
 
        
         
		(  212  ) 
 nages historiques,  excepté de la mère dé Moïse,  assurant  
 que  nul mortel  ne  le  comiaît. Il me  demanda  
 gravement  si  je savais le nom du père d’Aboubéker ;  
 je  répondis que  non.  «  La  plupart  des  Mores  eux-  
 mêmes  l’ignorent,  répliqua-t-il ; mais  comme je suis  
 de  la  famille  de Mahomet,  j’en  sais  dâvantàge  ;  il  
 se nommait Kahabata. » 
 J’appris des Mores de Sarem que les  flèches  dont  
 ils  se servent à la guerre  sont  trempées  dans un poison  
 mortel;  la  moindre  blessure  qu’elles  font  est  
 mortelle.  Us  ramassent  des  queues  de  scorpions,  
 des  têtes  de  serpens  et  les  parties  venimeuses  de  
 tous les  reptiles ,  les mettent'dans  un  pot  avec  différentes  
 substances végétales qu’ils ne  voulurent pas  
 me  nommer;  e t,  plaçant ce,mélange  sur  le  feu  au  
 lever  du  soleil ,  ils  le  font bouillir  pendant  toute  la  
 journée.Durant tout  ce temps, ils ne doivent niboire  
 ni manger;  ils  remuent constamment cette mixtion  
 en  répétant des paroles magiques,  et  en  agitant  des  
 castagnettes de fer, sans quoi le charme serait incomplet. 
  Je  vis sur la  route  de Bantama  une  vieille  sorcière  
 occupée  à  composer  un  de  ces  mélanges.  Je  
 lui  demandai  ce  qu’elle  faisait;  elle  ne  voulut  pas  
 me répondre. Mais  avec  beaucoup  de  grimaces  et  
 de  contorsions,  elle me  dit  de m’en  aller  et  de  ne  
 pas  détruire  1 effet  de  ses  sortilèges.  Tant  que  je  
 restai,  elle attisa le feu, marmottant  je ne sais quelles  
 paroles  entre  ses  dents,  et  agitant  ses  castagnettes  
 avec  violence. 
 Je  m’occupais  sans  cesse  à  rassembler  tous  les 
 (  2 1^  ) 
 renseignemens  possibles  sur  le  Niger  et  sur  son  
 cours.  Tous  ceux  que  je  recueillis  s’accordaient  à  
 lui  donner le Nil pour continuation.  Un  vieux More  
 de Ginnie me  dit,  sans que  je  lui fisse  aucune  question  
 à ce sujet,  que,  durant son  séjour à Askandérie  
 (Alexandrie),  il  y   avait  vingt-six  ans,  il  avait  vu  
 une bataille  navale  à  l’embouchure  du  N il; l ’un des  
 vaisseaux  avait  sauté  avec  une  explosion  terrible;  
 c’était  sans doute la  bataille  livrée par Nelson. Q uoiqu’il  
 y  ait  dans la date  une erreur de sept ans  ,  il est  
 impossible  que  cet  homme  ait  inventé  une pareille  
 histoire.  I l  ajouta  qu’étant  retourné  à  Masser  (au  
 grand  C a ire ), les  armées  européennes  s’avancèrent  
 vers  cette ville;  que  la  première  armée prenait  sans  
 payer  tout  ce  dont  elle  avait  besoin  ;  mais lorsque  
 la  seconde armée  européenne  et  l ’armée  turque  se  
 furent  emparées  de  la  v ille ,  les  soldats  payaient  
 tout  ce  qui  leur  était  nécessaire.  Tous  les M o re s ,  
 ajouta-t-il,  reçurent  l ’ordre  de  se  retirer dans  un  
 quartier  particulier de Masser et de ne  pas se mêler  
 aux  soldats ,  ce  qui  se  rapporte  aux  détails donnés  
 par  sir Robert  Wilson  dans  sa  relation  de  la  campagne  
 d’Egypte. 
 Ayant montré à ce vieillard un cachet représentant  
 la  colonne de Pompée,  il me dit qu’il la connaissait.  
 Il  était  venu  de  Ginnie  à  Masser  sur  un  djoma  
 (chameau)  ;  il  traça une  carte du  Quolla et du N il,  
 depuis  l’embouchure  du  premier  jusqu’à  l’endroit '  
 où  le Nil  se  jette dans la mer  à Alexandrie.  Un  seul  
 point  ne  s’accorde pas avec  la  relation  de  M.  Park.