sa dette en o r , Apokou décida qu’au lieu des seize
onces d’or dont il était redevable, il donnerait vingt
esclaves mâles. Plusieurs capitaines, qui étaient ses
partisans, venaient souvent aux audiences avec leur
suite, ce qui les rendait très-brillantes. Avant que
le fou tou rh ou coffre dé la trésorerie soit ouvert
par le peseur, quand même ce serait par ordre du
r o i , il faut «qu’Apokou le touche de la main en
signe d’approbation.
Dans tous les procès publics, les chefs d’accusa-
lion sont rapportés sommairement au criminel par
les interprètes du roi. L ’accusé se défend alors, il est
obligé de répondre successivement sur tous, les
points et de faire tous les sermens d’usage avant
d’être confronté avec les témoins dont on s’efforce
de lui cacher l ’existence jusqu’au moment où ils
paraissent devant lui pour le confondre. Les sermens,
quelquefois au nombre de quatre ou cinq ,
sont progressifs et'commencent généralement par
le pied du roi ou quelque autre formule arbitraire ;
les premiers ne sont regardes ni comme terribles
ni comme décisifs. Mais lorsqu on demande le serment,
ci par le père du ro i, » tout le monde prend
un air grave ; et si l’accuse jure <vpar Cormanlie et
Samedi , » il règne un silence morne ; mais ce dernier
serment est rarement requis, si les témoins
que l’on fait entrer avec une sorte d effet théatral
entre ce serment et les précédées > parviennent à
confondre ou à embarrasser l’accusé.
Les accusés subissent différentes épreuves pour
faire connaître s’ils sont coupables ou innocens ;
pâr exemple, il faut qu’ils sucent deux ou trois fois
le sang dune pou le, ou bien qu’ils boivent sans
tousser le suc d’ une plante nauséabonde. Si l’ac-
cusé sort triomphant de l’épreuve , il est marqué
avec de la craie par les interprètes, puis il salue et
remercie tous les grands du conseil. Ces épreuves
sont regardées comme infaillibles, et l’on y a recours
toutes les fois que le'cas paraît trop embarrassant
pour être soumis à la décision des hommes.*
On met aussi l’écorce d ’un certain arbre dans une
grande calebasse avec de l ’eau, où 011 la laisse infuser
quelque temps. On remue la potion pendant
que les accusés en boivent tour à tour quelques
gouttes; 1 effet en est subit, et elle, opère comme
le plus violent émétique. Ceux qui boivent les premiers
échappent quelquefois , et souvent on réserve
à dessein la lie pour ceux des accusés qu’on suspecte
le plus ( i). 1
Les crieurs, au nombre de plus de cent , qui accompagnent
toujours les interprètes, sont tous défigurés
ou estropiés , afin d’être plus remarquables.
- Ils portent sur la tête un bonnet de peau de singe
dont la queue pend par derrière; sur le devant il est
couvert d’une plaque d’or. Leurs cris ordinaires sont :
tehou ! tehing! odiddie ! silence ! paix ! écoutez ! ils
(1) Dans le Ouarsâ, il y a , dit-on, un poison plus terrible
appelé sabé. Si l’on en jette sur la peau, à peine,est-il absorbé
par les pores , qu’il produit un effet aussi meurtrier et presque
aussi sublil que s’il était pris intérieurement.