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 Discussion  du  traité.  —   Divers  incidens  qui  s’élèvent. —   
 Fermeté  des envoyés  anglais, —  Signature  des articles préliminaires. 
   Yisite faite au  roi  à  sa maison de  campagne. 
 L e   27  août,  je  reçus  la  réponse  du  gouverneur,  
 relativement à l ’affaire de Commenda. Il me mandait  
 que les habitans de ce pays étaient si pauvres qu’il leur  
 était impossible de  satisfaire  aux  demandes  du  roi,  
 et qu ils ne pouvaient lui  offrir que cent-vingt  onces  
 d or,  à  quoi il fallait  en  ajouter  trente qu’ils  avaient  
 été  obligés  de  promettre  aux différentes  personnes  
 chargées  de négocier cette  affaire. Il espérait, ajoutait 
 il, qu en considération de l ’alliance projetée avec  
 1 Angleterre,  et  qui  devrait être  avantageuse  pour  
 les  Aschantes,  le  roi  accepterait  cette  offre;  mais  
 s il  persistait  à  exiger  davantage,  je  devais  solliciter  
 mon  .audience  d e . congé  et  revenir  avec  les  
 autres officiers le plus promptement  possible. 
 Avant  de  parler  de 1 effet que cette lettre produisit  
 ,  il  est  bon  de  remonter  à  quelques  événemeus  
 antérieurs. 
 Quamina Boua,  notre guide asehante,  étant mort  
 quelques jours auparavant, une superstition ridicule, 
 mais  générale,  répandit  le  bruit  que  les  fétiches  
 l ’avaient  fait périr  pour le punir d’avoir introduit des  
 blancs  dans  le  pays.  On  vint m’inviter,  au  nom du  
 roi>  à  effacer cette impression  en  contribuant d’une  
 once  d’or aux  frais des  funérailles  qu’on  devait  c é lébrer  
 en  son  honneur.  Je  m’y   refusai  pour  deux  
 raisons.  La première,  que  Quamina Boua  avait  lui-  
 même  indisposé  bien  des  gens  contre  nous,  en  saisissant  
 leurs  provisions,  au  nom  du  roi, pour notre  
 subsistance, et en gardant pour lui  l’or  que nous  lui  
 donnions  pour  en  payer  le  prix;  la  seconde,  que  
 les  cérémonies qui accompagneraient les funérailles  
 étaient contraires  à  notre  religion,  et que c’était un  
 devoir pour nous de ne pas du moins les encourager.  
 Quinze  personnes  avaient  été  sacrifiées la semaine  
 précédente,  aux  obsèques  de  la  mère  d’un  capitaine, 
   avec  des  circonstances  d’une  barbarie  révoltante. 
 Plusieurs personnes de distinction vinrent me demander  
 de  faire  venir  du  Gap-Corse  des  soieries  
 qu’elles payeraient lors de  leur arrivée à Coumassie;  
 facilité  qu il  serait  aussi  dangereux  qu’impolitique  
 de  leur  accorder.  Je  leur fis  sentir  assez  vertement  
 que  j’avais  été  envoyé,  non pas  comme marchand,  
 pour  trafiquer  avec  eux, mais comme officier, pour  
 traiter  d’affaires  avec le roi. 
 Ces deux  circonstances  et le châtiment personnel  
 que  j’infligeai  à  quelques  capitaines  subalternes  qui  
 nous avaient  insultés,  donnèrent lieu  à  des  rapports  
 envenimés,  qui,  sans  indisposer précisément  le  roi