relativement à l ’affaire de Commenda. Il me mandait
que les habitans de ce pays étaient si pauvres qu’il leur
était impossible de satisfaire aux demandes du roi,
et qu ils ne pouvaient lui offrir que cent-vingt onces
d or, à quoi il fallait en ajouter trente qu’ils avaient
été obligés de promettre aux différentes personnes
chargées de négocier cette affaire. Il espérait, ajoutait
il, qu en considération de l ’alliance projetée avec
1 Angleterre, et qui devrait être avantageuse pour
les Aschantes, le roi accepterait cette offre; mais
s il persistait à exiger davantage, je devais solliciter
mon .audience d e . congé et revenir avec les
autres officiers le plus promptement possible.
Avant de parler de 1 effet que cette lettre produisit
, il est bon de remonter à quelques événemeus
antérieurs.
Quamina Boua, notre guide asehante, étant mort
quelques jours auparavant, une superstition ridicule,
mais générale, répandit le bruit que les fétiches
l ’avaient fait périr pour le punir d’avoir introduit des
blancs dans le pays. On vint m’inviter, au nom du
roi> à effacer cette impression en contribuant d’une
once d’or aux frais des funérailles qu’on devait c é lébrer
en son honneur. Je m’y refusai pour deux
raisons. La première, que Quamina Boua avait lui-
même indisposé bien des gens contre nous, en saisissant
leurs provisions, au nom du roi, pour notre
subsistance, et en gardant pour lui l’or que nous lui
donnions pour en payer le prix; la seconde, que
les cérémonies qui accompagneraient les funérailles
étaient contraires à notre religion, et que c’était un
devoir pour nous de ne pas du moins les encourager.
Quinze personnes avaient été sacrifiées la semaine
précédente, aux obsèques de la mère d’un capitaine,
avec des circonstances d’une barbarie révoltante.
Plusieurs personnes de distinction vinrent me demander
de faire venir du Gap-Corse des soieries
qu’elles payeraient lors de leur arrivée à Coumassie;
facilité qu il serait aussi dangereux qu’impolitique
de leur accorder. Je leur fis sentir assez vertement
que j’avais été envoyé, non pas comme marchand,
pour trafiquer avec eux, mais comme officier, pour
traiter d’affaires avec le roi.
Ces deux circonstances et le châtiment personnel
que j’infligeai à quelques capitaines subalternes qui
nous avaient insultés, donnèrent lieu à des rapports
envenimés, qui, sans indisposer précisément le roi