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 pies que nous vîmes  de  sa  générosité  et  les  circonstances  
 dans lesquelles  elle s’exercait,  m’autorisent  à  
 attribuer ce  sentiment  à  sa  bonté  naturelle.  Son  admiration  
 pour  les  inventions  nouvelles,  plus  ingénieuses  
 que  brillantes,  a  pu  souvent  lui  donner  un.  
 air  de  cupidité  que  le motif'rendait  excusable.  Lux  
 offrir les bagatelles qui attiraient  son  attention  lorsqu’il  
 venait nous v o ir ,  c ’était  l’offenser ; il nous disait  
 que nous devions seulement lui permettre de les examiner, 
   ef répondre  à  ses  questions.  Lui  offrir  des  
 présens lorsque nous en recevions une audience particulière, 
   c ’était supposer un  motif intéressé à l’honneur  
 qu’il  nous faisait,  et  qu’il  ne  nous  accorderait  
 plus,  si  nous  n’avions  pas plus  de  respect  pour  sa  
 dignité  et  pour  son  amitié.  Il  est  d’ailleurs  capric 
 ieu x,  et  la  libéralité  de ses  sentimens  est  obscurcie  
 par  ses  préventions  contre  tel  ou  tel  individu.  I l  
 avoue  lui-même  qu’il  ne  peut  s’en  rendre  raison.  Il  
 s’est  montré  d’une  sévérité  injuste  envers  les  chefs  
 qui  jouèrént le  principal  rôle  dans  la  déposition  de  
 son  frère, parce que,  jaloux des droits de la royauté,  
 il  désapprouve  en  secret cette démarche. 
 Souvent  son  humanité  l ’emporte  sur  sa  superstition  
 et sa politique;  il a offensé Qualchi-Quofie, l’un  
 des  quaii’e  membres  du  conseil  aristocratique,  en  
 limitant  les  sacrifices  humains  aux  funérailles  de sa  
 mère ; il a résisté à toutes les importunités,  et, malgré  
 la  coutume,  il n’a pas  voulu qu’on  immolât un nombre  
 de  victimes plus grand  que  celui  qu’il avait fixé. 
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 II  nous  congédia  deux  fois,  en  s’excusant  de  ne  
 pouvoir  nous  accorder  audience.  La  première  fois,  
 il allégua pour motif qu’il  s’était mis dans une grande  
 colère  après  nous  avoir  envoyé  chercher,  et  qu’il  
 n’avait  pas  encore  recouvré  son  sang  froid  ;  la  se—  
 conde,  il  nous  dit que  des  nouvelles  agréables  l’avaient  
 porté  à  boiie plus qu’il ne convenait  pour entendre  
 des  discours  aussi  importans  que  les nôtres. 
 Quand  il  rend  la  justice,  il  aggrave  la  peine  du  
 coupable qui commet  un mensonge;  un aveu sincère  
 atténue  ordinairement la faute et  en  fait même quelquefois  
 obtenir le pardon.  Il cherche toujours  à prévenir  
 le parjure  toutes  les  fois  que  des preuves  convaincantes  
 doivent être opposées  à  l ’accusé.  Ses maniérés  
 offrent  un  heureux  mélange  de  dignité  et"  
 d’affabilité,  et  sont  tout  à  la  fois  nobles  et  engageantes. 
   Il parle bien ,  et avec  plus  de  logique  que  
 la  plupart  des  membres  de  son  conseil,  qui  sont  
 diffus  dans  leurs  discours,  mais  il  excelle  surtout  
 à  interroger avec  adresse pour  approfondir  ce qu’il  
 veut Savoir..  Il  est  d’une  politesse  remarquable,  et  
 paraît  aimer  à  s’instruire.  La  guerre,  la  législation  
 ét les arts mécaniques étaient les  sujets  de  conversation  
 qui  lui  plaisaient  le plus.  Son  plus grand défaut  
 est son  ambition.  Je  ne  crois pas  cependant  qu’elle  
 lui ait jamais  fait manquer à  l’honneur, quoique peut-  
 être la justice en ait quelquefois souffert. Je n’ai tracé  
 cette  esquisse de  son  caractère que d’après mes  observations. 
  L ’histoire d’Agay.,  son second interprète,  
 pourra servir à  le développer.